Pointe-à-Pitre. Dimanche 1 décembre 2019. CMA. Il n’était de plus beau lieu que cette résidence pour vous convier, ce soir, à ce moment où le Conseil départemental se présente à vous non pas seulement comme « la collectivité de toutes les solidarités » – mais tout autant comme un acteur résolu, efficace et déterminant de la politique touristique de notre archipel.
Oui, « collectivité de toutes les solidarités », nous le sommes, sans nul doute possible.
Dans l’accompagnement de nos aînés, de nos compatriotes atteints de handicaps, de nos enfants en danger, mais également auprès de toutes celles et ceux abîmés par les accidents de la vie, qui recherchent dans l’action publique quelques motifs d’espérance, qui pour un logement, qui pour une insertion dans l’emploi.
Mais le Conseil départemental ne saurait se résumer à cette seule et immense dimension sociale. Car l’ADN du Département est tout simplement multiple et c’est, probablement, ce qui en fait une si grande et une si belle collectivité.
Si nous nous retrouvons ici ce soir, c’est donc pour vous faire mieux connaître cette partie importante de notre action.
Ce n’est pas que cette action n’est pas visible. Elle l’est et vous la percevez tous les jours, sans forcément vous en rendre compte. Mais j’ai voulu, avec ma 2e vice-présidente Marlène Bernard, présidente de la commission tourisme, prendre davantage le temps d’expliquer ce qui fait du Département un acteur incontournable du tourisme guadeloupéen et de l’attractivité de notre territoire.
Prendre le temps, oui, car Marlène Bernard réalise avec les autres membres de sa commission, mais également avec les membres de la commission culture et patrimoine présidée par Brigitte Rodes et de la commission environnement présidée par Nicole Erdan, un formidable travail depuis avril 2015 qu’il convient – je crois – de mettre à l’honneur.
Le tourisme, contrairement à une idée reçue, probablement née d’une lecture erronée de la loi NOTRé dont on pense parfois qu’elle n’aurait fait que dévitaliser le Département, demeure une compétence partagée entre plusieurs niveaux de collectivités : la Région, le Département, les EPCI et – même ! – à certains égards, les communes.
A ce titre, le tourisme n’est donc pas une chasse gardée.
Il s’agit d’une compétence transversale qu’il nous revient, à tous, chacun dans son rôle, d’exercer au mieux des intérêts de notre territoire et de notre population, en ayant le souci constant de coordonner nos interventions dans le cadre d’une politique globale associant l’ensemble des acteurs, publics et privés.
C’est d’ailleurs dans cet esprit qu’en 2004, Victorin LUREL, alors président de Région, m’avait confié la présidence du CTIG avec pour mission de lui permettre de franchir un cap en matière de construction et de promotion d’un produit touristique « Iles de Guadeloupe », en y associant l’ensemble des pouvoirs publics et les professionnels.
Souvent, avec le président Patrick VIAL-COLLET – encore il y a quelques semaines lors de la soirée de la 5e étoile de son magnifique hôtel La Toubana – nous évoquons avec une certaine nostalgie ces moments où nous nous sentions comme les pionniers d’une nouvelle ère dans laquelle la Guadeloupe s’accepterait mieux, davantage et autrement que par le passé comme destination touristique.
Depuis lors, plus de 15 ans se sont écoulées et que de chemin parcouru ! Mais cette problématique demeure. Et c’est le mérite des hommes et des majorités qui se sont succédés durant cette période de n’avoir jamais remis en cause la continuité de l’action conduite depuis le début des années 2000 dans l’objectif de faire de la Guadeloupe une destination touristique de premier plan.
Alors, et le Département dans tout cela, me direz vous ?
Eh bien, le Département a été, dès l’origine, au côté de la Région, comme membre fondateur du CTIG.
A ce titre, il a été associé aux politiques et aux actions conduites depuis 2004 en matière de développement et de promotion touristiques.
Mais il ne s’est jamais agi d’une implication uniquement institutionnelle. Et je dirais même que le Département est sans doute la seule collectivité qui pourrait se passer d’être un acteur institutionnel du tourisme, tant il tire son incontestable légitimité dans ce domaine de son rôle considérable dans la réalité de la destination et de son attractivité.
Oui, mesdames et messieurs, mes chers amis, le Conseil départemental n’est pas le premier contributeur au budget du CTIG.
Il n’est pas non plus autorisé à proposer des aides économiques aux professionnels du tourisme, hôteliers ou gestionnaires de gîtes.
Et il ne peut pas investir des millions d’euros dans des campagnes de promotion de la destination.
Pourtant, j’ose le dire, sans le Conseil général hier, Conseil départemental aujourd’hui, la destination Guadeloupe ne serait probablement pas ce qu’elle est à présent.
Et ce, pour une première raison : son immense patrimoine.
Qu’il soit bâti, ou naturel. Qu’il soit matériel ou immatériel. Qu’il soit très ancien ou plus récent. Qu’il ait été construit ou qu’il ait été acquis.
Le patrimoine du Conseil départemental est une somme colossale de trésors. Les trésors de la Guadeloupe. Les trésors du pays.
Rassurez-vous, je ne me lancerai pas ce soir dans une liste exhaustive. (rires)
Pour essayer d’y voir plus clair nous-mêmes, et surtout pour mieux les faire connaître au plus grand nombre, nous avons préféré en rassembler quelques symboles emblématiques dans un beau livre sorti il y a quelques semaines et que nous vous présentons ce soir à la faveur de cette rencontre.
Mais, tout de même : les Roches gravées, les Forts Delgrès, Fleur d’épée et Napoléon, Beauport le Pays de la canne, les musées Schoelcher et Edgar Clerc, les Bains jaunes, la Mahaudière, les habitations Beausoleil et La Ramée, le Château Murat, Gaschet, Pointe Allègre… et j’en passe… sans oublier le Palais du Conseil départemental ou encore la résidence où vous vous trouvez.
Autant de sites remarquables, propriétés du Département, qui donnent à la Guadeloupe cette image d’archipel où éclate une magnifique diversité d’activités et de lieux à découvrir.
Derrière les plages, la mer, le sable fin, qui font notre renommée désormais plus internationale que jamais, il y a l’Histoire, il y a le cœur et il y a l’âme d’un pays et de ceux qui s’y sont enracinés, de longue date ou plus récemment.
Dans ce patrimoine, il y a aussi des kilomètres de sentiers de randonnées, à flanc de montagnes ou en bordure de littoral, qui font aussi de notre archipel une terre de tourisme vert.
Tout cela, je l’ai dit, constitue une somme de richesses et de trésors, en grande partie héritée de notre Histoire.
Mais, chacun comprend que posséder un tel patrimoine confère d’immenses responsabilités qui nous imposent de tout à la fois le préserver, l’entretenir et le valoriser. Et c’est que nous faisons chaque année en consacrant plusieurs millions d’euros de notre budget à l’entretien de notre patrimoine.
A mon arrivée à la tête de la collectivité départementale en 2015, j’ai cependant souhaité faire encore davantage, en ayant à cœur d’inscrire ces actions de préservation, d’entretien et de valorisation dans le récit touristique de notre archipel.
Ce que j’appelle « récit touristique », c’est l’histoire que nous élaborons tous ensemble pour faire de la Guadeloupe un produit unique et évocateur pour ceux qui, de par le monde, derrière un écran ou en tournant les pages d’un guide, recherchent une destination pour leurs prochaines vacances.
C’est pour cela qu’une de mes premières décisions, en termes d’organisation de notre administration, a été de créer un service tourisme qui n’existait pas dans notre collectivité, afin de mettre en oeuvre les actions proposées par les élus de la commission tourisme, mais également celles de la commission culture, car dans notre esprit la valeur ajoutée du Département c’est précisément de lier étroitement ces deux champs. C’est notre directrice adjointe Odile BROUSSILLON qui pilote cela avec dynamisme, audace et inventivité.
Dès lors, grâce à cette organisation, nous avons mis sur les rails un très grand nombre de projets en quatre ans et demi aux responsabilités, avec l’ensemble des élus départementaux, et j’y inclus aussi bien la majorité que la minorité qui, chez nous, travaillent ensemble de manière apaisée dans l’intérêt du pays.
Pèle mêle, nous avons ainsi rouvert Beauport, en confiant son exploitation à la SEM Patrimoniale dont le Département est actionnaire, et en investissant près de 3 millions d’euros dans la réhabilitation du site et de son train.
Nous avons intégralement rénové le musée Schoelcher à Pointe-à-Pitre dont la réouverture est prévue au début de l’année prochaine et qui sera, plus que jamais, un haut lieu de diffusion de la connaissance sur l’histoire de l’esclavage, de ses abolitions et de toute cette période troublée du XVIIIe et du XIXe siècle.
Le Fort Delgrès n’a cessé de connaître des travaux de confortement et d’embellissement, aussi intérieurs qu’extérieurs. Nous y avons aussi mis en place des animations pour faire de ce site une attraction touristique pour les croisiéristes qui débarquent, comme ce matin-même, à Basse-Terre, en partenariat avec la Maison du tourisme.
Sur le volet tourisme vert, nous avons initié un programme de réhabilitation des traces de randonnées abimées après le passage des ouragans Irma et Maria. Ces traces constituent un immense potentiel que nous avons pu mesurer cette année en participant au Salon internationale du tourisme de randonnée où nos conseillers départementaux ont joué avec succès les VRP de notre destination.
Le site naturel de Gaschet dans le nord Grande-Terre a, quant à lui, été mis en valeur comme un haut lieu d’observation et de préservation de la biodiversité, en y incluant une dimension de chantier d’insertion qui rejoint l’une de nos autres missions.
Au-delà de ces actions sur notre patrimoine, nous avons resserré les liens entre Antigua et notre archipel en contribuant à l’essor du Gwadadli Festival qui met en mouvement tout un territoire – le nord Grande-Terre – pour favoriser les échanges culturels, mais également touristiques, avec notre voisine anglophone.
Et que dire de notre Fonds d’art contemporain, que nous souhaitons positionner à l’avant-garde d’une valorisation de la Guadeloupe comme une terre d’artistes, une terre de talents. C’est là un écosystème vertueux dans lequel je crois beaucoup pour renforcer l’attractivité et la compétitivité de notre territoire.
Ce sont là quelques éléments d’une première esquisse de bilan auxquels j’aurais pu rajouter les presque 50 millions d’euros de travaux que nous avons réalisés depuis 2015 pour améliorer les conditions de distribution de l’eau potable en différents points du territoire. Car, comment s’affirmer comme une destination touristique si nous manquons d’eau ?
C’est un sujet sur lequel nous devons rester modestes et humbles, tant il reste de chemin à parcourir pour régler ce problème. Mais, je tire une vraie fierté d’avoir contribuer à résoudre totalement certains points noirs qui existaient à notre arrivée comme la réparation de la fuite de la canalisation des Saintes et de la Désirade – des zones à fort potentiel touristique – ou encore la rénovation des usines d’eau de Baillif qui ont mis un terme aux problèmes d’eau dans cette partie du territoire.
Mais, au-delà du bilan, il y a mieux encore.
Oui, mes chers amis, il y a l’avenir et ce que nous allons mettre à la disposition de la destination Guadeloupe et de son « récit touristique » pour que notre archipel rayonne encore davantage.
Dans quelques jours, nous allons poser la première pierre des travaux de la Maison du volcan, à Saint-Claude, à proximité du site des Bains Jaunes, où nous offrirons aux visiteurs et aux randonneurs des vestiaires, des toilettes, un espace pour se réchauffer et un lieu pour s’approvisionner en boissons et en petits équipements. Ces travaux, qui dureront 6 mois, concerneront aussi l’aire de pique nique de Beausoleil qui offre assurément l’un des plus beaux belvédères de la Caraïbe depuis lequel on plonge vers la mer.
Nous commencerons aussi la rénovation et l’extension du musée Edgar Clerc au Moule que j’ai fait inscrire au contrat de convergence et de transformation.
Il y aura, aussi en 2020, la mise en chantier de l’œuvre monumentale que nous allons installer au Fort Delgrès, en hommage au sacrifice de ce héros de notre histoire, et qui sera le point de départ d’une nouvelle scénographie de déambulation dans ce site remarquable.
L’année prochaine, également, nous montrerons combien une route peut être un élément patrimonial fort en lançant les travaux d’une piste cyclable reliant, le long de la route départementale, Saint-François à la Pointe-des-Châteaux, je le rappelle, premier site fréquenté par les touristes en Guadeloupe.
C’était un engagement que j’avais pris envers mon ami Laurent BERNIER et, avec lui, envers les Saint-Franciscains : il sera tenu.
Toujours en 2020, nous poursuivrons les travaux engagés au Jardin Botanique de Basse-Terre, que nous allons conforter dans sa vocation de présentation des essences endémiques de notre archipel, mais que nous allons aussi transformer en lieu de déambulation à la découverte des grands sportifs qui ont contribué à faire la renommée de la Guadeloupe comme « Terre de sports et Terre de Champions ».
Avec la création, toujours dans le chef-lieu d’un Maison départementale des arts et des cultures, implantée dans l’ancienne habitation du Premier président du tribunal de Basse-Terre revenu dans notre patrimoine, nous prendrons notre part dans l’affirmation de notre capitale comme « Ville d’art et d’Histoire ».
Enfin, dans le nord Grande-Terre, à la Mahaudière, nous avancerons dans notre projet de création d’une visite en réalité virtuelle de ce site d’Anse-Bertrand. Ainsi, permettrons-nous aux visiteurs de prendre la mesure de ce qu’était ce lieu il y a plusieurs siècles.
Je pourrais encore être très longue en vous parlant de nos ambitions pour l’Habitation Néron au Moule, pour la route des Moulins à Marie-Galante ou pour des sites naturels comme la Pointe Allègre à Sainte-Rose. Ils seront au menu des actions du Département pour les années à venir.
Pour l’heure, vous pouvez le mesurer à l’évocation de tous ces projets : notre ambition en matière de tourisme n’est pas une litanie d’engagements sans lendemain, ou de paroles verbales.
Cette ambition s’appuie sur des bases solides qui, je l’ai dit, fondent la légitimité de l’intervention du Département dans ce domaine.
La destination Guadeloupe a incontestablement besoin d’hôtels avec de l’eau potable, de plages sans sargasses, de gîtes de charme pour ceux qui veulent vivre parmi nous en adoptant nos « mes é labitid ».
Elle a besoin de routes sans trop d’embouteillages, d’une sensation contagieuse de sécurité des biens et des personnes, mais aussi de sécurité sanitaire.
Et elle a besoin de faire connaître au plus grand nombre ses atouts, ses atours et ses richesses.
Tous, dans nos collectivités mais également au niveau de l’Etat, une part de ce travail est accomplie et doit se poursuivre.
Mais la destination Guadeloupe et son récit touristique a aussi besoin de lieux et de sites remarquables, mais également de musées et d’espaces où l’on apprend le pays, son histoire et son peuple.
Car, ne nous y trompons pas, il est désormais un fait établi en matière de tourisme dans le monde : ce ne sont pas tant les plages et les criques, ni même seulement la qualité de nos hôtels qui font la différence entre les destinations.
Non, la différence, c’est le récit touristique.
La différence, c’est cette histoire que nous devons raconter au visiteur pour lui donner l’envie de la vivre et, mieux encore, de la partager en faisant le choix de notre archipel.
Pour construire ce récit, reconnaissons ensemble que le Conseil départemental figure en première ligne et consacre chaque année des moyens financiers et humains considérables à cette tâche.
Le beau livre était une façon de faire connaître tout cela.
Il s’accompagne d’une application numérique bilingue et interactive, présentée à Paris lors du dernier TOP RESA, et qui est également un canal de diffusion de nos richesses, moderne et adapté aux touristes d’aujourd’hui.
Tout cela, vous aurez à le découvrir ce soir, dans ce cadre magnifique.
Tout cela, c’est notre contribution au produit touristique « Iles de Guadeloupe »
Celui que le CTIG doit inlassablement fabriquer et peaufiner pour qu’il corresponde aux attentes de ceux qui nous visitent tout en respectant ce que nous sommes et ce que nous voulons être.
Je sais que Willy ROSIER et Thierry GARGAR, et leurs équipes, ont cette ardeur là. Et je remercie Sonia TAILLEPIERRE, la présidente de la commission tourisme du Conseil régional, pour sa présence ce soir à mes côtés.
J’espère que vous me pardonnerez d’avoir pris ce temps un peu long pour vous décrire notre approche et pour vous faire comprendre notre rôle.
C’est ensemble que nous progresserons.
C’est ensemble que nous réussirons.
Je vous remercie.