Guadeloupe. Politique. Ce que veut vraiment Guy Losbar
Basse-Terre-Capitale. Mardi 11 juillet 2023. CCN. Visiblement, le Gouvernement Français, Macron et plus particulièrement : ses ministres : Borne, Carenco (lonial), et Darmanin, confirment par leur attitude qu’ils se sentent peu ou pas vraiment concernés par les problèmes sociaux, économiques, des “Dernières Colonies Françaises” de la Caraïbe. En effet, le fameux CIOM (Comité Interministériel des “Outre-mer”) qui aurait dû se tenir le 03 juillet 2023, avait déjà été repoussé au 06 juillet. Les émeutes et révoltes qui ont suivi la mort du Jeune Nahel, ont fourni une occasion supplémentaire au pouvoir français de repousser aux calendes grecques ce CIOM. Au moment où nous rédigeons cet article, aucune date précise n’est proposée. Les principaux concernés, c’est-à-dire la classe politique guadeloupéenne dans son ensemble, est quasiment muette sur ce recul : silence radio ! Mais Les deux exécutifs majeurs de notre pays n’ont visiblement pas la même lecture de la situation actuelle ; Ary Chalus, président de Région, est pour l’heure, en mode “wait and see”, car pour lui, la vraie date c’est celle de son futur procès prévu aux premiers jours d’octobre. Si le tribunal applique avec rigueur la loi, Chalus pourrait être rendu inéligible et démis de ses fonctions actuelles. Des spéculations très politiciennes, voire fantasmées, sur son éventuel remplacement sont dans l’air. Est-ce pour cela que la Région semble être à l’arrêt ? Du côté du Conseil Général et de son président Guy Losbar, la vision est toute autre… En effet, il y a de cela quelques semaines, un congrès des élus s’est tenu à Basse-Terre. L’objectif majeur de cette énième réunion était “d’orienter” l’ensemble des élus présents, sur la voie d’une possible Assemblée Unique”. En amont de multiples Forums Citoyens ont eu lieu dans diverses communes. Il s’agissait de prendre la température du peuple Guadeloupéen et d’annoncer la couleur. Guy Losbar, Président du Conseil Général De la Guadeloupe, Président de la CANBT*, et aussi ̈Président du GUSR* est en marche pour le changement. il y croit vraiment, il l’a dit à CCN : Interview exclusive.
CCN : Qu’attendiez-vous du CIOM ?
Guy Losbar : Pour moi, le CIOM c’est la possibilité de rendre les politiques publiques plus efficaces. J’ai souvent dit et répété que je veux qu’il y ait un vrai partenariat avec l’État français, et que les choses ne nous soient pas toujours imposées. Mais pour y arriver, nous devons être dans une démarche de responsabilité. Il faut que nous soyons en mesure d’aller chaque fois un peu plus loin dans la responsabilité. On l’a bien vu au niveau de la santé, on le voit aussi dans les politiques publiques. Au congrès nous avons fait 153 propositions, nous imaginons bien qu’elles ne seront pas toutes retenues. Par exemple, dans le secteur de la santé, nous affirmons qu’il faut un dépistage systématique du cancer de la prostate, dès la quarantaine.
En ce qui concerne la biodiversité, nous disons aussi, qu’il est anormal que nos forêts soient encore gérées par l’ONF, alors qu’en France, ce sont les Départements qui en ont la gestion.
Toutes ces propositions que nous portons, ont pour but d’améliorer les politiques publiques.
Pour ce qui est du CIOM, il y a un second volet qui concerne l’évolution institutionnelle.
Ainsi, je le dis à titre personnel, mais le congrès l’a aussi validé : nous pensons que 2 collectivités majeures, plusieurs communautés d’agglomération pour un territoire de moins de 400.000 habitants, c’est trop. Il faut rationaliser tout cela, les faire fusionner pour en avoir ainsi, moins. Mais ce n’est pas une simple démarche administrative, il faudra aussi des compétences que nous devrons exercer dans notre pays, par exemple, en matière de fiscalité…
CCN : Justement, comme vous le savez l’Etat Français veut depuis très longtemps supprimer l’Octroi de mer.
Guy Losbar : Effectivement, il veut le supprimer ou le modifier. On nous faisait croire que cela venait de l’Europe, mais on s’aperçoit en fait, que c’est la France elle-même qui veut nous enlever l’Octroi de mer, mais tout dépendra de notre vigilance. Vous savez : “Nou ka Bèf ka janbé la bayè ba” ! Nous ne devons pas nous mettre en situation d’infériorité et de faiblesse. Et je le dis il faut que chaque guadeloupéen, qu’il soit politique ou chef d’entreprise soit en situation de responsabilité.
CCN : Est-ce à dire que la “domiciliation du pouvoir” dont vous êtes avec le GUSR, le porte étendard est une forme d’autonomie pour la Guadeloupe ?
Guy Losbar : Oui, la domiciliation du pouvoir, c’est une forme d’autonomie, car cela nous permettra d’être en mesure de prendre nous-mêmes nos décisions. Par exemple, si nous voulons construire tel ou tel bâtiment, la DEAL peut clairement s’y opposer. Sur la question du littoral, là aussi il y a des problèmes. Au niveau de l’urbanisme, de l’aménagement du territoire guadeloupéen, nos collectivités doivent avoir une marge de manœuvre beaucoup plus étendue, il existe encore trop de disparités. En fait, ce que nous voulons, c’est que les constructions, les aménagements soient tous en phase avec la réalité de notre pays. C’est pour moi, pour nous, un combat essentiel.
CCN : Un congrès est prévu dans les mois à venir, (6 mois ou peut-être davantage). Pensez-vous rencontrer les organisations nationalistes avant ce congrès et leur donner la parole
Guy Losbar : Je vous le dis, tout le monde a droit à la parole. Vous le savez, nous avons organisé des forums citoyens, nous avons demandé à toutes les organisations politiques leurs contributions, ainsi à l’occasion du prochain congrès, nous diffuserons ces contributions.
Et maintenant que nous entrons dans la seconde phase, c’est-à-dire celle de la fusion de la Région et du Département, nous devons savoir ce que nous voulons y mettre. Il y aura des consultations. Aussi, au lendemain du congrès, j’ai organisé une réunion avec des juristes, des politologues, des universitaires, des économistes, Je pense à Alain Maurin, Julien Merion, etc… Je me devais de leur dire que nous passons dans une autre phase, qu’ils doivent eux aussi y apporter leur contribution. Vous savez, on peut avoir une volonté politique, sans être pour autant un technicien, un fiscaliste, un constitutionnaliste…pour réussir le changement que nous souhaitons, nous devons y associer notre peuple, et susciter son adhésion.
CCN : Vous ne m’avez pas clairement répondu, lors du prochain congrès, les Nationalistes/Indépendantistes/Autonomistes auront-ils la possibilité de s’exprimer ?
Guy Losbar : Je vous le redis haut et fort : TOUT LE MONDE pourra s’exprimer ! Mais Il faut tout de même se rappeler que ce congrès c’est d’abord le congrès des élus”, donc les participants sont des élus : des maires, des parlementaires, des conseillers régionaux etc… mais cela n’empêchera pas qu’il y ait tout un ensemble de forums, de réunions, de manière à ce que tous les courants d’opinion puissent y donner leurs positions et se concerter…
CCN : L’inauguration récente du CIRP c’est un nouveau message fort dans le domaine Culturel ?
Guy Losbar : Oui, car en tant que Président du Conseil Départemental, je tiens à, mettre les budgets conséquents pour l’équipement mais aussi pour accompagner les artistes, les spectacles, de manière à ce la Culture puisse nous permettre de rayonner, car trop souvent, la culture est considérée dans les politiques publiques, comme accessoire, comme de l’animation, or pour moi, la Culture, c’est fondamental, c’est essentiel, et pour cela, il faut y mettre les moyens nécessaires…
Ainsi, au CIRP (Centre International René Philogène), nous avons investi 5 millions sur un studio où les jeunes pourront se produire et où il y aura aussi de l’apprentissage. Il nous faudra des personnes crédibles, des professeurs parmi les plus connus, mais il y aura aussi d’autres profs qui vont intervenir, car je souhaite qu’il y ait ici, de la création, et pas uniquement de la diffusion.
Dans ce CIRP, toutes les disciplines sont exercées, et au-delà de ces apprentissages nous voulons aussi labelliser. Nous devons dans notre pays, tendre vers l’excellence. Si vous êtes un peintre, un artiste, un musicien de haut niveau, avec les moyens numériques existants, cela doit se savoir au niveau mondial, et ainsi permettre d’affirmer notre identité guadeloupéenne.
CCN : Asi poblém a drapo Nasyonal Gwadloupéyen-la, ka w ka di
Guy Losbar : Drapo la, nou mété y, é nou di nou kay met on “Commisison” ki ké kabéché si sa. Ni drapo la, ni osit Im la é tout sé biten la sa…. kalanswa pep-la, péyi-la, téritwa-la, l fo i ni dé “marqueurs”, ki ka fè ou pé di ou sé on gwadloupéyen… an ka palé osit de idantité-la, de mès é labitid an nou, ki fè lè on moun wwè i pé di :sa sé on Gwadloupéyen é drapo-la kay an sans la sa !