Palestine : Le droit inaliénable à un état viable
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Qu’il soit, d’emblée, clairement posé qu’aucune cause, a fortiori quand elle se veut noble, ne saurait justifier le meurtre délibéré d’enfants, de femmes et de vieillards…même lorsque l’on affronte un État terroriste comme Israël dont l’histoire est un long chapelet de crimes de guerre impunis contre le peuple palestinien, avec la complicité de l’Occident.
Le concert d’indignation sélective qui s’élève en France, en Europe et aux Etats-Unis, les qualifications méprisantes de « sauvages » et « d’animaux » à l’égard des Palestiniens, les menaces de « destruction » de la population de Gaza, comme solution finale à l’action du Hamas, au prétexte du « droit à l’autodéfense d’Israël », tous ces subterfuges politiques et idéologiques relèvent de l’indécence morale la plus abjecte. L’ordre dominant est avant tout une faillite morale, une injure à l’éthique qui cherche, par la force et les pressions, à imposer une pensée unique anachronique fondée sur les délires suprémacistes d’un petit nombre.
Un sénateur français n’a-t-il pas exigé de « punir sévèrement » celles et ceux qui « ne soutiennent pas Israël…» ?
UN ÉTAT ÉDIFIÉ DANS LE SANG ET LA TERREUR
L’État d’Israël s’est construit en appliquant à la population palestinienne des méthodes que le nazisme avait utilisées contre les populations juives d’Europe dans la période de la seconde guerre mondiale. Des milliers de Caribéens, de Guyanais, d’Africains, d’Afro-Américains, d’Arabes ont participé à l’écrasement du nazisme pour, malheureusement, peu de temps après, voir fleurir le sionisme en Palestine, l’Apartheid en Afrique du Sud et le racisme dans les « démocraties » européennes.
Dans une déclaration en date du 7 octobre 2023, le « Jewish Voice for Peace » rappelle très justement :
« Le gouvernement israélien vient peut-être de « déclarer la guerre », mais sa guerre contre le peuple palestinien a commencé il y a plus de 75 ans. »
Le terrorisme et les massacres de civils palestiniens, femmes et enfants compris, constituent en effet une persistante pathologie du sionisme et de l’État d’Israël.
C’est ainsi que le groupe sioniste de Menahem BEGIN, l’Irgoun, avec l’aval du Mouvement de la résistance hébraïque, fut à l’origine de l’attentat de l’hôtel King David, le 22 juillet 1946, qui fit plus de 91 morts. D’autres opérations meurtrières de ces phalanges sionistes eurent lieu dans des arrêts bus, par exemple en janvier 1948, ciblant à chaque fois des civils.
Plus largement, les exterminations d’innocents par les sionistes sont bien documentés :
-Deir Yassin, le 9 avril 1948 (100 civils tués par les groupes terroristes de l’Irgoun et du Lehi);
-Tantoura, dans la nuit du 22 au 23 mai 1948 (entre 40 et 200 personnes assassinées et jetées dans une fosse commune par la brigade « Alexandroni »des forces israéliennes;
-Qibya, les 14-15 octobre 1953 (69 personnes dont deux tiers de femmes et d’enfants massacrés par l’armée israélienne);
-Kafr Qassem, le 26 octobre 1956 (50 Palestiniens exécutés par la police israélienne, dont la moitié des enfants).
Le carnage de Sabra et Chatila, dans les camps de réfugiés palestiniens de Beyrouth-Ouest, du 16 au 18 septembre 1982, a été l’un des pires épisodes de la volonté génocidaire d’Israël, avec la complicité active des phalanges chrétiennes libanaises.
Ariel SHARON, futur premier ministre d’Israël (2001-2006), qui dirigeait les troupes sionistes entrées à Beyrouth, laissa exécuter sauvagement entre 1000 et 5000 femmes (y compris enceintes), enfants, vieillards et civils désarmés.
Ce rappel se veut la simple démonstration qu’avec ou sans le Hamas le sionisme a toujours tué et que le « terrorisme » n’est que le prétexte fallacieux du moment dans une stratégie génocidaire consubstantiel à l’existence même d’Israël.
L’IMPUNITÉ COMME PRINCIPE DU DROIT INTERNATIONAL ?
Depuis 2008, sous les appellations les plus cyniques (« plomb endurci », « piliers de défense » et autres âneries), l’État israélien, évoquant des « offensives préventives » pour prévenir des « menaces » d’attaques, n’a cessé d’assassiner les palestiniens, considérés comme de vulgaires « animaux », un langage qui rappelle les heures sombres du nazisme et les caractérisations hitlériennes de tous les peuples qui n’appartenaient pas à la prétendue race élue des Aryens.
Contrairement à la propagande assénée sans répit par les médias occidentaux, Israël n’est pas un « pays agressé » sur « son territoire » et en état de « légitime défense ». C’est Le pays agresseur dont la violence pathologique s’exerce contre le peuple palestinien agressé, sur le territoire de ce peuple qui, de ce fait même, dispose d’un droit légitime de résistance.
Entre 1948 et 2023, ce serait 100 000 palestiniens qui auraient été tués par l’armée et les colons sionistes.
Il n’y a pourtant jamais eu de sanctions contre Israël ! Au contraire ! L’Europe et les États-Unis ont apporté un soutien massif et multiforme à ce qui est bien un État terroriste ne respectant aucune règle.
Selon que l’on soit en Ukraine, en Afrique ou en Palestine, le « droit international » et « l’ordre moral » changent de pas de danse, au rythme d’intérêts qui n’ont rien à voir avec le Droit ou la Morale.
GAZA LA MARTYRE
Godron LEVY, journaliste et écrivain israélien , dénonçant « l’arrogance israélienne », expliquait, à propos des récentes actions du Hamas : « Nous payons le prix de la mise en cage de deux millions de personnes ».
La bande de Gaza constitue en effet une territoire autonome palestinien de 365 km2, habitée par plus de 2,3 millions de personnes (5935 hab/km2), dans des conditions extrêmes. Depuis 2008, Gaza est soumise à des blocus illégaux, à des bombardements récurrents et meurtriers, à des privations et à des humiliations délibérées. Des milliers de Palestiniens, sans aucun jugement, croupissent aujourd’hui dans les geôles sionistes. Pour la seule année 2021, 8000 Palestiniens ont été arrêtés par les forces d’occupation israéliennes.
Telles sont les conditions de vie -ou de survie- qui sont imposées à 2,3 millions d’êtres humains, à des enfants et à des femmes, par l’État israélien, avec la bénédiction de la France et des « démocraties » du « monde libre »…
Dès lors , doit-on s’étonner que les propagandistes sionistes disent, sans l’ombre d’un complexe, considérer les Palestiniens comme des « animaux » ? Comment ne pas comprendre la colère d’une communauté à laquelle on accorde un statut de sous-humains et que l’on traite comme tels ? Comment ne pas établir une correspondance entre la violence du Hamas et la violence d’un système dont le mépris à l’égard des arabes rappelle des théories pestilentielles sur la hiérarchie des races et les soi-disants peuples « élus » ?
UN RÉGIME D’APARTHEID
En définitive, le vacarme de fond demeure le même que l’on a entendu dans les rues de Berlin dans les années 30-40 ou encore à Pretoria : celui des vomissements des suprémacismes aussi imbéciles que meurtriers.
Si la société israélienne est heureusement traversée par des débats de fond sur sa nature et sur la paix, si de nombreux juifs sont clairement anti-sionistes, l’État israélien est resté figé dans la vision sioniste et suprémaciste du Grand Israël.
La création de cet État , le 14 mai 1948, s’est opérée par une première épuration ethnique sur les terres mêmes où les Palestiniens vivaient depuis des milliers d’années. Entre décembre 1947 et juillet 1949, se sont ainsi plus de 700 000 arabes palestiniens qui ont été délibérément expulsés de leurs foyers et de leur patrie…sans droit au retour. Ce fut la Nakba (la catastrophe) du peuple de Palestine.
Depuis, la dépossession, l’expulsion, les massacres n’ont cessé de se développer contre les arabes, avec, notamment, les territoires occupées, ou encore les colonies israéliennes en Territoire palestinien que le rapporteur spécial de l’ONU, Michael LYNICK, a qualifié de « crime de guerre » en 2021. Sont-ce là les « valeurs » de la « société démocratique » israélienne ?
Il existe donc bien un système colonialiste Israélien dont l’ accaparement des terres palestiniennes et la possession, toute honte bue, de COLONIES, sont constitutifs de l’ADN. Toute cette effroyable machination criminelle est mise en place, sans interruption, depuis plus de 75 ans, par Israël, couverte par les puissances euroétatsuniennes qui se gargarisent partout d’être les champions des « droits de l’homme »…peut-être uniquement de l’homme blanc…
Il en ressort que la stratégie sioniste est cohérente avec sa vision originelle et sous-entend la mise en situation d’apartheid du peuple palestinien ou/et sa destruction.
Aucun observateur objectif ne saurait nier que la prétendue démocratie israélienne est fondée sur le mishtar hafrada (le régime des séparations) qui conduit à « racialiser » la culture juive et à exclure les arabes palestiniens.
C’est ainsi que l’Etat d’Israël, avec ses complices habituelles, a tout fait pour saboter l’application du schéma à deux États de l’ONU fondée sur la résolution 181 du 29 novembre 1947 et sur les résolutions suivantes portant sur les droits inaliénables du peuple palestinien. Les Accords d’Oslo, signés par Yasser Arafat et Yzthak Rabin, ont connu le même sort.
Rabin a été assassiné par un extrémiste juif le 4 novembre 1995. Quant à
Yasser ARAFAT, le chef charismatique des Palestiniens, relégué par les Israéliens dans son QG de Ramallah, de 2001 a 2004, il a fini par mourir dans un hôpital de Clamart où il avait été transporté en urgence.
Le Hamas a été, au début, un des instruments des gouvernements de Tel-Aviv pour briser l’Organisation de Libération du peuple Palestinien (OLP) et son leader historique. S’il est considéré aujourd’hui comme une organisation « terroriste » ses créateurs et parrains sont Israël et ses alliés européens et américains.
Il est évident qu’après l’opération du Hamas en terres occupées par Israël le gouvernement d’extrême-droite de Netanyahu instrumentalisera ces événements pour poursuivre le massacre de la population de Gaza et organiser une nouvelle épuration ethnique qui, dans le contexte régional et mondial, pourrait, cette fois-ci, déclencher des réactions politiques qu’Israël semble sous-estimer.
On ne pourra pas enterrer le problème palestinien. Les violences continueront d’exister tant que justice ne sera pas rendue au peuple de Palestine et qu’un État palestinien viable ne sera pas créé.
Francis CAROLE
MARTINIQUE
Vendredi 13 octobre 2023