Pointe à Pitre. Vendredi 11 décembre 2020. CCN. Doit-on penser que le jeune cinéma guadeloupéen naissant soit en train de faire une entrée plus que marquée et remarquable sur nos écrans ? En dépit de la pandémie « les rencontres cinéma », telles que « Cinéstar International film Festival » ou le « Festival Monde en vues » ont permis de livrer aux yeux de spectateurs de véritables pépites. Il faut aussi signaler que depuis qu’existe le « fonds Canal+ Région Guadeloupe », les courts métrages et documentaires réalisés par nos cinéastes sont à la fois financés par la Collectivité puis diffusés sur le réseau de la chaine cryptée. Pour la saison 2020, a une exception près, la récolte a été très bonne. À suivre !
1 « TiMoun aw » de Nelson Foix sorti au mois de septembre au Cinéstar International Film Festival (CIFF) a été l’une de ces révélations. Ce court-métrage tourné dans les quartiers de la zone urbaine de Pointe à Pitre raconte l’histoire de Chris, un jeune confronté malgré lui à la garde de son bébé. Le film qui dure une vingtaine de minutes est d’une grande intensité. Nelson Foix a su créer, grâce à des images de très grande qualité et un montage très dynamique, une ambiance qui confère à son film un niveau exceptionnel. Il a d’ailleurs été récompensé par le jury du CIFF. Un film à re-revoir
2. « Mortenol » de julien Siloray, a été LE grand moment du CIFF. Ce court-métrage lui aussi tourné et réalisé dans une cité pointoise (Mortenol) est vraiment LE chef d’œuvre de ce jeune cinéma guadeloupéen. Siloray a su restituer avec un réalisme qui mérite d’être souligné la vie de ces jeunes dans ce quartier difficile. Les dialogues 100/100 en créole, l’action qui vous tient en haleine jusqu’à la fin font de ce film un vrai bijou. Le Mortenol Julien Siloray de notre point, vue autant que « Ti Moun a w », méritait d’être lui aussi primé au CIFF. C’est un curieux « loupé » du public du CIFF. Celui des Césars plus impartial a rendu justice à « Mortenol » qui a été nominé. Film à voir et à revoir.
3. « Pawol de nègres » de Sylvaine Dampierre. La réalisatrice guadeloupéenne que nous avions découvert, avec « Le pays à l’envers » a voulu cette fois traiter d’une page de notre histoire le procès d’un africain réduit en esclavage quelques années avant « l’abolition ».
Le film diffusé lui dans le cadre de la 7ème Edition festival « Monde en en vues » retient l’attention, davantage par la qualité exceptionnelle des images que par l’histoire de l’histoire. En effet le film très bavard, traîne parfois en longueur et s’essouffle. Mais « Pawol de nègres », est tourné entièrement à Marie Galante dans une usine à sucre. L’exploit de sylvaine Dampierre a été de « transformer » pour son film de simples ouvriers de l’usine de Grande-Anse, (sur le lieu de la véritable histoire) d’aujourd’hui, en « esclaves » d‘une époque révolue. Sur ce plan aussi le film est réussi et sans toutes ces longueurs, il aurait été davantage apprécié. Un documentaire historique à voir.
4. « Mauvais choix », Film de Daniel Kichanassamy (Kichena). Pour son tout premier film ce jeune réalisateur a au moins réussi un bon choix, en rassemblant pour son film un casting d’enfer : toute la fine fleur des artistes de la scène du Dance Hall : Admiral T, Misyé Sadik, Little espion, Were Vana etc…
Mais hélas, cela n’a pas suffi, pour faire de « Mauvais Choix » une œuvre magistrale. Car il aurait fallu des images plus claires, des cadrages plus précis, un montage moins approximatif, un scénario plus élaboré et surtout une vraie direction d’acteurs (Misié Sadik est peu convaincant dans le rôle d’un bad boy !). Au total, ce film cumule toutes les erreurs d’un autodidacte. Mais il a tout de même le mérite d’exister, donc on ne peut que souhaiter que le réalisateur fasse pour le prochain, un vrai « bon choix ».
En résumé le titre de film est pour l’heure la meilleure indication sur son contenu. A voir mais …pas à revoir