Gosier – Pointe-à-Pitre – Saint-Claude – Trois-Rivières… Nous sommes à environ 3 mois des prochaines municipales prévues pour le mois de mars. Un peu partout, les futurs candidats se préparent activement. Les maires (ou futurs ex-maires) des 4 communes que nous avons retenues pour ce 1er focus sont eux aussi “en mouvement”. Ces élections se déroulent dans une Gwadloup pas très apaisée. Les problèmes récurrents que sont : l’eau, la violence, le coût de la vie, le réel désamour des citoyens à l’égard de la classe politique, l’instabilité du gouvernement français, pèseront à coup sûr sur ces élections.

Pourtant, traditionnellement, les consultations municipales — sans doute à cause de la “proximité” entre maires et électeurs — sont celles qui mobilisent le plus les votants. Ainsi, en 2014, près de 61 % de participation, mais 6 ans plus tard en 2020, le taux n’atteignait que 46 % au 1er tour, sans doute à cause du Covid.
Passons en revue ces 4 communes où visiblement l’élection sera compliquée.

À Pointe-à-Pitre, Harry Durimel, qui l’avait emporté en 2020 face à Jacques Bangou, devra affronter pas moins de 5 autres candidatures. La ville, très bien soutenue par l’État, semble être sortie de son abyssal déficit. Il faut se rappeler qu’en juillet 2019, Jacques Bangou avait dû démissionner de ses fonctions de maire. Car plusieurs semaines auparavant, le préfet de l’époque, Philippe Gustin, avait déclenché une procédure de révocation consécutive à la situation budgétaire catastrophique de la ville. Dès cette époque, il faut aussi le rappeler, le représentant de l’État français, sans le dire officiellement, avait visiblement décidé de “jouer” la carte Durimel. Quand ce dernier remporta les élections en 2020, on savait que l’État allait tout mettre en œuvre pour “aider” Pointe-à-Pitre à sortir la tête de l’eau.
6 ans après, on s’aperçoit que Durimel a eu beaucoup de mal à “gérer” sa propre majorité. En mars 2026, peut-il sauver son fauteuil de maire ? Si ses nombreux opposants se présentent en ordre dispersé, Durimel pourrait s’en sortir. Car l’autre question qui se pose est celle de savoir si Loïc Martol pourra constituer un front unique avec l’opposition ? Sans une véritable union des oppositions dès le 15 mars 2026, Durimel conserve toutes ses chances.

À Saint-Claude, l’ex-maire Élie Califer, proche du PS, s’est lui-même mis en difficulté. Pourtant, en 2020, il remporte pour la 2e fois le combat électoral avec plus de 77 % des suffrages. Sa commune figurait à l’époque parmi les mieux gérées de tout l’archipel guadeloupéen. En 2022, il est élu député. C’est Lucie Weck, bien soutenue par Califer, qui prend les rênes de la commune en septembre 2022.
2 ans après, quand Macron fait exploser sa majorité et dissout son Assemblée nationale, Élie Califer est facilement réélu.
Jusqu’ici, tout va bien, sauf qu’entre l’ex-maire et la mairesse actuelle, la situation se tend jusqu’au clash final. Lucie Weck “lâche” Califer, car ce dernier a voulu imposer comme nouveau candidat à la mairie Olivier Nicolas, l’actuel secrétaire du PS français en Gwadloup. L’erreur de casting de Califer risque de lui coûter très cher, car sa majorité a explosé. Lucie Weck a décidé de soutenir Fabrice Minatchy, qui revient après une période de “pause”. Califer, contraint de ne plus jouer la carte Olivier Nicolas, s’est rabattu sur Cédric Vitalis, mais visiblement ce dernier aura du mal, le 15 mars, à remporter l’élection, sauf si Califer arrive à convaincre totalement les électeurs saint-claudiens du choix qu’il a fait. On le voit, le député Califer est loin d’avoir gagné ce nouveau challenge.

Au Gosier. Le décès brutal de Cédric Cornet en mars 2024 n’a pas été sans conséquences sur l’instabilité politique de la commune. Dans un premier temps, c’est Liliane Montout, à la surprise générale, qui remporte avec 17 voix l’élection interne, devançant Guy Baclet, un proche de Cornet. Cette élection est aussitôt contestée.
En juin 2024, le tribunal administratif annule l’élection de Liliane Montout et finalement le Conseil d’État confirme cette décision en mars 2025. Quelques semaines plus tard, le 15 avril, c’est Michel Hotin, un proche de Cédric Cornet, qui prend le fauteuil de maire. Depuis, la ville du Gosier vit une période pour le moins compliquée. Le nouveau maire, pas très inspiré sur la gestion des affaires communales, a du mal à trouver ses marques face à une opposition très mobilisée.
Les réunions du conseil municipal sont chaque fois “chaudes” et Hotin est souvent contesté dans ses décisions.
Hors les murs de la mairie, très rapidement, des candidatures se profilent et se multiplient : pas moins de 5 à 6 candidats sont déjà prêts à livrer bataille. Ce schéma de discorde ne va-t-il pas favoriser le maintien de Hotin au pouvoir ? (À suivre)

Trois-Rivières. À vue d’œil, la situation s’annonce tout aussi complexe pour le maire sortant Jean-Louis Francisque. En 2020, il bénéficie du soutien total de l’ex-maire Albert Dorville. Sauf que pour 2026, Dorville semble vouloir se remettre en lice. Depuis juillet 2023, Albert Dorville n’a pas cessé de publier des communiqués de plus en plus critiques à l’égard du maire en place. Dorville peut-il aller aux municipales de mars ? La décision finale et stratégique n’est pas tombée. Mais ce qui est sûr, c’est que Dorville veut faire tomber Francisque. Le champ des alliances est grand ouvert.
D’un autre côté, Jimmy Fausta, conseiller général, membre de l’opposition, qui fut jadis proche de la droite avant de faire un grand saut vers les socialistes, pourra sans doute s’appuyer sur le socle électoral restant d’Hélène Vainqueur et d’Albert Dorville.
Jean-Louis Francisque, qui lui a perdu au fil des mois quelques membres de sa majorité, devrait tout mettre en œuvre dès le 1er tour, car au second tour il aura face à lui la coalition Fausta / Dorville / Vainqueur (et même les derniers électeurs de Germain Jean-Louis, qui a été maire durant 3 mandatures jusqu’en 1995).
Jean-Louis Francisque peut-il être réélu ? Les citoyens de la Capitale Amérindienne de la Gwadloup ont la réponse.