De la Révolution à la Révolution … Le Parallèle de 1789 à 2024-2025 !
Pawol Lib (Libre Propos) est une nouvelle rubrique de CCN. Notre rédaction propose donc à tous les progressistes qui le souhaitent un espace de communication, une tribune dont le but principal est de porter une contribution au débat d’idées qui fait cruellement défaut dans notre pays. Les points de vue exprimés dans « Pawol Iib » n’engageront pas nécessairement la ligne éditoriale de CCN mais il nous semble indispensable que les intellectuels, la société civile aient la possibilité de pouvoir très librement opiner dans nos colonnes.
Je ne ferai pas de commentaire direct sur la dissolution de l’Assemblée nationale décrétée par le président de la République. Sachons que cette facture revient à 28,5 millions d’euros pour l’instant. Le temps perdu pour les élections législatives, la longue attente pour la nomination d’un premier ministre et encore le temps compté pour la constitution d’un gouvernement Barnier qui n’est toujours pas en place au moment de cette réflexion. Quel gâchis ! Situation inédite, la France n’a jamais aussi longtemps demeuré dans le flou artistique politique ! Le pire est-il à venir ?
La géopolitique est sur la braise avec la guerre en Ukraine et le torchon continue de brûler entre Israël et la Palestine. Nous pouvons à tout moment déboucher sur une énorme catastrophe. Les grandes puissances nucléaires n’hésitent plus à affirmer leur choix en cas de conflit majeur.
Que se passe-t-il aujourd’hui en France et dans les DOM-TOM ?
Y aurait-il même, quelques similitudes contextuelles entre la période de la prise de la Bastille et la situation de notre époque ? Pourrait-on établir un parallèle entre les conditions de la Révolution française de 1789 et une éventuelle révolution en 2024 ou 2025 à venir ?
Quels en seraient les aspects à examiner ?
En 1789, le contexte socio-économique de la France résultait d’une crise intense, exacerbée par des inégalités sociales flagrantes. Le Tiers-État, représentant la majorité de la population, était lourdement taxé tandis que le clergé et la noblesse jouissaient de privilèges fiscaux.
En 2024, de nombreuses sociétés font face à des inégalités croissantes, des crises économiques, comme l’inflation, le chômage et une insupportable charge financière qui pèse souvent sur les classes populaires. Les mouvements de contestation et les grèves sont fréquents, signalant un similaire désœuvrement. La classe moyenne est aspirée vers le bas.
En 1789, la légitimité de la monarchie était contestée, avec des dirigeants perçus comme déconnectés des réalités du Peuple. On sentait venir le vent de la destitution. Les idées des Lumières et les appels à plus de démocratie ont inspiré la revendication d’un gouvernement représentatif.
En 2024, de nombreux pays rencontrent une crise de confiance contre leurs institutions politiques et leurs dirigeants. Les réclamations pour plus de transparence, de responsabilité et d’implication citoyenne dans les décisions politiques peuvent raviver le désir d’un changement radical. C’en est le cas en France. À un point tel, que tous les maux des Français, voire de l’Europe, viendraient essentiellement de l’immigration clandestine. Idée de la paille face à la poutre.
En 1789, les idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité ont galvanisé les masses pour renverser l’ordre ancien. Les philosophes comme Rousseau et Voltaire ont incité à la réflexion sur les droits individuels.
En 2024, les revendications actuelles autour des droits humains, de l’égalité des genres, et de la justice sociale trouvent un écho dans les luttes contemporaines. Les mouvements sociaux, tels que ceux pour le climat ou contre les inégalités raciales et économiques, pourraient s’intensifier, à l’image bien sûr des luttes de 1789.
En 1789, la circulation des idées était facilitée par les pamphlets, les salons et les cafés, permettant un débat public plus large.
Aujourd’hui, les réseaux sociaux et Internet jouent un rôle crucial dans l’organisation et la diffusion des idées. Ils permettent à des mouvements d’émerger rapidement et d’unir des personnes autour d’objectifs communs. Tout se sait à la vitesse grand V et plus rien ne peut rester caché.
À mon sens, j’affirme que le climat de mécontentement socio-économique, le besoin de changements politiques, le désir d’égalité et l’innovation technologique sont des points de convergence de 1789 à 2024. Bien que chaque époque soit unique dans ses causes et ses conséquences, ces parallèles montrent que les sociétés peuvent se retrouver dans des situations critiques, appelant à des transformations profondes. Un boum peut surgir à n’importe quel moment, puisque tous les ingrédients sont sur la table et personne ne s’en occupe réellement. On a presque l’impression que le chaos est voulu afin de réinventer une nouvelle époque des trente glorieuses.
De ce fait, voyons si « la vie chère » (volontaire ou involontaire) serait un facteur crucial qui pourrait fortement influencer la possibilité d’une révolution à venir. Sinon, force est de constater que quelques sérieuses raisons expliquent son importance capitale dans nos sociétés contemporaines.
Nous faisons le flagrant constat, de plus en plus, d’un mécontentement économique généralisé. Cet impact se retrouve directement dans le quotidien des populations. Lorsque les prix des biens essentiels, tels que la nourriture, le logement et les soins de santé, augmentent considérablement, les ménages voient immédiatement leur pouvoir d’achat diminuer. La faim commence à créer un vent de panique. Cela génère alors une frustration étendue, surtout parmi les classes populaires.
Pour ce qui est des inégalités sociales, elles sont littéralement paroxysmiques. La hausse du coût de la vie accentue les inégalités sociales existantes, créant un sentiment d’injustice sociologique s’étalant irréversiblement comme un cancer. Souvenons-nous de la longue période des Gilets Jaunes dans les rues. A-t-on réellement tiré toutes les conséquences de cette révolte sociale ? Les plus pauvres sont souvent les plus touchés, ce qui peut alimenter des revendications pour un changement radical.
Qu’en est-il d’une éventuelle mobilisation sociale ?
L’augmentation du coût de la vie peut entraîner des mobilisations sociales, des manifestations et des grèves. Ces actions peuvent servir de point de départ à un mouvement plus large contre le gouvernement ou le système économique en place.
Divers groupes peuvent se rassembler autour de la problématique de la vie chère, unissant les revendications pour d’autres questions sociales comme les droits du travail ou le climat. Personne ne peut imaginer l’ampleur de cette colère et jusqu’où elle serait capable d’emmener un pays ?
N’y aurait-il pas là le sentiment d’une incompétence des instances dirigeantes ?
Le manque de confiance s’accentue et le rêve d’une vie meilleure se tourne en cauchemar les yeux ouverts. Lorsque le gouvernement est perçu comme incapable de gérer une crise économique qui perdure au-delà de l’inacceptable, cela peut entraîner un manque de crédibilité chronique, incitant les citoyens à exiger des changements significatifs, voire un changement de régime. Cherche-t-on à ébranler la Démocratie ?
La demande de réformes est pourtant tangible, mais le pouvoir central adopte la posture des trois singes. Les citoyens peuvent appeler à des réformes économiques, telles que des politiques de contrôle des prix, une augmentation des salaires, ou même des changements radicaux dans le système économique. Est-ce suffisant tout cela ? On attend des actes et non des palabres.
Les précédents historiques sont néanmoins là et on n’en tient pas compte. De nombreuses révolutions, y compris la Révolution française, ont été catalysées par des crises économiques et une hausse des prix. Cela montre que le mécontentement économique est souvent un terreau fertile pour des changements sociopolitiques radicaux. La déception touche à son paroxysme.
En somme, j’affirme que « la vie chère » constitue un levier puissant pour le mécontentement populaire et peut inévitablement servir de catalyseur pour des mouvements révolutionnaires. La combinaison d’une crise économique persistante, d’inégalités accentuées, de mobilisations sociales et d’une confiance érodée contre les institutions peut directement créer un environnement propice à des changements significatifs. Nous avons ces jours-ci l’exemple de la Nouvelle-Calédonie. Le colonialisme est devenu un terreau de contestation et de mécontentement, exacerbant la haine contre l’État français. Lequel État agit davantage en PDG, en banquier, tout simplement en petit financier et plus jamais en père de la Nation. À défaut d’égalité, on pourrait autant prôner l’équité.
Les conséquences de « la vie chère » sur des territoires comme la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane peuvent être en même temps et directement économiques et sociales. Voici un aperçu de ces impacts, ainsi que des réflexions sur les risques de soulèvements des populations.
Nous subissons, une trentaine d’années depuis, une lourde augmentation du coût de la vie. Les îles et régions comme la Guadeloupe et la Martinique dépendent souvent des importations pour les produits alimentaires et autres biens de consommation. La prise en compte de l’éloignement est inexistante et la continuité territoriale, responsabilité exclusive de l’État, n’est pas appréciée à sa juste valeur. L’augmentation des prix des matières premières sur le marché mondial se répercute directement et immédiatement sur le coût de la vie. Aussi, depuis le Covid et la guerre en Ukraine, les grands groupes n’hésitent plus systématiquement à augmenter le prix de tous les produits. Dans le domaine de la construction, le prix des matériaux a fortement augmenté. Dans le domaine de l’alimentation, même les produits de premières nécessités ont aussi flambé. Or, toute la grande distribution fait l’objet d’un quasi-monopole entre les mains d’une même catégorie.
Alors, les foyers ressentent une pression financière accrue, entraînant des choix difficiles concernant leurs dépenses. De plus, chez nous, les politiques appliquées n’ont jamais pensé à développer la production locale. Nous sommes tributaires de l’arrivée des porte-containers pour permettre à la Guadeloupe, à la Martinique et à la Guyane d’assurer leur subsistance. Triste vérité !
La diminution du pouvoir d’achat entraîne systématiquement une baisse de la consommation, ce qui pourrait aussi négativement affecter les entreprises locales et provoquer des faillites.
Les employeurs peuvent être contraints d’augmenter les salaires pour compenser la hausse des prix, ce qui pourrait engendrer des tensions dans le secteur privé. Parallèlement, une telle situation peut mener à des licenciements si les entreprises peinent à maintenir leurs marges bénéficiaires.
Les conséquences sociales sont inévitables. Ainsi, les frustrations entrainent un profond mécontentement, pour ne pas dire plus.
Les hausses de prix fréquentes peuvent engendrer un sentiment d’injustice et d’inefficacité des gouvernements locaux et de l’État français, accentuant les frustrations existantes en un magma de colère pouvant être particulièrement explosif.
Nous observons un accroissement des inégalités, or les politiques publiques font la sourde oreille. Les populations vulnérables, comme les familles à faibles revenus, les personnes âgées ou les chômeurs, sont particulièrement touchées, ce qui peut accroître les inégalités sociales et économiques.
Pourra-t-on éviter une mobilisation sociale de grande envergure ?
Les difficultés économiques peuvent conduire à une mobilisation sociale, des manifestations, voire des grèves. Les mouvements sociaux pourraient très rapidement prendre de l’ampleur si les revendications ne sont pas entendues.
Y a-t-il alors un réel risque de soulèvements ?
N’oublions pas l’historique des révoltes, de même, avons-nous tiré des leçons du passé ? Les territoires ultramarins ont une histoire de mécontentement, souvent gravitant autour des questions de justice sociale, d’identité culturelle et de conditions économiques. Les précédents soulèvements sociaux, comme en 2009 en Guadeloupe, montrent que le mécontentement peut brusquement se transformer en fièvre généralisée.
Il n’existe plus d’exceptions locales. Les contextes politiques locaux, les initiatives communautaires et la capacité des gouvernements à répondre aux revendications peuvent influencer la probabilité de soulèvements incontrôlés, par-ci ou par là. Une perte de confiance dans les institutions pourrait aggraver les tensions jusqu’à inciter les populations à descendre massivement dans les rues.
Y aurait-il alors un risque de radicalisation ?
La frustration croissante face à l’inaction perçue des autorités pourrait conduire certains groupes à envisager des actions plus radicales, augmentant les risques de violence ou de confrontations. Si les solutions tardent à venir, la Jeunesse n’acceptera pas de vivre dans un système sans perspective aucune. Or, les dépenses publiques sont colossales, il n’y a qu’à voir les derniers Jeux Olympiques en France (budget global 12 milliards ; en médailles seulement 18 millions d’euros pour l’instant) et le milliard quatre attribués à la dépollution de la Seine, de surcroît pour un pari évidemment non tenu. Comment alors expliquer à des millions de gens dans l’embarras qu’il n’y a pas d’argent ? Où est l’urgence ? Où les le bon sens ?
Pour cause, « la vie chère » représenterait donc un défi économique et social significatif pour la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane. La combinaison d’un contexte économique difficile, d’inégalités croissantes et d’un éventuel mécontentement populaire pourrait mener à de vives tensions sociales, voire à des soulèvements, si les besoins et les attentes des populations, de toute urgence, ne sont pas satisfaits de manière proactive.
Comment expliquer aux Guadeloupéens que depuis trente ans, on n’a toujours pas réglé la problématique de l’eau ?
Il en est de même pour la question des responsables de l’acheminement du chlore des cônes dans le sous-sol guadeloupéen ?
Comment expliquer aux français de l’hexagone que les partis qui ont perdu les législatives sont les futurs ministres du gouvernement ?
À l’aube de cette nouvelle ère potentiellement révolutionnaire, nous devons reconnaître que les luttes actuelles ne sont pas essentiellement que de simples échos du passé, mais des signes précurseurs d’un changement radical dès lors inévitable. Les fractures sociales et politiques qui se dessinent aujourd’hui pourraient bien être le catalyseur d’une remise en question profonde d’un énorme système manifestement devenu obsolescent.
S’il y a au moins une leçon que l’histoire nous enseigne, c’est bien que le mécontentement collectif, alimenté par la quête de justice et d’égalité, peut inévitablement mener à des bouleversements majeurs implosifs ou explosifs.
Ainsi, les prochains mois deviendront cruciaux, un moment où la voix du peuple pourrait redéfinir les structures de pouvoir, et où chaque acte de résistance pourrait devenir une pierre angulaire d’un Avenir radicalement différent.
En somme, la vigilance et l’engagement d’aujourd’hui dessineront les contours d’une nouvelle société, où les idéaux de démocratie, de justice sociale prendront enfin forme vers une plus grande équité du partage des richesses du Pays.
Quand on parle de « destitution », c’est que l’on entend déjà sournoisement s’approcher le bruit des fourches, des pioches et des piques.
Bernard N’DENDÈLÈ LECLAIRE
Président Coordonnateur « NOU KAT SE YONN »
Président AMBITION GUADELOUPE
Écrivain Marie-galantais
Grand-Bourg le, 16/09/24