A la demande de Christian Céleste, le directeur politique, j’ai publié cette petite “contribution” dans le journal. J’affirme ici, Il ne faut pas craindre de le dire et de le répéter en 2022, l’hebdo des communistes guadeloupéens est le doyen de notre presse écrite.
Les 999 numéros précédents retracent une grande part de l’histoire politique contemporaine de notre pays.
Cet hebdo que beaucoup de nos confrères et consoeurs ne lisent pas (ou plus) a pourtant été dans tous les combats pour la liberté de la presse en pays colonisé. L’organe du PCG ( jadis “L’Etincelle “ devenu après 1990 “Les Nouvelles Étincelles”) a été nourri des écrits de Rosan Girard, de Gerty Archimède, Euvremont Géne, Guy Daninthe… et de tous ces militants communistes qui ont été à leur époque quoiqu’on dise, les premiers combattants anticolonialistes. Ce journal né en 1944, tout comme “La Pravda”, continue sa route et est devenu un média patrimonial !
D’un point de vue strictement journalistique, mon «séjour» de près d’une dizaine d’années au sein de la rédaction de l’hebdo du Parti Communiste Guadeloupéen (PCG) est une expérience qui aura marqué mon parcours politico-médiatique.
Avant d’arriver aux “Nouvelles-Étincelles” comme rédacteur en chef, j’ai été comme bon nombre de patriotes et nationalistes guadeloupéens, un farouche adversaire du PCG.
Historiquement et politiquement, cela s’explique. Les patriotes guadeloupéens qui créent le GONG, en 1963 à Paris, pour la grande majorité sont des pro maoïstes, donc, radicalement opposés à la ligne qu’on qualifiait alors de «révisionniste» de l’URSS de Nikita Kroutchev. Or, à cette époque, le PCG, tout comme le PCF, sont des «moscovites».
On comprend alors que les Gong- Maoïstes guadeloupéens, une fois revenus de leurs séjours à Tirana, ou à Pékin, s’opposent tout aussi radicalement au PCG qui est très proche de l’URSS.
Durant près de deux décennies, la lutte idéologique entre les «nationalistes populistes» (le qualificatif est celui que le PCG attribue à la mouvance GONG-UPLG) fait rage. C’est dans ce climat particulier que je crée «Jougwa» puis «Magwa», des magazines nationalistes d’informations dont les articles souvent très critiques stigmatisent régulièrement le PCG des Bangou, Daninthe, Genies. Ce serait manquer à un devoir patriotique de ne pas reconnaitre ici, la capacité du PCG à dépasser les antagonismes pour autoriser l’impression de ces journaux dans son imprimerie des Editions sociales.
Qu’on s’en souvienne, sans rire qu’à l’époque s’agissant du PCG, on écrivait encore «Parti Communiste» avec des guillemets, c’est dire !! Mais, en 1990, un violent séisme ébranle le PCG. Henri Bangou, Daniel Genies (pas Guy Daninthe) et quelques autres, quittent définitivement le Parti et s’en vont fonder le PPDG. Le pourquoi de cette rupture ? (Est-ce le vrai ?). Au précédent congrès, le PCG se serait prononcé pour «l’indépendance nationale» contre l’avis des «dinosaures» de la section pointoise du Parti. Pendant plusieurs mois, les combats sont sans merci entre les Ppdgistes et le PCG.
Au plan interne, la première victime est l’hebdo du PCG. Il change de dénomination et devient «Les Nouvelles-Etincelles» (NETCL). Mais, sa ligne éditoriale demeure celle du PCG. On pourrait ajouter Canal historique.
C’est vers 2002 que je débute timidement ma collaboration avec NETCL, de temps à autre je propose un article. Mais, en mars 2005, cette présence s’affirme, puisque à la suite d’un document intitulé «Les Nouvelles Étincelles, éléments pour une nouvelle orientation et pour un nouveau projet rédactionnel» que j’adresse à la Direction politique du PCG. Un séminaire est organisé et quelques semaines plus tard le Comité central et le Bureau politique s’accordent pour me confier la rédaction en chef du journal.
C’est un moment historique que je n’oublierai jamais. J’occupe désormais le poste d’un militant historique abymien Anatole Louber. Christian Celeste est le directeur politique. J’ai à mes côtés Félicien Blonbou un militant pur et dur, Dunières Talis, Claudy Chipotel, Emmanuel Broussillon, Edouard Francietta, Paul Quellery-Selbonne, Felix Flemin, Victor Arthein, Mona Cadoce, Antoine Combe, Maryse Taupe… Je me rends compte très vite que par mon professionnalisme, j’ai gagné leur confiance d’autant que le journal progresse.
J’ai même réussi à les faire passer du stylo à l’ordinateur pour rédiger leurs articles. Jusqu’en 2010, date de mon départ volontaire pour d’autres aventures journalistiques, je peux affirmer haut et fort, que cette période a été pour moi très riche d’enseignements politiques très importantes, pour le journalisme en pays colonisé appropriée pour la connaissance du PCG vue de l’intérieur.
Mon seul et unique regret c’est cette grande manifestation de communication politique que j’avais initiée avec les «camarades» des NETCL. En effet, peu après la sortie d’un numéro collector sur «LKP les 44 jours qui ont ébranlé la Guadeloupe», nous organisons les 4 et 5 décembre 2009 au Lamentin : le 1er Colloque des médias de la Caraïbe». En dépit de toutes les résolutions prises avec les journalistes caribéens présents, à la fin de ce colloque, il n’y a jamais eu de suite… Manque de moyens sûrement !
Danik Ibraheem Zandwonis
Rédacteur en chef des Nouvelles Étincelles (2005/2010)
Directeur de CCNfirst.com La 1ère plateforme digitale Caribéenne