Basse-Terre. Capitale. Vendredi 15 juillet 2022. CCN. Olivier Nicolas, ex-journaliste, militant socialiste. Au cours des dernières années a été Dircab à la Région (époque Lurel) puis a occupé le même poste au Conseil Général (époque Borel Lincertin) récemment élu secrétaire fédéral du PS français. Membre de la Direction Française du PS. Considéré par certains comme un bon stratège politique. A toujours été très proche de Victorin Lurel.
CCN : Quel bilan la fédération socialiste fait-elle, en Guadeloupe, des dernières élections françaises présidentielles et législatives ?
Olivier Nicolas (ON) : Le bilan est forcément contrasté. A la présidentielle, les socialistes font le plus mauvais score de leur histoire malgré une candidate courageuse mais, hélas, inaudible dans une campagne étrange que le président sortant a esquivée le plus longtemps possible. Comme tout le monde à gauche, nous avons payé « cash » le vote utile pour Mélenchon. Au second tour, il y a ce score historique obtenu par Marine Le Pen qui nous interpelle tous. Un score qui, à mon sens, n’est pas réellement l’expression d’une adhésion. Car si c’était le cas, Mme Le Pen aurait obtenu ce score dès le 1er tour. Mais, il y a un lepénisme décomplexé qui s’installe chez nous et qui prouve que la banalisation de l’extrême droite produit son oeuvre, ici comme ailleurs. Or, il faut le dire et le répéter : au-delà d’exploiter les colères citoyennes, le RN n’a pas les réponses crédibles et concrètes aux maux de la Guadeloupe.
Quelques semaines après, les législatives ont cependant livré d’autres enseignements. Dans un contexte de défiance XXL à l’égard du président sortant réélu, nos compatriotes se tournent encore vers la gauche. Et, j’ose le dire, principalement vers une gauche socialiste, progressiste et humaniste. Celle que nous incarnons et qui ne s’est pas compromise avec Emmanuel Macron. Et c’est là une vraie victoire.
Ainsi, 20 ans après que Victorin Lurel l’a conquise, nous avons gardé à gauche la 4e circonscription avec Elie Califer et de fort belle manière, malgré l’implication dans la campagne du des présidents de la Région et du Département et d’une moitié des maires de la circonscription, dont une majorité ont pourtant été élus en 2020. Dans la 2e, en faisant très tôt le choix du rassemblement de cette gauche socialiste et progressiste autour de Christian Baptiste, nous avons mis en difficulté la députée sortante au 1er tour, puis nous avons uni nos forces au second tour avec le candidat LFI Michel Tola et ce fut, au bout, une autre belle victoire. Je l’ai répété pendant toute la campagne dans chacune des 4 circonscriptions : la gauche gagne rassemblée. Et on voit bien, dans la 1e et la 3e, que nous avons collectivement payé le prix des divisions.
En définitive, ceux qui espéraient que ces législatives signeraient la mort du Parti socialiste devront encore patienter… Nous avons redressé la tête en ayant une parole claire sur notre volonté de construire une alternative de gauche à Emmanuel Macron au niveau national, et une alternative à ses soutiens ici. Bien sûr, une large part du travail de refondation est encore devant nous. Mais je préfère le conduire avec nos élus et nos militants sur cette lancée-là, avec le sentiment que nous sommes redevenus plus audibles.
CCN : On ne comprend pas très bien où se situent les 4 députés au sein de l’Assemblée nationale française ?
CCN : Pour Elie Califer et Christian Baptiste, le positionnement a toujours été clair : ils ont fait campagne à gauche en défendant le programme de la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale (NUPES). Logiquement, ils siègent donc au sein du groupe socialiste avec notre camarade Philippe Naillet, député de La Réunion et Johnny Hajjar du PPM, député de la Martinique.
Pour les deux autres parlementaires guadeloupéens, je peux comprendre votre interrogation car il y a eu tellement de revirements en quelques mois que l’on peut s’y perdre. Mais, en définitive, en choisissant de siéger dans le groupe Liberté Indépendant Outre-mer Territoire (LIOT) composé majoritairement de personnalité de droite et du centre, Olivier Serva et Max Mathiasin ont beaucoup navigué pour revenir aux sources originelles du macronisme : « et de gauche, et de droite » ; « ni de droite, ni de gauche » ; «dépasser les clivages »… Et qu’est ce que le macronisme sinon cet opportunisme politique parfois habillé de mots qui sonnent bien à l’oreille ?
Alors, bien sûr, s’est reposée la question de la création de ce fameux « groupe outre-mer » à l’Assemblée nationale que voulait à tout prix former Olivier Serva et qui n’a finalement pas vu le jour. Je sais qu’il m’en veut beaucoup d’avoir mis en évidence les obstacles juridiques et politiques que soulevait son projet et sans doute d’avoir aussi questionné publiquement ses arrières-pensées. D’ailleurs, depuis, je subis le feu roulant des attaques mesquines de ses obligés… Mais le constat est là : 22 députés ultramarins sur 27 n’ont pas voulu suivre Olivier Serva dans son entreprise et ils n’ont pas eu besoin de moi pour comprendre que l’objectif était de créer un groupe minoritaire qui n’aurait eu d’outre-mer que le nom, sans cohérence politique, où la liberté de vote est la règle, et dans lequel Emmanuel Macron et son gouvernement viendront piocher ça et là quelques voix pour composer les majorités dont ils auront besoin sur chaque texte. Aujourd’hui, 17 députés ultramarins siègent dans l’un des groupes de la NUPES. Pour avoir accompagné pendant 10 jours Elie Califer et Christian Baptiste à l’Assemblée nationale, je ne doute pas une seconde que ces députés travailleront très vite tous ensemble au sein de l’intergroupe pour défendre nos propositions partagées en matière de pouvoir d’achat, de financement des services publics, mais aussi sur le sort des soignants suspendus. Et, bien sûr, la délégation Outre-mer sera aussi un lieu de travail et de dialogue entre tous les parlementaires des outre-mer, ce qu’elle n’a pas été suffisamment entre 2017 et 2022.
CCN : L‘attitude de LFI n’a pas été très limpide chez nous, que faut-il en dire ?
ON : Il y a eu effectivement quelques positionnements qui ont pu surprendre. Cela tient peut-être au fait que, localement, les Insoumis n’ont pas le même fonctionnement qu’un parti traditionnel comme le nôtre. Ils revendiquent d’être un « mouvement gazeux » composé de groupes communaux sans structure régionale centralisée. Pour la campagne présidentielle, au service de Jean-Luc Mélenchon, cette organisation originale a été d’une redoutable efficacité. Aux législatives, en revanche, force est de constater que les stratégies divergentes des uns et des autres ont produit de la division en leur sein et, par conséquent, de la division au sein de la gauche. D’autant que certains insoumis n’ont pas perdu les vieux réflexes qui consistent à se tromper d’adversaire et à taper sur le parti socialiste en faisant mine d’oublier qu’au niveau national nous sommes désormais alliés au sein de la NUPES, et que nous le sommes parfois au niveau local. Nadège Montout et Michel Tola, par exemple, avec d’autres, sont dans une démarche constructive et nous continuerons, je l’espère, à travailler ensemble. En revanche, j’ai du mal à comprendre que les Insoumis de Basse-Terre n’aient pas soutenu Elie Califer après le 1er tour alors que nous sommes alliés au sein de l’équipe municipale de Basse-Terre.
CCN : Comment fonctionnent le GPS et le PS ? y a-t-il un « bornage » entre ces deux organisations ? le PS a-t-il la main sur le GPS ? Est-ce deux entités proches ou totalement différentes ?
ON : Il y a d’abord une distinction : la Fédération socialiste est un parti politique et le GPS est, pour l’heure, un groupe d’élus dans l’une de nos deux grandes assemblées : le Département. Dans ce groupe d’élus, il y a plusieurs élus socialistes, à commencer par son président Jocelyn Sapotille qui, certes, n’est plus membre de nos instances dirigeantes, mais reste attaché à notre section de Lamentin. GPS est donc – comme Péyi Gwadloup à la Région – une entité qui participe utilement au rassemblement des forces socialistes, progressistes, humanistes et écologistes que nous devons réussir pour construire un projet politique qui s’inscrit dans ces valeurs là. Nos démarches doivent être complémentaires et servir cet objectif. Personne n’a la main sur personne et nous avançons en lyannaj et, je crois, en bonne intelligence.
CCN : Le PS peut-il s’accorder avec GUSR ? à la veille du prochain congrès des discussions sont -ils possibles ?
Nous pouvons discuter avec tout le monde. Etre fermes et clairs sur nos valeurs et nos idées ne nous empêchera jamais de travailler avec d’autres forces politiques et de partager avec elles des objectifs communs. Nous ne sommes pas sectaires et nous savons que l’avenir d’un pays se construit toujours à partir de compromis pour rassembler le plus grand nombre. La question, en l’espèce, est plutôt de savoir si GUSR est disposé à travailler avec d’autres, maintenant que ce parti revendique d’assumer les responsabilités à la Région, au Département, dans 5 EPCI sur 6 et dans une majorité de communes. Et, jusqu’ici, nous avons eu quelques raisons d’en douter. En avril dernier, le président du Conseil départemental Guy Losbar avait décidé tout seul qu’il organiserait fin juin un congrès des élus départementaux et régionaux désormais élargi aux maires. Fort heureusement depuis, il a corrigé le tir en décidant de prendre le temps d’engager un un dialogue et un travail préalables avec l’ensemble des forces politiques. Car, on ne va pas tout de même pas relancer sans cesse des processus sans jamais tenir compte de ce qui a été fait auparavant. Je rappelle que ce sont les socialistes qui ont pris l’initiative de rouvrir le sujet de la gouvernance en 2019 par un congrès au conseil départemental en juin, suivi d’un autre au conseil régional en décembre. En faisant des propositions concrètes qui ont largement inspiré les résolutions votées à l’époque à l’unanimité, nous avons montré que nous ne sommes pas du tout la force conservatrice que certains décrivent. En revanche, c’est vrai, nous tenons compte de l’état de l’opinion, de sa défiance à l’égard des élus et nous pensons que nous ne pouvons pas avoir pour unique objectif de fusionner la région et le département en une collectivité unique, comme si rien n’avait changé dans notre organisation territoriale depuis 2003. Nous pensons aussi qu’à elle seule une évolution statutaire ou institutionnelle ne dit rien du type de société dans laquelle nous voulons vivre. C’est loin d’être un détail… Fin décembre 2021, lors du colloque du CAGI consacré à l’autonomie, au nom des socialistes, j’ai fait la synthèse de notre approche sur cette question de la domiciliation du pouvoir et j’ai transmis ce document à l’ensemble des forces politiques, dont GUSR qui y participait également. Seul Alain Plaisir du CIPPA m’a répondu. Mais je ne désespère pas qu’un dialogue finira par se nouer sur ces questions essentielles.
CCN : En France Mélenchon a tout de même réussi un rapprochement (même éphémère) des gauches) mais qu’en sera t-il pour la Guadeloupe ?
ON : La Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale qui s’est constituée autour de Jean-Luc Mélenchon est le résultat d’une prise de conscience que nous devons faire nôtre : divisée, la gauche court d’échecs en échecs. Vous dites que ce sera éphémère, moi je pense précisément l’inverse car on fait de la politique pour les électeurs et cette union de la gauche, ce sont nos électeurs qui nous la demandent. Dans l’Hexagone, comme chez nous. Chacun doit comprendre que nous partons tous de trop loin pour espérer que l’une de nos forces sera à elle seule majoritaire et hégémonique à court ou même à moyen terme. Il est donc urgent de se reparler, de se respecter à nouveau et de faire le point sur nos accords, nos désaccords, sur ce que nous voulons pour le pays et sur, surtout, les moyens d’en finir avec l’impuissance publique qui désespère notre population. Réduire les inégalités, combattre la pauvreté, remettre sur pieds nos services publics défaillants (eau, transports, déchets, santé, école), faire revenir nos jeunes au pays, changer notre manière de consommer, de nous déplacer, de construire et de vivre au pays pour mieux protéger notre environnement… ce sont là des problématiques qui appellent incontestablement des politiques de gauche. A nous de montrer collectivement avec des idées, avec une dynamique unitaire, en revenant vers le peuple, que nous sommes dignes de retrouver d’abord l’écoute, puis la confiance de notre population qui est en quête d’une espérance. Les 4 années qui viennent doivent être consacrées à ce travail. Nous y prendrons toute notre part, et en première ligne.
CCN : Avant votre élection, on a beaucoup dit que Lurel garderait la main sur la Fédération, qu’en est-il ?
ON : A cela, j’ai chaque fois répondu qu’on se méprenait sur la nature de ma relation avec Victorin LUREL. Ce n’est pas pour suivre Victorin Lurel que je suis rentré au parti socialiste. J’y ai adhéré 10 ans avant de le rencontrer et pour la petite histoire, j’ai fait mes premières armes militantes aux cotés de Jean-Luc Mélenchon et de Julien Dray au sein de la gauche socialiste, l’aile gauche du parti dans les années 90. Ce n’est donc pas Toto qui m’a forgé ma conscience politique. En revanche, nous avons ensemble une relation de complicité intellectuelle, de confiance et de loyauté absolues qui s’est construite sur deux décennies durant lesquelles j’ai beaucoup appris. Loin d’être une contrainte, ce lien est une vraie liberté qui me permet de penser et d’agir par moi-même dans un collectif – notre Fédération – au sein duquel Victorin Lurel conserve une place éminente et active au regard de son expérience, de sa fidélité au parti, de sa vision et de son ambition pour la Guadeloupe. La transmission qu’opère Victorin Lurel depuis quelques mois est, de ce point de vue là, assez exemplaire en politique. Cela n’est pas assez souligné. Pour le reste, qu’on me juge à mes actes ! Et cela viendra très vite puisque nous aurons dans les tout prochains mois un congrès. Je remettrai démocratiquement mon mandat entre les mains des militantes et des militants qui diront s’ils souhaitent que je poursuive ma tâche. D’ici là, nous lancerons très prochainement une campagne d’adhésion, nationale et locale, car nous avons un besoin vital de renouveler nos cadres, de les rajeunir et de les féminiser.
CCN : On parle déjà des sénatoriales à la Fédération ? en quels termes ? Chalus fait déjà la tour des communes ? Que prévoit la fédération ?
ON : Par définition, un parti politique prépare toutes les échéances électorales et la prochaine, c’est effectivement le renouvellement de nos sénateurs en septembre 2023. Nos sénateurs sortants Victorin Lurel et Victoire Jasmin iront bientôt à la rencontre des grands électeurs pour faire un bilan de leur mandat qui été riche et utile pour la Guadeloupe dans des conditions pourtant très difficiles pour les parlementaires de l’opposition. Nous déciderons ensuite collectivement comment aborder cette élection en discutant avec nos partenaires. Nous aurons à convaincre qu’il faut encore des parlementaires socialistes d’expérience pour représenter et défendre la Guadeloupe et les Outre-mer dans une période où il y aura sans doute des orientations cruciales à prendre pour l’avenir.
CCN : Comment la fédération entend-elle lutter contre la progression des idées lepénistes et l’abstention récurrente ?
ON : Ces deux défis se rejoignent dans notre esprit en un seul et même objectif : en finir avec l’impuissance publique et convaincre notre population que la politique peut tout à la fois améliorer leur vie et faire progresser la Guadeloupe. Pour y contribuer utilement, nous devons ouvrir les portes et les fenêtres, aller à la rencontre des forces vives, redevenir un lieu de partage d’idées et d’éducation populaire où on apprend à partir du réel pour aller vers l’idéal. Depuis quelques années, sans que cela soit spécifique à la Guadeloupe, notre débat public s’est abîmé dans une forme de médiocrité. Cela semble arranger certains responsables politiques qui pensent continuer à prospérer dans un univers où toutes les opinions se valent, où l’on peut défendre tout et son contraire, ou bien passer d’une opinion à l’autre, sans trop se soucier de cohérence, qu’elle soit politique ou intellectuelle. On pense que répéter « j’aime la Guadeloupe » suffit à définir une ligne politique ou un projet pour l’avenir. C’est à la fois tellement commode et tellement vide. C’est pour moi l’une des raisons premières de l’abstention. On a aux responsabilités des élus qui demandent à conduire le pays sans jamais dire vers où, ou vers quoi. Alors quand, en plus, les politiques publiques menées s’avèrent inefficaces, comment attendre en retour une mobilisation des électeurs ? Les citoyens pensent que les politiques font leurs affaires dans leur coin, alors les citoyens font aussi leurs affaires et dès qu’ils le peuvent, ils sanctionnent. Les partis doivent donc se remettre au travail et le mien a, je crois, compris cette nécessité. Ceux qui aspirent à diriger le pays demain doivent aussi se remettre au travail et proposer autre chose que « mon parti c’est la Guadeloupe ». Nous devons aussi retrouver le goût de débattre, d’échanger des arguments et d’entendre la contradiction qui peut empêcher de dire n’importe quoi sur n’importe quel sujet. Parce que se mettre dans sa voiture et faire des vidéos pour partager SA vérité avec ceux qui pensent déjà comme vous, ce n’est pas débattre. D’ailleurs vous aurez noté que ceux qui font ça à longueur de journée ne proposent pas grand chose. Ce sont des imprécateurs qui ratiocinent et nous tirent vers le bas. Moi je crois encore que la politique peut s’adresser à ce que nous avons de meilleur en nous et qu’elle peut changer la vie.
CCN : La création de la FRUI-G puis du GUSR ont été une réaction contre les ordres PS qui venaient de Paris. La fédération PS reste soumise aux décisions de la direction française du PS ?
ON : J’étais encore au lycée au moment de la scission qui a donné naissance au GRAP-G puis à la FRUI-G et j’ai bien compris que cette accusation de soumission à Paris est l’une des composantes de la légende construite à l’époque. Mais on voit bien que ça n’a jamais été aussi simple et surtout ce n’est pas du tout la réalité aujourd’hui. Notre lien organique avec le Parti socialiste est incontestable et nous le revendiquons d’autant plus facilement que c’est bien davantage Paris qui est à notre écoute sur les matières qui relèvent de notre responsabilité et de notre intérêt. Je n’étais pas encore à la Fédération avant cette période, mais quand Victorin Lurel a accédé à des responsabilités nationales à partir des années 2000, les choses ont été claires : Paris ne décide pas à notre place. Ni pour les investitures qui se décident chez nous, ni pour les programmes qui sont élaborées depuis nos territoires. Quand nous étions au pouvoir entre 2012 et 2017, il y a eu des moments où Toto a tapé du poing sur la table : sur la construction de notre nouveau CHU, sur le financement du cyclotron, par exemple, sur la régulation du prix des carburants ou encore sur le financement du MACTe. Je peux témoigner que ces échanges là étaient tout sauf de la soumission parce que même avec des camarades, il faut savoir instaurer un rapport de force. C’est comme cela qu’on se fait entendre. A mon tour, je suis aujourd’hui secrétaire national aux Outre-mer depuis 9 mois et ce que notre Premier secrétaire Olivier Faure attend de nous, socialistes de ces territoires, c’est que nous alimentions les programmes avec nos idées et nos expériences locales. Il sait que nous sommes les meilleurs experts de nous-mêmes. Donc non, il n’y a pas de soumission, mais un lien transparent qui ne prend pas les citoyens pour des idiots. Parce qu’à l’inverse, on a pu observer, particulièrement sur la période récente, que ceux qui prétendent être un « parti guadeloupéen » ont des liens plus obscurs qui se gèrent entre amis à Paris sous les lambris des ministères ou à l’Elysée. Pendant presque tout son quinquennat, Emmanuel Macron a pu dérouler ici sa mauvaise politique dans le silence parfois gêné mais le plus souvent complaisant de ses soutiens locaux. Certains ont quitté le navire à quelques semaines de la sanction électorale qui se profilait, mais il s’est trouvé tout de même 35 élus pour parrainer le président sortant. Tous venant du parti guadeloupéen qui nous donne des leçons d’autonomie par rapport à Paris depuis 30 ans. Il y a un moment où, au-delà de la perception de la réalité, il faut voir la réalité.