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Le nouveau gouvernement de l’ex-président Sarkozy

Le nouveau gouvernement de l’ex-président Sarkozy

Que nous apprend ce remaniement ministériel sur la situation et l’évolution de la vie politique en France post confinement ? D’abord il faut savoir que les remaniements ministériels sont des actes purement politiques et jamais anodins de la Ve République.

Lourds de conséquences historiques, ils ne sont pas l’objet d’une règle constitutionnelle mais plutôt une véritable coutume politique permettant une respiration et un second souffle au chef de l’Etat quand il est confronté à un rejet de la politique du gouvernement (qui est hors cohabitation souvent la sienne) ou chose plus rare, à un blocage de la mise en oeuvre de ses choix politiques par l’administration ou le premier ministre.

C’est ce dernier cas de figure qui semble à l’issue du changement de premier ministre, avoir été l’objectif présidant à la décision du président de la République d’opérer un changement de l’ensemble du gouvernement à commencer par son capitaine Edouard Philippe.

Dans les faits on a pu voir que la crise des gilets jaunes, les conflits de Castaner avec sa police, et l’impossibilité de la majorité En Marche à remporter des élections européennes ou municipales; avait amener sur la table la nécessité de changer l’équipe voire le capitaine de l’équipe; pendant la mi-temps du quinquennat.

C’est conscient de cette issue fatale qu’Édouard Philippe avait avec lucidité décider de se rabattre sur son ancienne fonction de maire de la ville du Havre, d’autant plus qu’il s’est vu assurer in extremis d’une belle côte de popularité pour sa gestion globale et surtout médiatique de la crise du Covid19.

Ce qui explique peut-être un remaniement qui a pris des allures de départ en vacances pour un premier ministre qui aura su incarner la poursuite rigide et laborieuse d’une politique néo-libérale de droite voulue par un président s’étant pourtant présenté comme étant de gauche et de droite.

Les rapports d’Édouard Philippe avec la Guadeloupe resteront marqué par une froideur extrême et une distanciation totale avec ses élus et surtout un bilan bien en dessous de la moyenne.

Les remaniements sont aussi l’occasion de manifester un changement de cap et d’orientation politique ou au contraire d’affirmer une ligne directrice idéologique.

Dans le cas de celui-ci, le président de la République semble envoyer un message aussi clair que sec et que l’on peut résumer en deux mots : Je continue ! En effet, son choix d’un nouveau premier ministre, Jean Castex, issu des rangs de la droite, sa validation d’un nouveau gouvernement ne comptant aucune figure de la gauche socialiste ou des écologistes (qui ne voulaient de toutes façons pas participer au gouvernement), et le renvoi de personnalités de la macronie ayant surtout commis des erreurs de communication montrent que le chef de l’Etat a surtout voulu par ce remaniement se débarasser de ses boulets politiques plutôt que de mettre en place une nouvelle dynamique politique plus sociale, plus écologiste ou simplement plus adaptée à la situation grave que nous vivons.

Le gouvernement va donc continuer à faire du macronisme, c’est à dire de l’interventionnisme réformiste sur fond de doctrine libérale et pro-européenne, pour plaire à un électorat du centre et de la droite laissé orphelin et vacant depuis le départ (apparent) de la vie politique de Nicolas Sarkozy. Ce dernier semble de plus en plus jouer le rôle de faiseurs de rois, ou en tout cas de princes; tant il compte de fidèles entourant désormais un président de la République particulièrement isolé et sans troupes.

Ce remaniement montre le rôle puissant que jouera l’ex-président dans le ralliement prévisible de la droite à la candidature d’Emmanuel Macron en 2022. Le choix de l’avocat Éric Dupont Moretti comme garde des sceaux révèle que le président entend permettre un grand coup de pied dans le corporatisme de la justice et la protection des intérêts judiciaires de Nicolas Sarkozy tout comme les siens. De quoi sceller une alliance politique en retour avec celui qui demeure le vrai chef (dans l’ombre) de la Droite française. Il en est de même pour le choix de Jean Castex, pur sarkozyste lui aussi. Et puis avec le maintien du vrai vice-président qu’est devenu Bruno Le Maire, ministre de l’économie hyper puissant et crédité de plusieurs succès, l’électorat de droite a de quoi être rassuré largement. La cerise sur le gâteau étant constitué par l’arrivée de la figure autoritaire du sarkozyste Darmanin à l’intérieur et la figure bourgeoise et populaire de la fidèle sarkozyste Roselyne Bachelot à la culture. Continuité donc, mais avec des lieutenants d’un niveau nettement supérieur aux précédents ministres débarqués et qui étaient tous de pures « macroniens ».

L’entourage du président aura donc bien été victime de son amateurisme mais surtout de leur manque d’impact positif sur l’opinion publique en faveur du président Macron. En politique, point d’amitiés. Seul compte visiblement la victoire. Le choix très rare pour le poste le plus exposé de la République d’un haut fonctionnaire plutôt qu’une personnalité politique vient confirmer l’incroyable rareté du personnel politique au sein de la majorité présidentielle, compétent et disponible pour assumer cette fonction de premier ministre. C’est un constat d’échec assez terrible du projet de renouvellement de la classe politique française initiée par Emmanuel Macron lors des élections présidentielles puis législatives, et surtout une perspective de dépendance accrue du président vis à vis d’autres formations politiques que la sienne comme Les Républicains: « Le roi est nu ». L’une des très rares surprises de ce remaniement est la création d’un nouveau ministère de la mer, à côté de celui des outre-mers.

Cela rappelle un peu l’époque coloniale avec l’existence d’un ministère de la marine et des colonies…Mais cela indique aussi la volonté de considérer les enjeux énormes que représentent la géopolitique des océans, en particulier en matière écologique et économique. En tout état de cause, les premiers ministres de fin de mandat présidentiel sont toujours choisi pour incarner le mécontentement politique des français, en lieu et place du président.

Jean Castex, dont le directeur de cabinet a été choisi directement par le président, sera probablement de la catégorie des collaborateurs de président comme le furent Jean-Marc Ayrault, Édith Cresson, Jean-Pierre Raffarin et comme ne le furent pas Michel Rocard, Dominique de Villepin, et bien sûr Edouard Philippe.

Didier Destouches

Universitaire, éditorialiste et essayiste.

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