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Guadeloupe. Histoire. La mer, Espace de souffrance et de liberté : L’héritage maritime des esclaves et libre de couleur

Guadeloupe. Histoire. La Mer, Espace de souffrance et de Liberté : L'Héritage Maritime des Esclaves et Libres de Couleur

Guadeloupe. Histoire. La Mer, Espace de souffrance et de Liberté : L'Héritage Maritime des Esclaves et Libres de Couleur

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Sainte Anne. Vendredi 7 juin 2024. CCN. Le mois de Mai a été comme chaque année en Gwadloup, le temps des retours sur notre passé et l’évocation des souffrances des combats de notre peuple qui est depuis 1635 colonisé. L’historien guadeloupéen Frederic Régent auteur d’importants ouvrages revient chaque année sur sa terre natale pour nous faire part de ses dernières recherches sous la forme de belles conférences. A Sainte-Anne, il nous a raconté comment la mer était pour les guadeloupéens réduits en esclavage, un espace à la fois de de souffrances mais aussi de liberté.

La mer a toujours été un lieu de contraste, à la fois source de souffrance et de liberté pour les esclaves et les libres de couleur. Derrière les vagues et les horizons infinis se cache une histoire complexe, marquée par l’asservissement brutal mais aussi par une quête indomptable de liberté et d’émancipation. Plongeons dans cette histoire où la mer a joué un rôle central dans la vie et l’émancipation des populations réduites en esclavage.

La Traite Atlantique : Première Rencontre avec la Mer

La traite atlantique, qui a connu son apogée entre 1701 et 1800, a marqué le début d’une relation ambivalente entre les esclaves et la mer. Les captifs, arrachés de leurs terres en Guinée, Sierra Leone, Bénin, Congo et Angola, étaient échangés contre des marchandises européennes. Leur premier contact avec la mer était souvent traumatisant : entassés dans des navires surpeuplés, souffrant de malnutrition et de maladies, les esclaves vivaient des conditions de vie épouvantables durant les longues traversées de l’Atlantique. La promiscuité, le manque d’hygiène et la mortalité élevée (12,5% parmi les esclaves, 19% pour l’équipage) faisaient de ces voyages une épreuve terrifiante.

Métiers de la Mer : Une Porte vers l’Émancipation

Malgré ces conditions éprouvantes, la mer offrait également des opportunités d’émancipation. Environ 1% des esclaves étaient employés dans des métiers maritimes ou de pêche, jouant un rôle crucial dans le cabotage et les traversées transatlantiques. Occupant des postes comme calfat, voilier, canotier, gardien de vigie, marin, ouvrier de port et pêcheur, ces esclaves pouvaient parfois obtenir leur affranchissement. Ces métiers permettaient une certaine mobilité et une interaction avec des réseaux internationaux, contrastant fortement avec les conditions rigides des plantations où 94% des esclaves étaient destinés.

La Mer, Lieu d’Émancipation et de Résistance

La mer était également un espace de liberté et de résistance. En 1794, la première abolition de l’esclavage en Guadeloupe a marqué le début d’une nouvelle ère. Le système des corsaires, par exemple, permettait à d’anciens esclaves et libres de couleur de s’attaquer aux navires de commerce ennemis. Ces corsaires, souvent détenteurs de parts dans les expéditions, jouissaient d’une liberté relative et d’une certaine autonomie. Cette pratique leur permettait de s’éloigner des plantations, où les conditions restaient rigides malgré l’abolition. La quasi-guerre entre la Guadeloupe et les États-Unis a vu la création de la US Navy, mais aussi une recrudescence des activités maritimes parmi les hommes de couleur, prêts à prendre des risques considérables en mer pour éviter la revente en esclavage.

Marrons de la Mer : La Fuite par l’Océan

Les “marrons de la mer” incarnaient la quête ultime de liberté. Ces esclaves prenaient des bateaux pour s’évader, créant des filières clandestines vers des îles voisines comme Antigua. En 1840, environ 600 esclaves avaient trouvé refuge grâce à ces réseaux maritimes. Cette évasion par la mer illustre la relation complexe entre asservissement et liberté, où la mer était à la fois une barrière et une voie de salut.

La Maritimité en Guadeloupe : Héritage et Modernité

La maritimité, ou la culture maritime, est profondément enracinée dans l’histoire de la Guadeloupe. Les premiers habitants de l’île, semi-nomades de la mer, ont légué un héritage maritime. Aujourd’hui, cette culture maritime perpétue une tradition de résilience et d’adaptation.

La Mer et l’Économie Bleue

La reconnaissance de cette culture maritime est essentielle dans le contexte contemporain de l’économie bleue. La Guadeloupe, avec son riche héritage maritime, pourrait tirer parti de ce savoir ancestral pour développer des pratiques durables et innovantes dans le domaine maritime. Intégrer cette histoire dans les politiques économiques permettrait non seulement de valoriser les contributions des esclaves et des libres de couleur mais aussi de promouvoir une croissance inclusive et respectueuse de l’environnement.

La mer, espace de souffrance mais aussi de liberté, marquée par la douleur et la résilience, continue d’influencer la culture et l’économie de l’île. Il s’agit maintenant de construire un avenir où la mer demeure un espace de liberté et d’opportunité pour tous.

Imane Sioudan

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