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La société Antillaise va bientôt changer brutalement : Attention au réveil du volcan social !

La société Antillaise va bientôt changer brutalement : Attention au réveil du volcan social !

Pawol Lib (Libre Propos) est une nouvelle rubrique de CCN. Notre rédaction propose donc à tous les progressistes qui le souhaitent un espace de communication, une tribune dont le but principal est de porter une contribution au débat d’idées qui fait cruellement défaut dans notre pays. Les points de vue exprimés dans « Pawol Iib » n’engageront pas nécessairement la ligne éditoriale de CCN mais il nous semble indispensable que les intellectuels, la société civile aient la possibilité de pouvoir très librement opiner dans nos colonnes. Cette fois, Jean Marie Nol qui nous soumet son billet.

Nous moderniserions-nous dans le mauvais sens sans nous en rendre compte ?

Ce phénomène de mutation de la société Antillaise est en effet extraordinaire parce que contradictoire. D’un côté, la société Martiniquaise et guadeloupéenne a profondément évolué dans la décennie.

La baisse de la population de la Martinique et la Guadeloupe se poursuit (environ moins 20 000 habitants en dix ans) et menace le dynamisme de ces territoires d’outre-mer.

Par ailleurs, nous ne vivons plus de la même façon. Les mariages, par exemple, ont diminué de moitié alors que cette institution séculaire semblait inébranlable.  Une étude inédite dévoilée par l’Insee révèle la composition familiale dans les départements français, hors Mayotte.

Contrairement à l’Hexagone, la famille traditionnelle composée d’un père et d’une mère et d’un ou plusieurs enfants mineurs, est devenue minoritaire en Martinique et Guadeloupe . En effet , près de 60% des enfants vivent dans une famille monoparentale. Le parent qui s’occupe des enfants est en général la mère. L’âge des enfants dans les familles monoparentale peut être inférieur à trois ans, ce qui est rare dans le reste de la France, où l’âge des enfants vivant dans une famille monoparentale se situe aux alentours de 12 ans. C’est là un facteur important d’appauvrissement de la famille Antillaise. Notre société est soumise à une évolution très rapide, et nous aurons en pire les mêmes problèmes d’adaptation que la société française actuellement confrontée à la désespérance sociale . D’ailleurs, le même phénomène se reproduira en Martinique et en Guadeloupe de manière amplifiée car notre système traditionnel de l’assistanat est si profondément ancré que nous ne parvenons pas à le modifier sans risquer de mettre le feu aux poudres sur le plan social. Notre culture politique et administrative n’est plus adaptée à l’époque, époque que nos élites refusent de voir telle qu’elle est. Résultat, l’écart entre la société et ses dirigeants politiques et économiques s’agrandit à mesure que le temps passe. La société Antillaise va bientôt changer à toute vitesse et nous continuons à penser et agir suivant les vieux schémas d’un passé révolu. D’ailleurs d’après l’IEDOM la croissance va marquer le pas en Martinique dans les prochaines années. L’IEDOM de Martinique a publié fin décembre 2019 ses Tendances conjoncturelles pour le troisième trimestre 2019. Au cours de cette période, l’indicateur du climat des affaires, qui traduit l’opinion des chefs d’entreprise interrogés, se rétracte pour la première fois depuis un an, à 101,5 points (-3,3 points).  Ce ralentissement de l’ICA est principalement dû à la détérioration des prévisions des chefs d’entreprise qui anticipent une dégradation prochaine de l’activité, des effectifs et dans une moindre mesure des charges d’exploitation.  Cette situation économique ne devrait pas connaître d’amélioration dans la décennie, dans la mesure où bientôt toutes les actions et réformes du gouvernement seront conduites à partir d’une seule problématique de réduction des dépenses sociales et ce dans une optique uniquement comptable et financière. Cela passera nécessairement par des économies budgétaires drastiques et notamment la réduction de la dépense publique . Partout en France, il va falloir faire des économies d’échelles surtout dans la sphère sociale et donc en Martinique comme en Guadeloupe on devrait assister à une baisse sensible des transferts publics vers 2025. Déjà, cela change au niveau de notre pouvoir d’achat avec les hausses exponentielles des impôts locaux constatées dans beaucoup de communes avec les déficits devenus incontrôlables en Martinique et Guadeloupe . Par ailleurs, Bruno Le Maire a dévoilé son intention d’abaisser le taux du livret A à 0,5 % au lieu de 0,75 % actuellement. Le gouvernement tente une fois de plus d’encourager les épargnants à diversifier leurs placements et à prendre plus de risques. Ici encore, on constate un appauvrissement des petits épargnants.

Les épargnants vont continuer à faire grise mine. Cette décision passe mal, alors que la mobilisation demeure importante contre une réforme des retraites qui promet un virage vers davantage de capitalisation, s’appuyant sur la loi Pacte dont l’une des innovations est d’avoir créé un nouveau plan d’épargne retraite (PER). Vu cette situation, dans quelques années seuls les plus riches en profiteront et pourront se constituer une retraite confortable.  Le numérique menace notre modèle économique et social actuel, car il connaît une croissance exponentielle et son empreinte sociale et environnementale également. Avec la multiplication des équipements connectés et des usages, ce n’est pas près de s’arrêter, car l’automatisation, la robotisation et plus généralement, l’innovation technologique vont changer la nature de l’économie en Martinique et Guadeloupe .

Est-elle une source de danger pour le marché local du travail ?

Selon les travaux du Conseil d’orientation pour l’emploi, 10% des emplois en France présente un risque élevé de remplacement par des robots et/ou des logiciels. Près d’un emploi sur deux devra évoluer et se transformer.

En ce qui concerne les compétences, l’innovation technologique est plutôt favorable au travail qualifié, en ce qu’elle conduirait à remplacer des tâches habituellement réalisées par des travailleurs peu ou pas qualifiés par des emplois exigeant des qualifications plus élevées.

De ce constat au jugement de valeur, il n’y a qu’un pas… Qui aura le courage politique de porter en Martinique comme en Guadeloupe, un nouveau modèle de développement économique et social comprenant un programme d’éradication de la vie chère, de la baisse de la pression fiscale, de réduction des inégalités, de stopper l’assistanat, de mettre un frein à une immigration mortifère en provenance des pays pauvres de la Caraïbe, d’endiguer l’enrichissement des plus riches, d’empêcher l’accumulation du patrimoine et des diplômes dans un petit nombre de mains ?

Le cynisme des plus favorisés n’a également plus de limite comme on l’a vu dans l’affaire du chlordécone, et cela engendre des tensions au sein de la société Antillaise . Une partie des élites culturelles et politiques protestent contre le pouvoir de l’argent mais vivent bien et placent habilement leurs enfants dans les « bonnes » écoles où règne une concurrence effrénée. Notre modèle élitiste actuel est défendu par ceux qui, de droite mais au moins autant de gauche, n’ont aucun intérêt à ce qu’il change. Casser les stéréotypes en permettant à chacun de devenir calife à la place du calife sans remettre en cause les rapports de domination dans l’économie entre individus resterait très insuffisant.

Le 20e siècle a vu la montée d’une large classe moyenne en France comme aux Antilles, à la fois en termes de revenu et de patrimoine.  Sans présupposer d’un futur dont nous sommes les acteurs, une tendance semble se dégager du chaos à venir : la remise en cause de cette classe moyenne élargie.

La concentration des richesses qui s’accélère s’accommode de plus en plus mal de cette masse d’individus qui souhaite préserver un bien-être et un confort matériel difficilement acquis. Le contexte de départementalisation qui a présidé au saupoudrage de la richesse aux Antilles change peu à peu sous la pression du libéralisme et de la globalisation : Serait -t- il temps d’enterrer la classe moyenne de la Martinique et de la Guadeloupe et ses aspirations de progrès économique et social devenues obsolètes avec les transformations en cours de la société française ?…

En fait, dès 2020 nous nous dirigerons vers une forme de précarité civilisationnelle de la classe moyenne en Guadeloupe et Martinique. Cette dernière devra faire face à la déstabilisation de son statut, une paupérisation de ses conditions de vie avec la hausse des impôts locaux et le renchérissement de la vie chère, des tensions croissantes sur sa consommation, un stress au travail qui s’accroîtra avec le numérique, mais aussi une forme de marginalisation politique avec l’irruption sur la scène politique des populistes et activistes de tout acabit.

La « nouvelle classe moyenne salariée » de la Guadeloupe et surtout de la Martinique vieillissante aura bientôt le sentiment de laisser la proie pour l’ombre. Demain, pour conserver sa place, le citoyen de la classe moyenne aux Antilles devra s’adapter en permanence et réinventer une nouvelle société qui demandera un capital culturel important et surtout homogène en matière de formation professionnelle, une vision du développement économique solide, des politiques publiques performantes.

Ce sont ces atouts qui permettront de conserver une capacité de résilience dans le futur menaçant de la décennie actuelle.

Jean marie NOL

PS: Cet article bien sûr n’engage que son auteur. On ne comprend pas bien ce qu’il entend par « émigration mortifère ». Nol a le mérite d’ouvrir un débat ;

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