Nos politiciens, sont tous à la manœuvre car l’heure est très grave : Réunion plénière de la Région, CTAP 1 et 2, interventions médiatiques à gogo, Visio conférences matinales, déclarations, communiqués de presse, distribution de « mas » ou de paniers-pays-électoraux, voire de repas ou de melons. Bref on ne sait plus vraiment s’il s’agit de lutter contre le coronavirus ou si c’est la campagne électorale qui continue.
N’allez pas ensuite dire, que le P’tit Néo Gouverneur (PNG) occupe seul tout l’espace médiatique : Ce n’est plus vraiment vrai. Avec ou sans « mas », Lurel, Chalus, Borel pour ne citer que les plus visibles, sont depuis quelques jours omniprésents sur la scène médiatique et pas toujours en geste barrière.
Cette agitation politicovid-médiatique, n’a en réalité qu’un objectif immédiat : sauver la Guadeloupe d’un désastre économique et social, d’un effondrement post Covid.
Dès lors peut-on reprocher à nos politiques de vouloir tout mettre en œuvre, pour que la France assume ses responsabilités post coloniales et… humanitaires ? Face à toutes ces mains tendues, ces demandes, ces suppliques, les réponses du gouvernement français seront-elles vraiment à la hauteur des espérances ou seront-elles désespérantes ?
L’état macronien-technocratique, peut-il ainsi abandonner ses colonies et ses colonisés Corunisés ? C’est LA grande question.
Pour l’heure, outre les déclarations très floues, parfois contradictoires sur la rentrée scolaire d’un Premier Ministre qui joue lui sa survie post-Covid à ce poste, il n’y a eu de concret que l’arrivée du porte-hélico Dixmude, envoyé par Macron dans notre Caraïbe à la demande de Trump, lequel veut profiter du Covid de déstabiliser Maduro au Venezuela. Mais la Russie veille au grain.
Ary Chalus lui a reçu et distribué une partie de ses « mas », ceux de Borel sont arrivés ou presque ? On ne sait pas trop, la communication s’avère assez opaque…
La Région s’affaire très sérieusement sur les mesures économiques prévues par l’État français pour aider les entreprises en difficulté, car chacun le sait le choc post-Covid en matière économique sera ici beaucoup plus dur que la pandémie elle-même.
Le Covid peut être aussi considéré aussi comme un” tueur” d’entreprises, car notre économie au 21 ème siècle demeure encore très coloniale (cannes, bananes et surconsommation) , n’était absolument pas – plus que celle de l’occident- préparée à subir ce rude coup.
Ainsi la Région, qui a du surpayer du fret aérien à Air-France pour faciliter l’envoi en France de quelques tonnes d’un melonier alors que les producteurs agricoles et maraichers sont à la peine : ceux-ci ont du bagarrer dur avec le PNG pour arracher le droit de vendre leurs productions au marché de Gourdeliane.
C’est donc la Région, qui se démène pour tenter d’éviter la catastrophe annoncée. Car le staff de Chalus a dû lui dire que cette crise va sans doute entrainer la disparition de près de 30% des TPE et ce sont autant de nouveaux chômeurs qui viendront grossir le lot déjà très important.
Les effets négatifs de cette crise sanitaire seront très tôt mesurables sur l’économie, sur le social.
Même si les mesures de confinement ont pu jusqu’ici protéger des dizaines de vies, au lendemain de la crise, force est d’admettre que le modèle économique de la Guadeloupe est à reconsidérer.
Il l’était déjà avant la pandémie. Mais ce qui se passe va obliger nos économistes (où sont ils ? que disent-ils?) à repenser notre modèle pour tenter de trouver une 3ème voie de développement à la structure coloniale de notre économie.
Depuis près de 3 décennies, le tourisme de masse avec comme objectif le million de visiteurs a été mis en avant. Depuis près d’une décennie, la machine touristique guadeloupéenne impulsée par le CTIG a porté ses fruits.
Question : Faudra-t-il continuer dans cette voie ? outre le fait que les paquebots italiens sont des nids de Covid, et au plan de la pollution qu’ils nous laissent à chaque escale en “cadeau” : du dioxyde de soufre, de l’oxyde d’azote (Nox) et des tonnes de CO2.
Ne faut-il pas déjà repenser notre tourisme ? mais ce ne sera pas simple…
Nos politiques ne peuvent pas ignorer que l’État français est lui-même dans la crise et qu’il a dû à faire appel à la Banque Centrale Européenne, et s’endetter lourdement pour tenter de tenir la route.
Les premiers chiffres qui tombent, donnent quelques Indications surla situation de L’État. Un déficit de plus de 8% de son PIB 2020, un chômage qui risque de frôler la barre de 10% en France. Une casse sociale quasi inévitable
Dès lors, l’état français pourra t-il honorer tous ses engagements vis à vis de ses colonies ? On ne peut pas ne pas se poser la question.
La Région, s’active mais nous l’avons dit dans un édito précèdent (CCN)1 que les recettes régionales Taxes sur le carburant, octroi de mer), vont diminuer ce qui signifie que l’accompagnement prévu risque de subir ce contrecoup.
La dizaine de milliers de nos TPE subira elle aussi ce choc, car sans aide autre que des prêts remboursables, sans trésorerie, depuis un trimestre, ces entreprises, ne pourront pas tenir.
Alors que faire ? Quelle sera la solution miracle ? Dans l’immédiat force est de constater qu’elle ne tombera pas du ciel, mais cette crise est aussi l’occasion de revoir quelques fondamentaux. Quels sont-ils ?
1/ D’abord la priorité des priorités c’est l’autonomie alimentaire. Avant le Covid, plus de 80% de ce qui est consommé ici au quotidien, est importé et vendu dans les hyper-marchés Hayot et autres… Cela signifie qu’au plan agricole, il faut faire autre chose que cannes et bananes, des productions qui ont de moins en moins d’avenir au niveau mondial.
2/ Rappeler nos jeunes diplômés exilés (après leurs études) pour qu’ils reviennent en Guadeloupe au service du développement de leur pays. Encore faudrait-il que les conditions soient réunies pour ce retour.
3/ Au plan politique, et c’est fondamental, il devient aussi urgent de rompre les liens de la dépendance avec l’État colonial. Ce sera sans aucun doute le plus compliqué, car notre classe politique dans son ensemble, n’a toujours pas cette vision réaliste et courageuse. Elle croit encore naïvement que l’État français, restera ad vitam aeternam dans la posture du” papa blanc qui nourrit ses enfants batards”. La vision technocratique de Macron n’est pas celle-là. Borel et Chalus ont fait il y a quelques jours de nouvelles demandes au Président français : où sont les réponses ?
Il est certain, que cette pandémie, aura permis à bon nombre d’entre nous (durant le confinement) de se poser les bonnes questions, mais les réponses politiques tardent. Cependant, la réalité socio- économique des mois prochains risque d’être si tellement rude, qu’il deviendra impossible de la nier. Merci le Covid ?
Vos réactions sur :daniknews2@gmail.com