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En guise d'Edito. Un mort : La Martinique se Kanakise !
par Clara Maria
« La Martinique est dans une impasse et l’État regarde ailleurs », a écrit Serge Letchimy dans un courrier adressé à l’État français. J’aurais envie de lui rappeler, en écho aux mots de Jacques Chirac : « Prenez vos responsabilités et regardez chez vous ». Une énième journée de violence secoue la Martinique après que la Compagnie Républicaine de Sécurité (CRS) a sévèrement réprimé les manifestants dans les rues du Lamentin. Cette fois, c’est la commune du Carbet qui est touchée, avec pour conséquence l’incendie d’une gendarmerie. Un martiniquais a été tué.
La semaine du 7 octobre a débuté avec la blessure du Président du RPPRAC aux genoux et à la main. Dans des vidéos diffusées sur Internet, on aperçoit également un CRS porter des coups de poing à Aude Goussard, secrétaire du RPPRAC.
Dans une autre vidéo, un manifestant est filmé après avoir été blessé au cou. Cette fois, la violence policière est flagrante.
Pourtant, aucune communication n’a été faite par le Ministre de l’Intérieur français concernant ces images de brutalité des CRS. Il semblerait d’ailleurs que le ministre n’ait reçu aucune question de la part des médias sur ce sujet.
Peut-être était-il davantage préoccupé par le fait que l’État français est aujourd’hui incapable de payer le loyer des gendarmes. Cela révèle plusieurs choses.
Premièrement, l’effondrement économique de la France, confirmé par le Premier ministre Barnier lors de son discours de politique générale.
Deuxièmement, l’énorme dépense engagée pour envoyer des forces militaires dans ses colonies (Kanaky, Martinique, Guadeloupe). Cela démontre, de manière indiscutable, que la France est en guerre contre ses propres colonies françaises.
Le constat est sans appel : les élus locaux sont dépassés par les événements. Certains élus se sont exprimés quand ils n’auraient pas dû, tandis que d’autres sont restés silencieux lorsqu’il aurait fallu prendre la parole.
La stratégie du “politique bad boy” ne fonctionne pas face à des Afro-descendants qui n’ont plus rien à perdre. La véritable stratégie aurait été de se placer aux côtés du peuple et de partager le même ennemi. Cependant, certains ont préféré préserver leurs sources de financement de campagne. Ils oublient que c’est le peuple qui détient le véritable pouvoir, surtout lorsqu’ils se retrouvent dépourvus d’autorité réelle et ne font qu’exécuter des décisions provenant de Paris.
Cette même semaine, les députés martiniquais ont interpellé le gouvernement français au sujet de la vie chère en Martinique.
À l’écoute de leurs discours, il apparaît clairement que certains élus n’ont pas de vision politique durable pour leur pays. Il sera toujours difficile de réguler les marges bénéficiaires des entreprises et de s’immiscer dans le secteur économique tel qu’ils le proposent. À aucun moment, les élus martiniquais n’envisagent une évolution statutaire pour la Martinique.
La seule certitude que nous avons aujourd’hui est qu’ils n’ont pas l’intention de surmonter leur peur de l’émancipation pour le peuple martiniquais. Multiplier les tables rondes ne changera rien à l’impuissance des élus face à la colère des Martiniquais.
