Vienne. Dimanche 17 Juillet 2022. CCN. Ils, c’est le Big In Jazz Collective (BJC), constitué de 8 merveilleux artistes instrumentistes, dont la réunion est une pure réussite. Jowee Omicil au sax, Ludovic Louis à la trompette, Maher Beauroy au clavier, Ralph Lavital et Yann Négrit à la guitare, Tilo Bertholo et Sonny Troupé à la batterie, Stéphane Castry à la basse, sont individuellement de grands musiciens reconnus sur les scènes internationales qui excellent dans leurs instruments de prédilection, et surtout dont la sensibilité musicale dépasse les frontières de leurs pays d’origine.
Ils – le groupe – sont nés il y a précisément deux ans à l’issue d’une résidence d’artistes organisée en Martinique par Christian, Manuel et Thomas BOUTANT, en pleine pandémie florissante, alors même que tous les festivals s’annulent les uns après les autres.
Cela peut sembler incroyable, mais tous ces aléas n’ont fait que renforcer leur volonté d’être et d’exister. Ils n’ont jamais baissé les bras, et à l’issue de cette belle collaboration, est né l’album GLOBAL en juillet 2021.
Depuis le début de l’année 2022, ils enchaînent les concerts de salles en festivals pour le plus grand bonheur de ceux qui les découvrent au fur et à mesure.
Oui, ils l’ont fait ! Alors que deux de leurs titres et arrangements ont servi à promouvoir l’évènement au cours des 3 derniers mois, ce 4 juillet 2022 ils jouaient au Festival Jazz à Vienne, en première partie du grand Grégory Porter qu’on ne présente plus et qui remporta le Grammy Award du meilleur album de Jazz vocal.
Oui, ce n’est pas rien ! Devant plus de 5.000 personnes, ils ont enflammé le théâtre antique de Vienne en imposant leur vision du Jazz Créole. Quelle belle carte de visite !
Oui, il existe véritablement un Jazz Créole venu de la Caraïbe, teinté des influences des pays et îles qui composent cette région du monde, et du continent voisin. La musique a cette vertu. Elle est transformable à souhait, et permet à chacun selon sa culture et sa vision de s’en approprier.
Le BJC, a non seulement conquis le public de Jazz à Vienne, mais il l’a fait se lever, danser, et bouger !
De « Mi bel jouné », à « Come together » en passant par « Serpent maigre », « La Chandelle », « Haïti » « Tomaline » ou encore « Global » création et titre éponyme de leur premier album, c’est crescendo qu’une vibration puissante et d’appartenance au groupe a emporté le public. Jowee et Ludovic, n’ont pas hésité à descendre de la scène pour se mélanger, jouer et danser avec la foule en liesse.
Si de par leurs positions scéniques et leurs talents incontestables , nos deux soufflants complices et drôles font le show de ce concert, on a pu apprécier le jeu pianistique d’un Maher Beauroy , la dextérité harmonique d’un Ralph Lavital à la guitare ou d’un Yann Négrit habité par George Benson, la synchronisation exceptionnelle des batteurs que sont Tilo Bertholo et Sonny Troupé sans oublier le jeu unique au tambour Ka de ce dernier, et le groove particulièrement savoureux d’un Stéphane Castry qui s’en donne à cœur joie.
Il faudra compter avec eux désormais, et avec tous ceux qui comme eux s’évertuent à montrer que peu importe d’où l’on vienne, peu importe l’essence même de sa culture native ou ethnique, la musique est universelle et ne peut s’enfermer dans un corporatisme pur et dur.
De biguine aujourd’hui, il n’y a plus que le nom. Les arrangements incroyablement jazzy empreints de sonorités caribéennes, effectués par cette talentueuse brochette d’artistes à partir de titres surtout connus aux Antilles, n’a rien de folklorique. Leur musique est colorée et pleine de fraicheur au point de toucher tous les âges et bouleverser les codes quoiqu’on en dise. Ils savent d’où ils viennent et pour ceux qui l’ont remarqué, ils ont symboliquement fait un clin d’œil à notre cher Jacob avec son fameux « An nou ay ».
Merci aux organisateurs de Jazz à Vienne qui n’ont pas hésité à les mettre en avant et qui plus est, les a programmés en première partie de Grégory Porter.
Une mention spéciale pour Christian Boutant père, fondateur du Festival Bigin Jazz Festival en Martinique présent ce soir-là dans la foule et sans qui cette belle aventure n’aurait pu exister.
Retenez bien leur nom : Big In Jazz Collective ! Car nous n’avons pas fini d’entendre parler d’eux
Déborah Vey