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Actualité en Guadeloupe, Martinique, Guyane et dans la Caraïbe !

International. Les Dernières Colonies Françaises frappent à la porte de l’ONU !

International. Les Dernières Colonies Françaises frappent à la porte de l’ONU !

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New-York. Mardi 26 septembre 2023. CCN. Le week-end dernier, plusieurs organisations anticolonialistes de Guadeloupe, de la Martinique, de la Guyane, de la Kanaky, de la Polynésie francophone, ont décidé de façon concertée de se rendre au siège de l’ONU. Leur souhait : obtenir de l’ONU, que ces nations sans état soient inscrites ou ré- inscrites sur le liste des pays à décoloniser. Le combat ne sera pas aisé, car le colonialisme français mettra sans aucun doute tout en oeuvre, pour contrer cette initiative et garder ce qui reste de cet “empire” qui lui permet d’être toujours en 2023 la seconde puissance (coloniale) maritime. Nathalie Minatchy militante de l’ANG et Francis Carole, leader du PALIMA ont accepté de répondre aux questions de CCN.

 

“Le contexte mondial a changé. Il nous est plus favorable. Nous devons tirer profit de cette situation”
“Le contexte mondial a changé. Il nous est plus favorable. Nous devons tirer profit de cette situation”
Francis Carole
Leader du PALIMA

CCN. D’où est venue cette idée d’une démarche à l’ONU ?

Francis Carole (FC). La question est soulevée depuis longtemps. Je me souviens qu’au cours des années 90, à Ste-Lucie, une délégation de patriotes martiniquais et guadeloupéens avait rencontré Jon Odlum, le frère du premier ministre George Odlum, pour discuter de la réinscription de nos pays sur la liste des pays à décoloniser.

Cette nouvelle initiative est l’aboutissement d’échanges entre les représentants des colonies françaises et le Groupe d’Initiative de Bakou, suite à la table ronde des 5 et 6 juillet.

CCN. Le PALIMA représentait l’ensemble des patriotes du GRAN SANBLÉ ?

FC. Nous n’en sommes pas encore à ce niveau de collaboration au sein du GRAN SANBLÉ. Cela viendra sans doute avec le temps et le travail mené collectivement. Cependant les organisations comme le MIM et le CNCP ont été tenues informées de cette initiative et ont été invitées à y participer.

CCN. Voyage en Corse, à Bakou, à New York. Le combat patriotique se joue t-il désormais au niveau diplomatique, au moment où la France est contestée en Afrique ?

FC. Le terrain diplomatique est bien entendu important. Cette préoccupation n’est cependant pas nouvelle. Elle était déjà présente dans nos organisations dans les décennies précédentes. À ce propos, dans les années 80 et 90, j’ai eu l’occasion de représenter l’organisation à laquelle j’appartenais dans de nombreuses réunions de la Caraïbe et d’Amérique du Sud notamment. La Conférence de Bonne Veine, en 1985, correspondait déjà à cette volonté d’internationalisation de nos luttes décoloniales.

Il est incontestable que dans la période actuelle on observe un rejet puissant de l’un des derniers systèmes coloniaux du monde : la FrançAfrique. Parallèlement, l’organisation du monde née de la seconde guerre mondiale et la domination occidentale, à partir du 16e siècle, semblent arriver à leur terme. Notre réflexion globale sur le futur de nos peuples ne peut pas ne pas s’inscrire dans ce contexte de mutations stratégiques de la planète.

CCN. Cela suppose le soutien des BRICS ? des pays non alignés ?

FC. Cela suppose les soutiens les plus larges. Le Mouvement des Pays Non-Alignés, constitué pour une part significative de pays anciennement colonisés, est bien entendu sollicité. Une action diplomatique doit aussi être menée dans notre région naturelle : la Caraïbe et l’Amérique du Sud. Les BRICS aussi, bien entendu. Tout cela exige une structuration dans le temps et un élargissement des forces engagées dans cette démarche, de sorte que les résultats obtenus soient palpables et durables. Il est très important de rappeler que l’action diplomatique, pour être crédible, doit s’appuyer sur les luttes que nous menons à l’intérieur de nos pays qui, seules, déterminent en définitive le sens de l’histoire.

CCN. Est-ce à dire que la question de Libération Nationale est devenue essentielle pour le Camp Patriotique martiniquais ?

FC. La question de la libération nationale n’a jamais cessé d’être essentielle. Elle constitue la raison d’être des forces patriotiques martiniquaises. Mais, dans ce domaine, il n’existe pas de ligne droite sur laquelle on avancerait d’un seul « balan », sans halte ni détours, la fleur au fusil, le cœur léger. Dans la pratique du combat national nous nous heurtons des complexités qui sont propres à nos pays. Il faut les comprendre et les surmonter. Il n’y a pas de modèle. Tout est à inventer.

CCN. Comment cette démarche sera-t-elle présentée au peuple martiniquais et aux élus martiniquais qui ne sont pas sur cette ligne ?

FC. Nous en sommes au tout début de cette démarche. Il prendra du temps pour aboutir. Son succès dépendra largement de la mobilisation populaire en faveur de nos revendications politiques et des succès des batailles électorales que nous mènerons. Plutôt que des élu.e.s qui ne partagent pas notre vision, l’accent sera mis sur l’information et l’adhésion du peuple martiniquais. À cet effet, nous chercherons à rassembler autour de ce projet l’ensemble des organisations favorables à la souveraineté nationale ainsi que les fractions les plus larges de notre peuple.

CCN. Pourquoi tous les pays colonisés par la France n’y étaient-ils pas ?

FC. Nous n’avons pu inviter que les pays où des mouvements de libération nationale sont actifs et souhaitaient prendre part à cette rencontre : la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane, la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie-Française. D’autres colonies françaises comme la Réunion ou encore Saint Martin, ne sont pas exclues de notre initiative.

CCN. Que faut-il espérer de cette démarche ?

FC. Nous espérons tout d’abord que davantage d’États s’engageront sur l’exigence de la décolonisation de nos pays et, dans un second temps, que cette position se traduira dans la décision de l’ONU de procéder à cette réinscription.

CCN. Au niveau international : Chine, Russie, Corée, Cuba Vietnam. L’anti-colonialisme a-t-il toujours la même force ?

FC. La grande vague anticolonialiste a eu lieu dans les années 50 et 60 avec des évènements tels que l’indépendance de l’Inde en 1947, les guerres d’indépendance de l’Algérie et du Vietnam, la Conférence de Bandung en 1955, et d’autres processus (néocoloniaux) d’émancipation en Afrique.

La situation actuelle est caractérisée par l’effondrement de la FrançAfrique, la remise en question de la suprématie occidentale, l’émergence de la Chine qui devient un acteur géostratégique de tout premier plan, la constitution des BRICS et les défis de développement dans un monde multipolaire dont il faut encore définir les contours théoriques, politiques, économiques et éthiques. Pour autant la décolonisation demeure inachevée. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’ONU a adopté la résolution 75/123 relative à la quatrième décennie internationale de l’élimination du colonialisme (2021-2030).

CCN. La France ne va-t-elle pas avec ses alliés essayer de tout bloquer comme dans le passé ?

FC. Oui. Sans aucun doute, la France et ses alliés chercheront à bloquer cette démarche, comme ils l’ont fait par le passé. Cependant, la France n’a plus la même influence qu’elle avait il y a quelques décennies. Le contexte mondial a changé en notre faveur, et nous devons profiter de cette situation.

Nous à l’ANG, ainsi que dans le groupe Sanblé pou Nasyon Gwadloup que j’évoquais plus haut, avons pris nos responsabilités de mouvement politique en portant cette question car la réalité de la situation coloniale dans nos pays est tangible
Nathalie Minatchy
Militante de l'ANG

Le Groupe d’Initiative de Bakou ?

Nathalie Minatchy (NM).Le mouvement des non alignés (le NAM), sous la présidence de l’Azerbaïdjan (2019-2023) a pris l’initiative de se pencher sur la situation des territoires sous domination coloniale française. Une table ronde a été organisée en juillet 2023, dans le cadre de la Réunion ministérielle du Bureau de coordination du Mouvement des Pays non alignés. A cette occasion a été créé le Groupe d’Initiative de Bakou (du nom de la capitale de l’Azerbaïdjan) qui doit permettre une meilleure coordination des programmes anti -colonialistes.

Ce Groupe a décidé de saisir l’opportunité de l’ouverture du débat général de la 78e Session de l’Assemblée générale de l’ONU, en septembre 2023 pour poser la question des territoires sous domination coloniale. Et ce, d’autant plus que l’Assemblée générale de l’ONU a adopté la résolution 75/123 relative à la quatrième décennie internationale de l’élimination du colonialisme (2021-2030).

Sanblé pou Nasyon Gwadloup ?

N.M. Ainsi, la seconde manifestation organisée par ce groupe est une conférence intitulée « Décolonisation : Révolution tranquille » qui s’est tenue au siège de l’ONU à New-York le 22 septembre 2023 et à laquelle ont participé la Kanaky, la Polynésie, la Guyane, la Martinique et la Guadeloupe. La délégation de la Guadeloupe comprenait un représentant de l’UPLG, du KSG et de l’ANG, à qui le mouvement unitaire Sanblé pou Nasyon Gwadloup (composé des organisations déjà citées et également du FKNG, du CIPPA, du MIR et du CIPN) a donné mandat pour le représenter.

La question Kanak ?

Les allocutions des différents participants ont précisé le caractère colonial de la présence française avec notamment des disparitions programmées des peuples de Guadeloupe et de Martinique, et un changement de la composition de la population pour la Kanaky, et la Guyane par exemple avec une immigration massive. La Kanaky a retenu l’attention car elle a porté devant les instances internationales une contestation du dernier référendum qui a été maintenu par l’Etat français alors même que la crise COVID avait des conséquences terribles. Les Kanaks ont également précisé que, bien que leur pays figure sur la liste des pays à décoloniser, la France était systématiquement absente lorsque la question de la décolonisation de la Kanaky est posée à l’Assemblée générale de l’ONU.

Vers un renforcement des relations entre les dernières colonies ?

NM. Cette manifestation est un premier jalon qui a permis de porter cette question des dernières colonies françaises au sein même de l’ONU, devant un représentant vénézuélien qui participe au comité de décolonisation de l’ONU (encore appelé comité des 24). Cette opération a également permis un renforcement des relations entre les dernières colonies qui vont travailler de concert pour poursuivre ce combat et maintenir la pression au niveau international avec l’aide du mouvement des non alignés pour l’inscription de la Guadeloupe sur la liste des pays à décoloniser.

Concernant les autres organisations politiques, nous rencontrerons tous ceux qui en feront la demande ou seront intéressés par cette démarche. Il s’agit en effet d’une démarche qui aura d’autant plus de poids qu’elle sera soutenue par une large frange de la population et par la classe politique.

Pour autant, nous à l’ANG, ainsi que dans le groupe Sanblé pou Nasyon Gwadloup que j’évoquais plus haut, avons pris nos responsabilités de mouvement politique en portant cette question car la réalité de la situation coloniale dans nos pays est tangible.

C’est une action dans la continuité de celle de Bonne Veine. Elle arrive simplement à un moment où les conditions sont réunies pour aller plus loin dans cette démarche.

Le mouvement des non alignés (le NAM), a pris l’initiative de se pencher sur la situation des territoires sous domination coloniale française. Une table ronde a été organisée en juillet 2023, où a été créé le Groupe d’Initiative de Bakou qui doit permettre une meilleure coordination des programmes anti colonialistes.

Il a décidé de saisir l’opportunité de l’ouverture du débat général de la 78e Session de l’Assemblée générale de l’ONU. D’autant plus que l’Assemblée générale de l’ONU a adopté la résolution 75/123 relative à la quatrième décennie internationale de l’élimination du colonialisme (2021-2030).

La conférence intitulée « Décolonisation : Révolution tranquille » s’est tenue au siège de l’ONU à New-York le 22 septembre 2023. La Kanaky, la Polynésie, la Guyane, la Martinique et la Guadeloupe y ont participé. La délégation de la Guadeloupe comprenait un représentant de l’UPLG, du KSG et de l’ANG, à qui le mouvement unitaire Sanblé pou Nasyon Gwadloup (composé aussi du FKNG, du CIPPA, du MIR et du CIPN) a donné mandat pour le représenter.
Les allocutions des différents participants ont précisé le caractère colonial de la présence française avec notamment des disparitions programmées des peuples de Guadeloupe et de Martinique, et un changement de la composition de la population pour la Kanaky, et la Guyane par exemple avec une immigration massive.

La Kanaky a retenu l’attention car elle a porté devant les instances internationales une contestation du dernier référendum maintenu par l’Etat français. Ils ont précisé que, bien que leur pays figure sur la liste des pays à décoloniser, la France était systématiquement absente lorsque la question de la décolonisation de la Kanaky est posée à l’Assemblée générale de l’ONU.

Cette manifestation est un premier jalon. Cela a également permis un renforcement des relations entre les dernières colonies qui vont travailler de concert pour poursuivre ce combat et maintenir la pression au niveau international avec l’aide du NAM pour l’inscription de la Guadeloupe sur la liste des pays à décoloniser.
La lutte pour la souveraineté du peuple guadeloupéen doit s’inscrire dans tous les domaines y compris la diplomatie.
Entre l’attentisme et le volontarisme pour atteindre l’émancipation, nous avons fait un choix clair. L’urgence de notre situation nous y oblige.
Dans la continuité des luttes nationales menées par ceux qui nous ont précédés comme la Conférence de Bonne veine et unis dans « Sanblé pou Nasyon Gwadloup », les organisations anticolonialistes s’engagent à user de toutes les voies politiques disponibles pour que la Nation Guadeloupéenne soit reconnue.

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