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Peut-on décoloniser la Gwadloup?
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C’est une question qui paraît absurde ? mais que je me dois de la poser car la décolonisation semble être devenue une thématique totalement taboue dans la classe politique actuelle.
Jusqu’à la fin des années 70, des élus tels que Hégésippe Ibéné, Gerty Archimède, et plus tard Ernest Moutoussamy tous membres du PCG abordaient cette question ; La convention de Morne Rouge qui avait rassemblé les partis communistes des dernières colonies françaises avait affirmé le mot d’ordre de ces partis pour l’autonomie démocratique et populaire qui était un petit pas vers une remise en question de situation coloniale.
Et puis après le chiraj intervenu au sein du PCG, précisément sur la question de l’indépendance nationale de la Gwadloup, et la création de PPDG des Bangou et Génies, la décolonisation a disparu du narratif des parlementaires.
Il faut aussi rappeler que l’État français en faisant en 1946 de ses dernières colonies, des “départements français” sortait nos pays de la liste ONU des pays à décoloniser.
Les parlementaires des années 2000 quant à eux ont définitivement zappé cette terminologie : qui a entendu Moustache, Jean Louis, Bangou, Carabin, Jeannie Marc Chammougon, Vainqueur, LMC, Chalus, Serva, Baptiste, Lurel, Théophile, Bénin, Mathiasin, Califer..parler de décolonisation dans les parlements français ?
En fait, les parlementaires ont consciemment accepté que la Gwadloup était ad vitam eternam et donc définitivement un “morceau de la France” et comme ils aiment à dire “nous sommes des ultramarins”. Dans leur tête, la colonisation est terminée, donc ils ne peuvent en aucun cas parler décolonisation, puisque la Gwadloup pour eux est un “département français” croient-ils. Est-ce à dire que ces élus ne se rendent pas compte (ou préfèrent ne pas s’en apercevoir) que les rapports de notre pays, malgré les miettes octroyées ici ou là, sont toujours coloniaux. Les 2 assemblées majeures : Région et Département ont-elles la main sur les décisions importantes en matière d’éducation de fiscalité, d’entrée dans les organisations caribéennes telles que le Caricom, peuvent-elles pour faire baisser le prix du carburant, intégrer PetroCaribe, peuvent-elles supprimer les négatives list dans les échanges commerciaux avec la Caraïbe ? Bien entendu des experts tels que Pierre-Yves Chicot, se font un plaisir de rappeler régulièrement que la constitution française (Article 73) offre certains “aménagements” en fonction de nos “spécificités” mais tout cela reste sous le contrôle de l’Etat colonial le “maître et décideur”. En résumé, la question de la décolonisation a non seulement disparu du vocabulaire politique, mais a été totalement éradiquée. Des partis tels la fédération socialiste de Guadeloupe, encore sous la main de Victorin Lurel sont radicalement opposés à toute forme sortie de la domination coloniale. Il faut dire que la fédération du PS de Guadeloupe est un parti franco-français qui a toujours été depuis sa création opposé à la décolonisation. Qu’on pense à sa position pendant la Guerre d’Algérie.
La conséquence majeure de ce refus de la classe politique de se positionner contre la colonisation entraîne la même attitude au sein du peuple. Car les batailles électorales, ne sont jamais que des combats pour des postures politiciennes. L’an prochain, il suffira de suivre les campagnes pour les municipales, pour vérifier que la question de la décolonisation n’est pas et ne sera pas à l’ordre du jour.
Pourtant le pouvoir colonial reste sur ses gardes et demeure véyatif.
Dans les années 90, quand l’Alliance Révolutionnaire Caraïbe ( ARC) avait mis la pression sur l’Etat avec de nombreux attentats. Le gouvernement Mitterrand a alors fait mine de vouloir “négocier” une trêve avec l’ARC. Sauf que pour troubler ces possibles négociations, des militants de l’UPLG de l’époque mal inspirés, ont posé des bombes et ont perdu 4 militants. Il ne fallait surtout pas que l’ARC puisse être en mesure de s’asseoir à une table de négociation avec l’Etat colonial.
En 2009, quand des milliers de gwadloupéyen ont envahi les rues et bloqué le système, se sentant en danger; L’Etat avait dépêché sur place Yves Jégo Ministre des colonies pour trouver une solution. Sarkozy aussi s’est déplacé…
En Novembre 2021, pendant le crise du covid, on a vu débarquer Sébastien Lecornu le ministre des colonies de l’époque qui a même parlé “d’autonomie” mais sa parole n’a eu aucun écho dans la classe politique.
Nous en sommes là !
Dans le camp nationaliste, depuis la fin des années 90, le combat pour la décolonisation continue mais son intensité est très faible au sein du peuple.
L’ANG, l’organisation anticolonialiste la plus “récente” qui est à la fois autonomiste et indépendantiste, n’a pas la crédibilité nécessaire, qu’ont eus dans le passé l’UPLG, le MPGI et L’ARC.
Le PCG très affaibli numériquement, absent de toutes les représentations politiques, n’a pas la voix des années 60.
L’UPLG qui fut l’ORGANISATION nationaliste des années 80/90 a aussi beaucoup perdu de son audience populaire.
Le FKNG demeure très groupusculaire.
Donc ces organisations ne peuvent vraiment pas porter à la dimension nécessaire, et populaire le combat pour la décolonisation.
Le LKP de Domota, lui aussi s’est considérablement affaibli, et ne semble pas prêt à rejoindre le camp des autres organisations nationalistes.
La question de la décolonisation reste en ce moment juste une idée. Peut-être que si demain ou même après-demain, il y a une unité de ces organisations au sein d’un Front Uni, la classe politique traditionnelle pourrait (?) revoir son discours, et sa position…mais on comme on dit chez nous
Bod lanmè..lwen!