Guadeloupe. Souveraineté alimentaire : KBM affirme sa vision Pan Caraibe
Pointe-à-Pitre. Mardi 23 janvier 2023. CCN. Pour la Guadeloupe et pour la Caraïbe la semaine du 16 au 21 décembre aura été historique. En effet, des représentants de différents pays de la Caraïbe ont répondu à l’appel de KBM, pour mettre en place une vision alternative d’un « lyannaj pankaribéyen », des peuples et non des élites. Ainsi, des agriculteurs, des agro transformateurs, des artisans sont venus représenter leurs pays respectifs et ont affiché leur volonté commune de s’organiser pour assurer la souveraineté alimentaire dans la Caraïbe. Reportage.
Au mois de décembre, le mouvement KBM a organisé une rencontre avec des représentants de différents pays de la Caraïbes, pour mettre en place sa vision pancarabienne. Ainsi, Le mouvement KBM poursuit sa réflexion et son expérimentation autour de ce qu’il appelle « les attributs de souveraineté », adossée à l’idée de l’émergence d’un autre modèle de société, une science de la vie en société « bay koko pou savon », et une philosophie « filozofi bòkaz » (un autre rapport au monde, un autre rapport à la vie). Après « santé bòka z », (le 8 octobre), « jaden bòkaz » (le 5 Novembre), « péyi bòkaz » (16-21 Décembre), KBM invitait les frères et soeurs de la Caraïbe (Saint Martin, Grenade, Dominique, Anguilla, Haiti, Honduras), pour échanger autour des pratiques culturales, culturelles et des expériences communes. Dans la vision Pancaraibéenne de KBM, il s’agit de construire la Caraïbe des peuples et non des élites. C’est ainsi, que les invités avaient été soigneusement sélectionnés en fonction de leur profils (agriculteurs, agro transformateurs, artisans…), par des référents, à l’initiative du projet, originaires des îles voisines de la Caraïbes.
Les échanges se sont déroulés sur une semaine, marquée par deux rencontres emblématiques, d’échange et de partage, autour de deux dates clés (le 16 et le 17 décembre) que d’aucun à qualifier d’historique. Certains frères et sœurs de la Caraïbe tel que Haïti n’ont pas pu être présent notamment à cause de problème de Visa. Et on peut même dire à ce sujet, que la référente de KBM en charge de l’organisation de la manifestation a été surprise par l’adhésion rapide au projet, « le oui des invités », bien plus que les problèmes de visa. D’autant plus, souligne-t-elle, que le projet à été mené tambour battant par KBM «en un mois et demie». Mais pour les invités et tous les Guadeloupéens qui y ont participé, ce qu’ils retiendront ce sont surtout les échanges autour des pratiques culturelles et culturales, qui ont été pour eux, de vrais moments de solidarité et de partage. Comme une piqure de rappel, ce temps a permis à chacun de se souvenir que nous étions dans la Caraïbe et que la Caraïbe était aussi en nous. Ainsi nous vivons déjà à côté ou avec des personnes originaires des différentes îles de la Caraïbe, parfois sans même y prêter attention.
Le premier échange a eu lieu le samedi 16 Décembre, chez les Francas, à Port Louis. Ce premier échange s’est déroulé principalement autour pratiques culturales et culturelles expérimentées par KBM et la vision pan caribéenne de KBM. C’est ce que KBM a appelé « KBM kimoun nou yé ? » « On bokantaj alantou a diri », « exchange about rice planting », « Intercambiar la forma de cultivar arro z », avec atelier et décorticage du riz. Mais KBM a aussi fait découvrir des pratiques culturelles tel que le « Kannari-kontré », le sorbet, le « Gwoka », la richesse de la création artistique locale avec notamment la poésie « an lang Gwadloup », la peinture, etc. Ainsi chacun des participants à cette rencontre, s’est senti en famille, reconnaissant nos origines communes. Le second échange s’est tenu le 17 Décembre au restaurant le Colibri, au Raizet, autour d’un partage d’expérience et d’un repas local. Au cours de cette rencontre, les invités ont exprimé leur attente, leur vision pan caribéenne et surtout les barrières existantes pour les échanges entre la Guadeloupe et leur pays respectifs (notamment les difficultés d’accès à la Guadeloupe par avion ou par bateau pour eux). Il est apparu que discuter d’une vision pan caribéenne, avec des membres de pays de la Caraïbe indépendant n’allait pas de soi, la Guadeloupe étant encore un pays sous domination française. Cependant les discussions on fait apparaître des difficultés communes entre les pays de la Caraïbe, notamment en matière de souveraineté alimentaire et voir même parfois de souveraineté tout courte. Ainsi, si dès le départ la présence de chaque délégation de différents pays de la Caraïbes signifiait déjà la volonté de vouloir construire quelque chose ensemble, ce jour-là l’idée que tous les pays de la Caraïbe devraient faire front pour pallier à leurs difficultés communes et créer un vrai « Lyannaj Pankaribéyen », avec la création « d’une association pan caribéenne », s’est renforcé.
Mais finalement ce dont se souviendront les membres de KBM, c’est d’abord cette facilité d’échanges entre eux et les frères et sœurs de la Caraïbes « comme s’ils étaient à la maison et nous les hôtes, nous recevions la famille ». « Rahem, Catherine, Dwight, Hugues, Asha, Peter, Lerone and Janine we would like to thank you again, to trust us » dira à ce sujet une des référentes de KBM à l’initiative du projet, en remerciant les invités. Et ensuite, les invités quant eux répètent de nombreuses fois pendant leur séjour « I’am at home », «je suis à la maison » et de retour chez eux « we love KBM », « nous aimons KBM » exprimant ainsi leur satisfaction des échanges avec les membres du mouvement KBM et l’accueil reçu en Guadeloupe. Et enfin, c’est surtout l’ouverture du champ des possibles, dans les échanges entre les frères et sœurs de la Caraïbe et la Guadeloupe, pour offrir surtout des perspectives d’avenir offert aux jeunes générations dans la Caraïbe, que pointera de nombreux référents de KBM, lors de leur bilan.
Celine Moueza Antonius