Ni les politiques, ni les bulletins de vote ne peuvent résoudre les problèmes de la Gwadloup !...
L’année 2024 débute comme les précédentes. Apré Nwel é joudlan é avan kannaval, les bons vœux de nos élus vont papillonner. Tout le monde fera mine de croire que les interventions de Chalus et Losbar nos « exécutifs » territoriaux, celles des Théophile, Lurel et autres « nègres de chambre » du parlement français, toutes ces belles paroles sirop-mielleuses, vont contribuer à redonner à la Gwadloup de l’espoir. Idem pour le ministre des dernières colonies et de son représentant sur place.
Tou sa sé bel blag a mas ! Car qui peut aujourd’hui penser que ces gens-là ont la ou les solutions pour mofwazé une situation sociale et économique qui ne cesse de se dégrader ? Les Guadeloupéens ont dans leur ensemble compris qu’en dépit des congrès des élus, des plénières et même des manifs du LKP et du Collectif, rien ne bouge vraiment.
Pourquoi la Gwadloup est-elle dans un tel état de léthargie et de souffrance ?
D’abord parce que la classe politique est totalement soumise au pouvoir colonial. À chaque élection municipale, régionale, législative ou autre, pour gagner des voix, elle tient un discours très prometteur pour la création d’emplois pour la jeunesse en déshérence, le développement économique la résolution de problèmes récurrents mais au fil des mois et jusqu’à la prochaine élection, rien n’aura changé quant au fond. Ici ou là, des mesurettes sans effets réels sont lâchées sans que nos politiques ne puissent peser tant le pouvoir central via son tentacule colonial garde précieusement la main. Pour la forme, sans entrer dans les détails, une rapide énumération :
Scandale de l’eau : blabla permanent. En 2 ans, le Smeag a fait pire que le Siag.
Scandale du chlordécone : l’État n’a jamais assumé ses responsabilités.
Affaire des soignants suspendus : l’ARS a fait ce qu’elle a voulu de la santé et des vies de Guadeloupéens. A-t-elle reconnu ses torts ?
Problème de l’éducation : des classes saturées, des programmes inadaptées à notre réalité entraînant une baisse incessante du niveau scolaire.
Abandon des îles du Sud : dépopulation galopante, transport maritime désorganisé, désert médical…
Coût de la vie : essence, alimentation
Balance commerciale : ultra-déficitaire
On pourrait citer à l’envie, la situation de l’élevage, de l’agriculture, de l’exode de la jeunesse dans un pays qui ne rajeunit pas.
Aussi parce que nos journalistes, pour une grande partie, sont inconsistants, couards kivédi « krab » face aux pouvoirs. Les deux plus importants médias, RCI et Guadeloupe 1ère, ont accumulé des licenciements pour fautes graves. Est-ce la cause principale de cette peur bleue de faire pleinement leur job (chez nos confrères et consœurs ?
À Radio Caraïbes International (RCI), le dernier épisode en date, l’affaire BZ-RCI-Bardella n’a fait que confirmer au grand public et en live, une situation qui n’est pas nouvelle. Souvenez-vous de l’affaire Ingrid Sénat, cette journaliste de la même rédaction Gwada de la station martiniquaise, harcelée moralement et sexuellement par deux de ses confrères. Notre consoeur entame alors plusieurs procès à son employeur. Elle en gagne un pour le harcèlement moral mais en perd celui du licenciement. Ainsi, la Cour d’appel de Basse-Terre confirme le 18 juin 2018, le jugement du Conseil des prud’hommes condamnant RCI pour faits de harcèlement moral commis dans les années 2010 à l’encontre d’Ingrid Sénat.
Le jugement d’appel reconnaît également le harcèlement sexuel dénoncé par la salariée comme étant établi. Suite à cette affaire à rebondissements multiples, Thierry Fundéré et Warren Chingan discrédités sont contraints de partir la queue entre les jambes.
À Guadeloupe 1ère, la station de service public, par conséquent propriété de l’État français, Ronan Ponnet, un journaliste français peu estimé dans les colonies où il n’a laissé aucun bon souvenir, a été récemment licencié par la maison-mère, la holding France Télévisions suite à la plainte d’une élue qu’il avait traité sur Facebook de « menteuse et corrompue ». En contre-feu, Ponnet se sentant pris au piège a activé tous ses réseaux, y compris politiques (PS), pour obtenir la tête d’un de ses confrères.
Le confrère en question, c’est le journaliste guadeloupéen Gilbert Pincemail accusé par son employeur, France Télévisions, de non « non-respect de la clause d’exclusivité de collaboration en période électorale » est lui aussi licencié en mai 2023. En dépit des soutiens apportés par ses confrères de Guadeloupe 1ère, France Télévisions a maintenu la sanction qui sera doute examinée un jour en procédure prud’homale. Mais il est peu sûr que Pincemail revienne derrière le micro de Guadeloupe 1ère.
Le 25 octobre dernier, Philippe Vigier, le ministre des dernières colonies françaises est l’invité du JT de la télé d’ État. « Ici, il est chez lui », pour paraphraser un ex journaliste RCI cité plus haut. Répondant à une question de la journaliste sur l’interdiction de consommer l’eau du robinet suite au passage du cyclone Tammy, le méprisant ministre, conseille aux Guadeloupéens confrontés à une interminable crise de l’eau de « la faire couler, chauffer et après de la mettre au frigo ! ». Ce soir-là, on a frôlé une affaire Christelle Théophile mais la journaliste guadeloupéenne a été plus chanceuse que BZ. Elle a pu compter sur sa rédaction qui l’a protégée. Et sans doute mieux que Lise Dolmare qui avait eu à recevoir en mars 2007, Nicolas Sarkozy, l’hyper-actif ministre populiste de Chirac, candidat à l’élection présidentielle française. En lui posant les bonnes questions, la journaliste ne sait pas qu’elle est entrain de « creuser son trou ». Le générique de fin à peine terminé, Lise Dolmare est définitivement débarquée de la présentation du JT par Jean-Philippe Pascal, son DG en place depuis 2004. On n’a jamais su les raisons de cette brutale éviction d’une journaliste ayant fait son métier mais nul besoin d’être un mantimantè, un devin pour comprendre le pourquoi du comment.
C’est encore Lise Dolmare qui présente en novembre 2021, « Regards croisés » sur les conséquences du Covid. Là, encore, elle déplaît au pouvoir et bis repetita [elle] est mise à l’écart. Depuis, l’ex-présentatrice du JT et du magazine « Regards croisés est « l’envoyée spéciale permanente » de Guadeloupe 1ère à … Marie-Galante.!..
Ces affaires successives qui touchent le PAG ont des répercussions dans l’opinion. Elles contribuent à décrédibiliser une profession plutôt silencieuse quand elle est en difficulté avec les pouvoirs. Dans le contexte actuel, les journalistes guadeloupéens sont a minima, en mode dégradé et ce sont les réseaux sociaux, les plus crédibles, ceux qui ne sont pas à la solde de responsables politiques peu recommandables, qui font le plus souvent le job. La situation est devenue critique.
En résumé, une classe politique jugée inefficace et peu crédible malgré ses promesses électoralistes.
Des journalistes qui dans leur grande majorité servent de bons relais aux pouvoirs économiques et à la politique coloniale avec pour conséquence un peuple toujours sous domination. C’est cela la Guadeloupe de 2024.
Faut-il dans ce contexte si particulier croire ou penser que des élections peuvent encore servir à bouger les lignes ? La réponse est définitivement non ! Les votes de Serva et Mathiasin en faveur de l’odieuse loi française sur l’immigration en sont les preuves les plus tangibles.
Ary Chalus, depuis son second mandat de PDR, n’a pratiquement rien réussi. Guadeloupe Formation est en difficulté, l’École de la 2ème chance n’en a plus aucune, le Mémorial Acte après ses crises interminables et successives est devenu un bordel ingérable et l’Université (Pôle Guadeloupe) manque cruellement de moyens. Quant au CTIG, il n’est ni plus ni moins qu’une coquille vide qui ne sert plus à rien.
O nou kay kon sa ?
Le mouvement nationaliste guadeloupéen, en faiblesse depuis des années, n’a plus ni l’audience ni la crédibilité attendues. Ce qui reste de l’UPLG des années 80 en est aujourd’hui la parfaite illustration. Qu’on ne se raconte pas d’histoires, le LKP de Domota ne pourra pas de la seule volonté de son chef fè la Gwadloup Kaskòd.
Historiquement, le MPGI et l’Alliance Révolutionnaire Caraïbe (ARC), aujourd’hui disparus, sont les seules organisations nationalistes à avoir, un temps, sérieusement secoué le système colonial. Les militants des années 80, tout comme les combattants de la guerre anti-esclavagiste de 1802, avaient compris que face au colonialisme français et ses violences permanentes et parfois sournoises sé zyé ki té lach.
Kidonk fo ‘w fè sa ki fo é doubout !
Danik Zandwonis