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Guadeloupe. Politique. Etre journaliste en Radio Coloniale Identifiée

Guadeloupe. Politique. Etre Journaliste en Radio Coloniale Identifiée
Affaire Barbara OLIVIER ZANDRONIS /RCI, Conférence de presse des organisations anticolonialistes guadeloupéennes : pas de journalistes RCI présents. Le 12 décembre 2023 à Pointe-à-Pitre. Crédit : Danik Zandwonis.

Guadeloupe. Politique. Etre journaliste en Radio Coloniale Identifiée

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Pointe-à-Pitre. Samedi 23 décembre 2023. CCN. Après la sanction prise par Radio Caraïbes International (Guadeloupe), à l’encontre de la journaliste Barbara Zandronis, la grande majorité des organisations anticolonialistes de Guadeloupe ( sauf LKP et NONM) ont profité lors d’une conférence de presse, pour critiquer sévèrement l’attitude du média et l’importance de la liberté du journaliste en pays dominé.

L’interview de Jordan Bardella du Rassemblement National (RN) face à la journaliste Barbara Zandronis a fait polémique en Guadeloupe et contribué à ternir l’image du média radio le plus écouté. Une sanction maladroite prise par le Directeur d’Antenne Hervé de Hoaro à l’encontre de la journaliste guadeloupéenne en décidant de – l’écarter de la présentation du journal 13h que la jeune femme présentait -. Les réactions d’indignation, venant de tous bords se sont alors multipliées.

Les organisations anticolonialistes de Guadeloupe : ANG, CIPPA, CIPN, COMBAT OUVRIER, FKNG!, KSG, MIR PCG, UPLG) toutes scandalisées par cette injustice, se sont alors réunies trois jours après ladite interview, lors d’une conférence de presse pour dénoncer fermement l’attitude du Directeur de RCI.

A cette occasion, lors de la conf de presse, Barbara Zandronis (BZ), s’est vue décerner la médaille du courage.

Sans surprise, le média attendu mais absent du débat n’était autre que RCI. « C’est un tort et c’est même minable » rétorque Christian Céleste (Directeur des Nouvelles Étincelles, Hebdo du PCG).

48h après, la direction du média mis en cause a publié un “communiqué” inconsistant pour tenter de ”minimiser” la sanction prise (en affirmant qu’elle n’en est pas une !!! ). Il faut tout de même noter que RCI-Gpe est demeurée silencieuse sur cette affaire et donc les collègues de BZ ont tous refusé de la soutenir.

La lutte pour la Liberté continue

Comment expliquer ce silence ? La liberté d’expression est-elle en péril en Guadeloupe ? La décision prise par la direction de RCI est digne d’une époque qu’on croyait révolue. Ainsi, certains militants des organisations se souviennent de l’info – propagande – qui sévissait en Guadeloupe il y a 40 ans. Ainsi, Max Céleste (membre de la direction politique de Combat Ouvrier et co-organisateur de la conférence de presse), fait partie des témoins de cette longue quête de la liberté d’expression en Guadeloupe. Pour lui, « BZ aurait été licencié purement et simplement, à l’époque de la plus belle période coloniale, il y a 30 ou 40 ans ».

Le constat de Max Céleste est alors très clair sur la situation politique de la Guadeloupe. Et pour cause. Pour lui, la réaction de RCI « garantit une situation politique qui reste coloniale, où l’on a l’impression de revenir à l’époque de FR3 et avant FR3, à l’O.R.T.F, quand le préfet téléphonait aux dirigeants des médias pour leur dire, ce qu’il fallait dire et ce qu’il ne fallait pas dire ».

Luc Reinette, Fondateur du FKNG, militant nationaliste connu en Guadeloupe pour son opposition très ferme face à la main mise par la France sur l’information en Guadeloupe, se dit choqué par l’affirmation de Hervé de Haro (directeur de RCI) lorsque ce dernier dans son communiqué exprime le fait que « toute ingérence dans la gestion de son entreprise serait inacceptable ». Pour Luc Reinette, il semblerait que « ce Monsieur de Haro se considère comme un Roi dans son royaume, entouré de ses sujets… ».

Reinette ajoute :« il règne en Guadeloupe un climat bizarre caractérisé par le silence de tous les journalistes guadeloupéens pourtant réunis au sein d’une association (UJMG) censée défendre et soutenir ses membres lorsque ces derniers sont attaqués par n’importe quelle entité sur leur liberté d’expression ».

Jaklin Jakray, Présidente du CIPN, également présente lors de la conférence, partage cet avis et dénonce « un manque de solidarité » très inquiétant. La militante CIPN déplore l’absence d’une « levée de boucliers de la part des collègues de BZ face à la direction pour la défendre et demande que l’on respecte la professionnelle qu’elle est ». Pour elle, BZ a fait son travail face à un membre du RN s’attendant à ce qu’en tant qu’Afro-Descendante » BZ « s’aplatisse devant lui en lui déroulant un tapis rouge ».

Selon Luc Reinette, « la direction de RCI, c’est-à-dire Hervé de Haro et la famille Elizé propriétaire du groupe RCI, se sont sentis obligés de présenter de plates excuses à Jordan Bardella alors que c’est ce personnage – déstabilisé par des questions éminemment pertinentes mais dérangeantes pour lui – qui aurait dû s’excuser ».

L’Histoire coloniale ne peut être oubliée

Alors pour JJ Bicep , Président de l’UPLG, RCI « s’est montrée déférente » et a donc pris parti pour un politicien français ayant montré plus d’une fois ses positions racistes et xénophobes. En citant Montesquieu, JJ BIcep a rappelé que « tout pays dans lequel la liberté de la presse n’est pas garantie n’est pas une démocratie ». Il est alors primordial d’avoir en conscience que « la Guadeloupe est sous la tutelle coloniale française et qu’il est impératif que la presse puisse rendre compte de manière impartiale de la situation politique du pays, car les canaux officiels de l’État sont puissants et l’information est donc souvent biaisée. »

Jacqueline Jacqueray (CIPN) affirme de son côté que RCI devrait permettre à ses journalistes de pouvoir exercer leur métier sans pression d’aucune sorte dans le respect et l’éthique de la profession. Elle rappelle que « le journalisme est la voix du peuple que nous sommes. En le sanctionnant, en le bâillonnant c’est notre voix que l’on veut faire taire. Pour elle, il nous faut être aux côtés de tout journaliste ou autres médias que l’on veut faire taire car sinon c’est le début de la dictature. » En d’autres termes, RCI devrait représenter au mieux la libre expression des opinions qu’elle prône dans ces programmes au quotidien (l’émission “qu’en pensez-vous”, les directs lors des soldes par exemple etc).

Enfin, il faut dire qu’après avoir réuni plus de 25000 signatures sur une pétition lancée le 12 décembre 2023 sur change.org, nombreux sont ceux qui attendent le retour de la journaliste BZ à l’antenne. Pour Luc Reinette « comme tout citoyen, les guadeloupéens s’attendent d’une radio comme RCI, comme pour tout autre média, à une objectivité et une indépendance vis-à-vis de tout politique… À défaut, ici en Guadeloupe comme dans de nombreux pays, nombreux seront tentés d’interpréter », à juste titre, « le sigle RCI, comme définissant une Radio Coloniale Internationale »

Reportage. Noémie Etienne (stagiaire)

CCN

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