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Guadeloupe. Colloque « Regards croisés Algérie, France, et  Antilles »

Guadeloupe. Colloque « Regards croisés Algérie, France, et  Antilles »

Pointe à Pitre .Mardi 15 avril 2025. CCN Cet événement a offert une plateforme exceptionnelle pour une réflexion approfondie sur la transmission des mémoires entrelacées à partir du vécu des territoires colonisés. Il a permis d’explorer les silences qui entourent ces événements, tout en analysant leurs résonances profondes au sein des sociétés postcoloniales contemporaines. Le Conseil départemental, partenaire des rencontres mémorielles autour de la guerre d’Algérie et de l’esclavage, poursuit son engagement en faveur de la préservation et transmission des mémoires.

L’analyse de Carine Romain

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Les 11 et 12 avril 2025 à l’Université des Antilles en Guadeloupe s’est tenu le colloque « Mémoires et politisation : regards croisés Algérie, France, Antilles » organisé en partenariat avec le Conseil départemental de la Guadeloupe. Cet événement a été porté par  Karine Sitcharn, historienne et sociologue Guadeloupéenne , Docteure en Histoire, diplômée de l’École normale supérieure de Paris, de l’École des hautes études en sciences sociales et chercheuse associée au laboratoire le CREDDI de l’Université des Antilles. Il a réuni des chercheurs et écrivains de renommée internationale, des politiques et citoyens engagés pour explorer les mémoires partagées de l’Algérie et des Antilles, sous un angle commun d’émancipation et de dignité.

Après la conférence inaugurale du colloque à l’Amphithéâtre Lepointe au  Campus universitaire de Fouillole, trois panels ont permis de réfléchir sur les enjeux de la mémoire en Guadeloupe, en Algérie et la reconnaissance de l’esclavage : 

  • Panel 1 : L’œuvre de mémoire, enjeux et stratégies en Guadeloupe, Algérie et dans la reconnaissance de l’esclavage
  • Panel 2 : La relation à l’Algérie, un nœud mémoriel
  • Panel 3 : Les Antilles, lieu de mémoires vives, entre guerre d’Algérie et mémoire de l’esclavage

Notons aussi en marge du colloque, l‘inauguration d’une phonothèque dédiée à la mémoire des anciens combattants guadeloupéens de la guerre d’Algérie, parrainée par l’historien Benjamin Stora, Historien français spécialisé dans l’Algérie, de la colonisation à l’indépendance.

Ce colloque visait donc à transmettre donc les mémoires croisées de ces deux drames historiques, à explorer leurs silences et à analyser les stratégies de mémoire en Guadeloupe, Algérie et dans la reconnaissance de l’esclavage.

Les questions liées à la mémoire collective, à l’identité et à la politisation des événements historiques dans le contexte des Antilles ont fait l’objet d’échanges entre le public et  les chercheurs, universitaires et acteurs sociaux présents pour discuter de la manière dont la mémoire historique influence les dynamiques politiques, sociales et culturelles. Des thèmes tels que la colonisation, l’esclavage, les luttes pour l’émancipation, les réparations et la façon dont ces histoires sont interprétées et commémorées aujourd’hui ont été largement abordés.

Trois points clés à retenir des panels : 

  • Transmission des mémoires avec une mise en lumière de la transmission des mémoires croisées de la guerre d’Algérie et de l’esclavage, en explorant leurs silences et en analysant leurs impacts sur les sociétés contemporaines.
  • Nécessité d’une œuvre de mémoire avec une analyse des enjeux et des stratégies de l’œuvre de mémoire en Guadeloupe, en Algérie et dans la reconnaissance de l’esclavage.
  • Valorisation des mémoires vives pour démontrer que nos territoires sont des lieux de mémoires où les souvenirs de la guerre d’Algérie et de l’esclavage restent particulièrement présents et influents.

Focus sur le panel 3 : « Les Antilles, lieu de mémoires vives, entre guerre d’Algérie et mémoire de l’esclavage » 

Ce panel, présidé par l’universitaire  Sébastien Mathouraparsad, a exploré comment les Antilles constituent un lieu où les mémoires de la guerre d’Algérie et de l’esclavage sont particulièrement vivaces. Les discussions ont abordé la manière dont ces mémoires influencent la société antillaise contemporaine et les défis liés à leur transmission et leur reconnaissance.

Les intervenants ont mis en avant les différentes façons dont ces mémoires sont transmises et préservées. On observe qu’il existe une intersection des mémoires . La mémoire de la guerre d’Algérie et la mémoire vis-à-vis de l’esclavage se rejoignent dans le contexte antillais et les récits de ces deux événements s’entremêlent. Les souvenirs de la Guerre d’Algérie et de l’esclavage s’entrelacent, notamment en raison de l’implication des natifs de nos pays  durant la guerre d’Algérie, qui sont également porteurs d’une mémoire collective des populations asservies, une histoire fréquemment négligée dans les narrations françaises..

Il est donc primordial d’accompagner la construction d’une mémoire collective qui tient compte à la fois des traumatismes de l’esclavage et des luttes pour l’émancipation dans le cadre de la guerre d’Algérie, notamment en facilitant le questionnement. Comment ces mémoires sont-elles perçues au sein des communautés ? Comment sont-elles perçues dans les dynamiques sociales et politiques actuelles aux Antilles ?

Un aspect essentiel de toute mémoire reste sa transmission aux générations suivantes notamment à travers l’éducation, la culture populaire, les médias, le sport, les arts et les activités commémoratives. Les omissions liées à l’enseignement de l’histoire coloniale et de l’esclavage dans les programmes éducatifs ont un impact sur l’appropriation du passé. Les défis de la transmission, en particulier face à l’érosion des témoignages directs, rendent cruciale la préservation des récits historiques à travers des initiatives éducatives et culturelles.

Les débats ont aussi porté sur le combat pour la reconnaissance officielle des mémoires de la guerre d’Algérie et de l’esclavage. Cela inclut la question des lieux de mémoire, des efforts pour les intégrations de « cette histoire » dans les programmes scolaires et des réparations.  L’impact sur l’identité de nos peuples n’est pas neutre car ces mémoires influencent les discours sur la race, la culture et les mouvements sociaux actuels.  Ces mémoires jouent un rôle important aussi dans les mouvements sociaux contemporains notamment dans le cadre des luttes pour la justice sociale, l’égalité raciale ou la réparation des injustices historiques. 

La réflexion sur l’influence de ces mémoires, sur les mobilisations politiques et sociales actuelles est probablement cruciale pour comprendre les dynamiques contemporaines et les revendications identitaires.

Au-delà d’une simple rétrospective, cet événement a introduit une invitation à la clairvoyance historique : aborder la guerre d’Algérie depuis la Guadeloupe, c’est rappeler que les Antilles n’ont pas été marginales dans ce conflit, mais bien au cœur de ses paradoxes – mobilisées, impliquées, parfois négligées.

Le colloque a permis de croiser les perspectives sur les mémoires partagées de l’Algérie et des Antilles, en mettant en lumière les défis de la transmission et de la reconnaissance de ces mémoires. Il a également mis en avant l’importance du travail de mémoire dans la construction des identités contemporaines et dans la promotion de l’émancipation et de la dignité, ouvrant ainsi la voie à un avenir plus conscient et harmonieux.

Carine Romain

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