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France. Capitalisme | Bernard Arnault, comme au temps de la plantation coloniale ?

France. Capitalisme. Bernard Arnault, comme au temps de la plantation coloniale ?

France. Capitalisme | Bernard Arnault, comme au temps de la plantation coloniale

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Paris. Lundi 26 décembre 2022. CCN Ce n’est un mystère pour personne, le milliardaire Bernard Arnault a été l’un des soutiens, pour ne pas dire des sponsors, du président de la république, Emmanuel Macron. Arnault a multiplié les dîners avec le couple Macron pendant la campagne présidentielle de 2017. La collusion entre les deux parties est si serrée que l’on doit probablement l’intronisation de Marlène Schiappa au gouvernement à sa relation privilégiée avec le milliardaire – ou, devrions-nous dire, à sa relation de babysitting. Marlène Schiappa, un talent qui nous aurait tant manqué ! 

L’analyse de Dimitry Lasserre

La méritocratie est un concept central au sein du discours idéologique bourgeois. On ne punit pas le mérite, on ne taxe pas (plus) le mérite ; au contraire, on le valorise, on l’exalte. Mais ce mérite demeure très abstrait. Car, quand il s’agit de savoir qui sont les méritants, et comment leur mérite s’est déployé dans leur carrière, un voile mystérieux est jeté à nos yeux, et l’information reste difficile d’accès. C’est une chose d’acclamer un milliardaire qui doit sa réussite à son mérite. C’en est une autre de détricoter les moyens concrets qu’il a mis en œuvre pour acquérir sa fortune, moyens auxquels on donne abstraitement, et naïvement, le nom de « mérite ». Le mérite comme explication.

Inutile de retracer la biographie des amis d’Emmanuel Macron pour donner corps à leur mérite abstrait. Il suffit, pour ce faire, de braquer nos regards sur leur patrimoine.

Le patrimoine actuel de Bernard Arnault est estimé à 180 milliards de dollars.

Un dollar vaut à peu près un euro. Pour faciliter le raisonnement, considérons que ce patrimoine vaut 180 milliards d’euros. De même, nous raisonnerons en euros standard de pouvoir d’achat, ce qui permet de lisser les effets de la variation du niveau des prix dans le monde. En standard de pouvoir d’achat, ces 180 milliards d’euros valent approximativement 162 milliards d’euros. Dans le monde, le revenu moyen en standard de pouvoir d’achat par habitant s’élève environ à 18600 euros.

Question simple : combien d’êtres humains y a-t-il dans un seul Bernard Arnault ?

Il suffit de faire une division. Une fois faite, on s’aperçoit que le patrimoine de Bernard Arnault équivaut à la production de 8,7 millions d’être humains moyens. Pour expliquer ce succès spectaculaire, deux hypothèses :

1) Bernard Arnault est doté de super pouvoirs qui lui permettent d’être huit et millions et demi de fois plus productif qu’un humain moyen ;

2) Bernard Arnault a trouvé un moyen d’accaparer la production d’autrui. Pas plus l’analyse scientifique que la réflexion philosophique n’aiment recourir à des explications magiques. La raison en est simple : elles ne constituent pas des explications à proprement parler. Laissons donc de côté la première hypothèse et préférons-lui la deuxième, bien plus vraisemblable – bien plus explicable.

Le moyen par lequel Bernard Arnault confisque la production d’autrui est bien connu : il est propriétaire de moyens de production. Ainsi, il peut contraindre ceux qui n’en sont pas propriétaires à travailler pour son compte. A ceux-là, il verse un salaire inférieur à la valeur économique qu’ils créent. La différence entre la valeur économique créée et le salaire constitue le profit de Bernard Arnault. De plus, le milliardaire possède un patrimoine immobilier conséquent, grâce auquel il peut capter des loyers ; c’est-à-dire une partie du revenu des salariés, revenu acquis par le travail. Il ne faut pas non plus négliger les revenus acquis par la spéculation, qui implique des opérations financières dans lesquelles les êtres humains réels sont, au mieux, considérés comme des variables d’ajustement. Bernard Arnault ne travaille pas : il amasse.

Les propriétaires d’esclaves, que ce soit en Grèce antique ou, plus récemment, aux Antilles, n’avaient ni yacht, ni jet privé, ni chauffage électrique, ni tout le confort dont disposent aujourd’hui les milliardaires

Le problème n’est pas tant que les technologies nécessaires au développement de ces marchandises n’existaient pas, mais que, même si elles avaient existé, aucun propriétaire d’esclaves n’aurait pu se les offrir. Mais, heureusement pour la classe des esclavagistes, le progrès technique a permis de formidables gains de productivité ; et en même temps qu’on fabriquait des yachts, on fabriquait les machines qui permettaient de rendre l’exploitation plus efficace, de l’étendre à des échelles plus larges, de sorte que les détenteurs des moyens de production purent, au fur et à mesure, s’offrir des marchandises de plus en plus coûteuses.

Tout au plus, la plantation coloniale abritait quelques dizaines, quelques centaines, peut-être d’esclaves. On est loin des presque neuf millions de serviteurs de Bernard Arnault. Car c’est bien de cela dont il s’agit. Si Bernard Arnault ne doit pas sa fortune à son propre travail (ce qui est impossible matériellement), il la doit nécessairement au travail des autres. Les esclavagistes ponctionnaient directement le travail de leurs esclaves, qui n’avaient ni droits, ni salaires

Dans le capitalisme, le bourgeois (celui que l’idéologie nomme « chef d’entreprise ») accapare une partie du travail, partie non rémunérée sous la forme de salaires (ce que Marx appelle le « surtravail » ; le travail pour le profit de celui qui ne travaille pas). Par conséquent Bernard Arnault, c’est l’esclavagisme à très grande échelle. C’est l’esclavagisme mondial. On ne prend pas trop de risques en pariant sur le fait que nombres de maîtres d’esclaves aux dix-septième et dix-huitième siècles, auraient rêvé de disposer de neuf millions d’âmes, toutes dévouées à leur service.           

La vie de 9 millions d’êtres humains.

On trouvera peut-être l’analogie douteuse, ou exagérée. Mais elle ne l’est pas. En captant le revenu de 8,7 millions de personnes, Bernard Arnault accapare autant de temps de travail nécessaire à la production des richesses dans laquelle ces personnes sont engagées. Pour gagner le même revenu, les êtres humains pourraient travailler beaucoup moins longtemps. S’ils travaillent autant, c’est pour entretenir le train de vie de quelques capitalistes, qui disposent de tout le temps libre pour gérer et utiliser la recette de leur extorsion. Bernard Arnault possède la vie de près de neuf millions d’êtres humains.

 

Revenons au début. Bernard Arnault a non seulement sponsorisé la campagne du président Macron, mais il s’est assuré que celui-ci bénéficie d’une couverture médiatique pour le moins hagiographique. Macron, ce jeune homme, beau et dynamique, plein de projets : l’avenir de la France en somme.

 

Ce récit, ce sont les médias, possédés, entre autres, par Bernard Arnault, qui l’ont vendu.

 

Pourquoi Bernard Arnault aurait-il voulu de Macron comme président si Macron avait dû desservir ses intérêts ?

 

Pourquoi aurait-il pris en charge sa publicité ?

 

La raison est simple : Macron est un maillon de la chaîne de l’esclavage moderne. Il utilise le pouvoir politique afin d’assurer la pérennité de la classe bourgeoise, qui peut à loisir confisquer l’existence de millions d’êtres humains. Un des indices les plus frappants est que, justement, il n’est jamais fait mention de la classe bourgeoise dans les discours du président. Les bourgeois ne sont jamais la cible de politiques coercitives. L’exécutant (exécutif ?) ne mord jamais dans la main du néo- esclavagiste qui le nourrit.

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