Guy Losbar sur la route du nationalisme Gwadloupéyen ?
Dans le camp des patriotes et nationalistes gwadloupéyen, la surprise fut de taille, en ce joudlan, jour de l’an 2024. Nous n’en croyions pas de nos yeux. Guy Losbar, le président de l’ex-futur Conseil Général présentait ses vœux pour la nouvelle année 2024 avec en arrière-plan un drapeau gwadloupéyen, le rouge-jaune-vert, émergeant du bleu-blanc-rouge français et de l’oriflamme de l’EU.
La réaction fut immédiate sur les réseaux sociaux. Dans les têtes nationalistes, les questions se bousculaient à foison. Résumons. Pourquoi le président de l’une des collectivités dites « majeures » de la Guadeloupe, lui-même très proche de la macronie osait ainsi s’afficher avec notre drapeau national ? Démagogie, coup de buzz en mode Letchimy ou une manière de se rapprocher du camp des patriotes ? Toutes les hypothèses ont été évoquées. On s’est aussi rappelé que le 27 mai dernier, jour de la commémoration de l’abolition de l’esclavage, Jean-Marie Hubert, le maire de Port-Louis, 1ervice-président de La Région Guadeloupe et accessoirement nationaliste historique, avait lui aussi hissé le drapeau national gwadloupéyen sur le frontispice de sa mairie. Le représentant en Gwadloup de l’État français n’avait pas eu l’air d’apprécier. Le drapeau avait disparu puis était finalement réapparu.
S’agissant de Guy Losbar, l’histoire est autre. L’actuel président de l’ex-futur Conseil Général prôe depuis quelques années une « domiciliation du pouvoir ». Kezako ? Une forme d’autonomie qui ne dit pas vraiment son nom ? C’est sans doute cela. Répondant à une question de CCN, en juillet dernier, Guy Losbar disait déjà ceci : « la domiciliation du pouvoir est une forme d’autonomie car cela nous permettra d’être en mesure de prendre nous-mêmes nos décisions ».
Mais l’autonomie de Guadeloupe unie, solidaire et responsable (GUSR), le parti de Guy Losbar, est-elle compatible avec celle que propose le Parti communiste guadeloupéen (PCG) ?
Pour le moment, les marxistes guadeloupéens ne disent pas autre chose. Pour s’en convaincre, revenons sur les propos de Christian Céleste sur le sujet.
« La démarche du Parti Communiste Guadeloupéen pour gagner l’Autonomie de la Guadeloupe a toujours été très claire. Elle tire sa légitimité de l’existence d’un Peuple guadeloupéen, d’une nation guadeloupéenne, distincte du Peuple français et de la nation française. Elle s’appuie sur le droit inaliénable des peuples à leur libre disposition. Un droit reconnu par la charte de l’ONU » et de préciser que l’autonomie préconisée par le PCG englobera, entre autres, des compétences en matière de développement et d’aménagement du territoire, de commerce intérieur et extérieur, de la réglementation du crédit et de l’épargne, de fiscalité et de douane, du contrôle de la fonction publique, de la police et de l’administration judiciaire, etc.
S’agissant des organes et institutions politiques, l’autonomie vue par le PCG est une assemblée délibérante élue au suffrage universel direct à la proportionnelle intégrale qui votera « des lois dans les matières relevant des compétences de la collectivité autonome ». Un exécutif élu à la proportionnelle l’assemblée sera responsable devant elle ».
Le GUSR de Guy Losbar n’est pas encore à ce stade de la réflexion de l’autonomie du PCG et petit détail mais qui a son importance, les communistes guadeloupéens n’ont pas adopté l’actuel drapeau national gwadeloupéen.
Sur la question de l’avenir politique de la Gwadloup, une autre organisation parle aussi d’autonomie mais pas que. L’Alyans nasyonal Gwadloup (ANG) qui regroupe en son sein à la fois des indépendantistes historiques en provenance de l’UPLG et du FKNG mais aussi des autonomistes a très vite adopté le drapeau national. Mais l’ANG est-elle pour autant proche de la « domiciliation du pouvoir » aux contours flous souhaitée par le GUSR ?
Dans la charte de l’ANG, il est clairement écrit que « l’objectif est la pleine souveraineté de [notre] Guadeloupe ». Les faits sont têtus. L’ANG prône l’autonomie mais se dit aussi partisane de la pleine souveraineté. « Une position stratégique quelque peu ambiguë, an fit é fant, permet à l’organisation favorable à la participation aux élections françaises organisées en Gwadloup de ratisser large.
On s’en rend bien compte que l’ANG et le GUSR de Losbar ont tout de même en commun le drapeau national et aussi, à la marge, la question de l’autonomie. En « légalisant » à sa manière toute subliminale le drapeau national, Losbar vient d’ouvrir une fenêtre vers l’ANG. Cela peut signifier que lors des prochaines élections municipales ou régionales, des accords de second tour pourront si besoin être négociés entre ces deux organisations. C’est en cela que le drapeau national mis en lumière par Losbar n’est pas un fait anodin. Et puis, il nous faut ici rappeler cette question posée par CCN, en juin 2023, à Guy Losbar.
« CCN : Asi poblèm a drapo nasyonal gwadloupéyen-la, ka‘w ka di ?
Guy Losbar : Drapo-la,nou mété ‘y, é nou di nou kay met on “commission” ki ké kabéché si sa. Ni drapo-la, ni osit im-la é tout sé biten-lasa…. kalanswa pep-la, péyi-la, téritwa-la, i fo i ni dé “marqueurs” ki ka fè ou pé di ou sé on Gwadloupéyen… an ka palé osit dè idantité-la, dè mès é labitid-annou, ki fè lè on moun vwè i pé di, sa sé on Gwadloupéyen é drapo-la kay an sans-lasa ! »
Es nou pé di Lòsba koumansé pwan on dòt chimen ? . Ainsi, ira-t-il jusqu’à hisser le drapeau national sur l’ex-Conseil Général ? Wait and see.
DZ
Décryptage d’orfèvre de la part de Danik. Communication, images, symboles et trouvailles se convergent vers la sédimentation d’une conscience statutaire responsable.
il fallait lire “convergent vers…” et non “se convergent vers”….