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Sénégal. Carnet d’un voyage 2ème jour à Gorée.

Carnet de voyage Gorée 2

Sénégal. Carnet d’un voyage 2ème jour à Gorée.

Dakar. Jeudi 16 juin 2022. CCN. Nous voilà en route pour l’Ile de Gorée… une joie intense et en même temps une légère appréhension de pouvoir être submergée par les émotions tant on nous a vanté ce ressenti qui envahit celui qui foule le sol de Gorée. Pour éviter la foule des touristes, le choix était vite fait ! Il faut dormir sur place, profiter du coucher de soleil et de la population de l’île, qui après le départ des visiteurs, ose enfin se réapproprier sa terre. 2ème jour à Gorée.

Deborah Vey envoyée spécial de CCN

Pourtant c’est dans un lit douillet que je me suis réveillée le lendemain matin aux alentours de 7h50 persuadée qu’il était à peine 6h. La brume de sable, que les dakariens appellent la poussière est très présente. Omar avait dit qu’il serait là à 8h30… Allez vite à la douche !

Au petit déjeuner, je croise des voyageurs français, avec qui il est intéressant de partager quelques anecdotes. Ils repartent aujourd’hui pour se rendre à St Louis, ville importante du Sénégal. Il s’y déroule actuellement un Festival de Jazz très réputé où notre Sonny Troupé international joue cette année en compagnie de Sélène Saint-Aimé, une jeune et talentueuse contrebassiste.

Oups 8h40 ! Je prends rapidement congés de mes voisins, je récupère mon sac à dos et aussitôt me retrouve dehors sur le perron où Omar attend sagement…En remontant la ruelle qui mène à la place de l’embarcadère, je constate que les goréens sont déjà au travail.

Un monsieur d’un âge avancé assis parterre, enfile des colliers de perles, une vendeuse nous invite à jeter un œil sur les vêtements qu’elle propose. Sur le quai, se prépare l’arrivée d’un représentant de l’état, pour la journée internationale de l’environnement.

Le Maire de Gorée travaille ardemment pour que l’environnement de l’île soit respecté. Nous discutons d’ailleurs avec un jeune qu’Omar connait et apprécie, qui nous explique les moyens logistiques mis en place pour arriver à préserver l’île.

Un groupe de musiciens est attroupé sur le quai et s’entraine pour l’accueil réservé aux personnalités qui descendront d’ici de la chaloupe de 10h. Certains d’entre eux ont des instruments carrés ayant pour fonction celle d’un tambour avec une sonorité différente. Il s’agit en réalité des anciens tambours de Gorée, appelé Asiko, monté sur cadre et recouvert d’une peau de mouton. Nous les écoutons gérer la « balance », puis nous nous dirigeons en direction du grand cœur rouge pour jouer aux touristes avec la photo inoubliable.

Souhaitant échapper à la foule qui ne saurait tarder, nous partons vers la maison du gouverneur pour revoir les toiles de nos artistes guadeloupéens avec une lumière différente de la veille . Quelle aubaine et quelle belle surprise ! Corentin Faye, que je croyais repartit est là ! L’une des ailes de ce bâtiment est devenu son atelier. A notre arrivée, il était en train de rafraichir l’une de ses anciennes toiles, dont la dominance de bleu est perçante. Le contact passe très vite, et il me fait visiter son atelier et les quelques toiles qu’il a produites à Dakar. Son travail est vraiment intéressant et prometteur. Nous nous promettons de nous revoir en Guadeloupe quand il rentrera pour discuter plus amplement de son travail.

En partant, Omar prononce quelques paroles peulh, comme une bénédiction protectrice sur le lieu où Corentin exerce. Omar est un descendant du peuple peulh en plus d’être un fervent croyant. J’ai de l’admiration pour ce garçon qui s’est formé en autodidacte au métier de guide. Il ne détient aucun diplôme certes, mais il a eu un mentor, dont il n’hésite pas à citer le nom tant il est reconnaissant envers lui. A chaque coin de ruelle lorsqu’il croise un habitant de l’île qu’il salut, chacun répète la même chose : Omar c’est le meilleur ! Vous ne pouviez pas trouver mieux ! Avec humilité il remercie d’un signe de tête ces personnes et poursuit sa route.

Il est 10h et c’est l’heure à laquelle la maison des esclaves ouvre. Nous sommes sur place quand le gardien des lieux, nous dit qu’il n’est pas possible de visiter la maison des Esclaves , car ce matin il y a une visite privée avec les officiels qui sont sur l’île pour la journée internationale de l’’environnement.

Zut alors ! Je ne suis pas venue jusqu’ici pour ne pas voir ce sanctuaire… Omar me rassure et me dit que nous devrons être sur le lieu à 14h30 pour éviter les bains de foule de touristes. Pour lui, c’est la bonne heure, car les gens digèrent à cette heure !

Nous poursuivons donc notre chemin et arrivons devant un autre lieu d’exposition de la biennale d’Art contemporain d’Afrique 2022. Il s’agit de la « Kheur Khadija- la maison des tout petits ».

Dans cette maison qui porte le nom de la jeune femme qui a tant désiré cet endroit, nous sommes accueillis par Fallou Dolly, artiste peintre et père de  Khadija décédée il y a environ 5 ans. Nous pénétrons une petite cour intérieure où règne une certaine fraicheur. « La maison des tout-petits » qui a vu le jour en 2015, accueille les enfants de Gorée livrés à eux-mêmes alors que les parents s’efforcent de gagner leurs vies avec l’activité touristique de l’île.

Cette école possède une ludothèque, une bibliothèque et une cinémathèque, que Fallou était fier de nous faire découvrir. Cet endroit a pour mission d’éveiller les enfants au goût de l’apprentissage, de les rendre curieux et créatifs au travers des arts, du sport et cela toujours dans le souci de préserver l’esprit ludique.

Fallou m’explique que son rêve et surtout celui de sa fille, est de faire en sorte que ce modèle soit dupliqué à Dakar où les enfants sont parfois dans des situations bien plus difficiles que celles de Gorée. A Dakar, il m’est arrivé de voir une jeune maman pousser son enfant vers les voitures arrêtées au feu ou dans les embouteillages incessants de la ville, pour qu’ils puissent mendier quelques pièces ou billets aux automobilistes.

Cet endroit et ce projet me plaisent… C’est peut-être ici que je viendrai posé mes valises un jour … qui sait.

Après avoir longuement échangé avec Fallou, je décide de m’intéresser aux œuvres exposées.

Les photos en noir et blanc des enfants de Gorée sont très belles et dégagent quelque chose de particulier.

Nous nous rendons ensuite au centre socio-culturel de Gorée, jolie bâtisse en pierre qui ressemble à une arène, un théâtre à ciel ouvert… sur les murs sont posées les œuvres d’Hélène Jayet plasticienne française d’origine malienne aux multiples facettes professionnelles.

Nous regagnons la route pour nous rendre au Castel. Ah ! j’ai oublié de préciser. Il n’y a pas de voiture à Gorée. Tous les déplacements se font en « BM double-pieds » !

Nous passons devant le vendeur de tableaux d’hier soir , qui me reconnait immédiatement, et me rappelle que j’avais promis de venir voir les tableaux représentant des baobabs, arbre sacré très présent à Gorée.

Arrivés sur le point culminant de Gorée, nous constatons qu’il y a des classes d’école qui ont fait le déplacement. L’endroit ne ressemble en rien à celui que nous avons découvert la veille au soir, où régnait le silence des habitants de l’île.

Omar comprend très vite que nous devons fuir l’endroit. Je n’aime pas vraiment le bruit et le brouhaha incessant … Il emprunte alors un petit chemin de tuf qui longe la mer. Il n’y a personne, là. C’est le calme comme je l’aime … seules les vagues de l’Atlantique, viennent se jeter contre la paroi de la falaise. Je suis Omar sans trop me poser de question. Nous descendons par un petit chemin qui nous conduit vers un petit bassin. Omar semble bien connaître l’endroit, et il m’indique un endroit où je pourrais, si je le souhaite, me baigner sans être vue… toujours soucieux des us et coutumes de chacun cet Omar ! Mais je n’ai pas prévu de me baigner. Omar lui si !  Je préfère me poser sur une roche à proximité du bassin et fermer les yeux…. Il y a beaucoup de salamandres sur l’île, un peu comme chez nous avec nos zandolis ou nos mabouyas. Elles sont généralement de couleur grise, mais là c’est une salamandre bleue et ocre que je vois posée sur la roche, espérant peut-être que le soleil caché par la brume de sable finisse par réapparaître.

Omar fini son bain par un rituel dans lequel il rejette à l’eau deux crabes desséchés dont les carcasses n’attendaient que d’être happées par une vague. Il recrache ensuite la gorgée de bière qu’il a soigneusement laissé macérer dans sa bouche. Pendant ce rite, il prononce plusieurs phases en wolof dont je ne comprends pas le sens, mais qui sonne pour moi comme une prière à son dieu.

Une fois séché puis rhabillé, nous revenons sur nos pas pour remonter la falaise, puis nous empruntons un autre petit chemin qui nous conduit à la demeure de l’Artiste Cheikh Keita qui participe également à la biennale.

Cheikh habite dans une partie du fort qui servait à stocker les obus. Totalement réagencé pour en faire un lieu de vie pour lui sa femme et ses enfants, il a posé sa signature et son savoir-faire sur une porte en fer impressionnante et imposante, faisant sans exagérer plus de trois mètres de haut. La porte est magnifique !  Il nous invite à pénétrer à l’intérieur pour nous montrer ses toiles. Soucieux du détail, je constate que son œuvre reflète parfaitement l’endroit où il vit. Les couleurs qu’ils utilisent sont à l’image de Gorée.  Cette prédominance d’ocre et de bleu correspondent aux couleurs du sol dans lequel il a les pieds bien ancrés, et à la mer qu’il surplombe du haut de sa falaise. Dans ces peintures, il décrit l’harmonie qui le lie lui et les siens à la nature. C’est un magnifique jardin qui arbore la maison de Cheikh, verdoyant, luxuriant et bien entretenu. Les oiseaux y viennent nombreux pour picorer dans un récipient accroché au tronc de l’arbre. Cheikh nous offre l’hospitalité, et Omar qui semble un habitué des lieux, réclame aux jeunes filles de Cheikh de quoi préparer le thé selon la coutume du pays.  Elles s’exécutent et préparent au sol une natte de tissu faisant office de nappe, tandis qu’Omar lâche une tonne de sucre dans sa préparation.

Quand arrive 13h, notre hôte nous propose de rester déjeuner avec lui, car ses filles ont préparé le repas. Nous acceptons, et nous retrouvons tous ensemble assis directement sur le sol avec un unique plat pour tous et une cuillère pour chacun.

C’est au cours de ce déjeuner que nous échangeons avec les jeunes filles, qui savent parfaitement ce qu’elles veulent faire de leurs vies respectives. Elles ont déjà choisi leurs métiers. Elles en parlent aisément avec la certitude d’y parvenir. Je ne pouvais que les encourager à poursuivre leurs rêves…

Il est 14h20. C’est l’heure de prendre congé de nos hôtes pour se diriger vers la maison des esclaves….

https://youtu.be/ZzFXW9GXcPA

Deborah Vey

Musique : « Musango Na Wa »- Etienne M’Bappé

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