Nouvelle-Calédonie : l’urgence est désormais d’éviter la guerre civile en retirant le projet de réforme constitutionnelle
Paris. Mercredi 15 mai 2024. CCN. Alors que la situation en Nouvelle-Calédonie dégénère et prend une forme insurrectionnelle, je tiens à adresser aux familles des personnes décédées ainsi qu’à l’ensemble des citoyens et forces de l’ordre blessés mes pensées solidaires dans cette épreuve tragique que je condamne.
40 ans après les « Évènements », les affrontements qui ont cours depuis plusieurs jours donnent le tragique sentiment d’un retour en arrière. Si, en tant qu’ancien ministre, il ne m’appartient pas de porter un jugement sur le fond de la révision constitutionnelle engagée pour modifier le corps électoral en Nouvelle-Calédonie, je tiens à dénoncer la méthode gouvernementale qui a présidé à l’élaboration de ce texte et conduit à embraser l’archipel.
Passant de médiateur à juge et partie, l’État a continuellement cherché à braquer les esprits et se montre aujourd’hui responsable de l’escalade à l’œuvre.
D’abord en maintenant à marche forcée la tenue du 3ème référendum boycotté par les indépendantistes ; en nommant ensuite Mme Sonia Backès étendard des Loyalistes secrétaire d’Etat à la Citoyenneté (!) ; en délégant la gestion de ce dossier majeur au Ministre de l’Intérieur qui, désormais, fait à la fois office de président du Comité des signataires et responsable de l’envoi massif de forces de l’ordre pour réprimer les mouvements ; en tentant d’imposer une révision constitutionnelle sans accord politique local préalable ; et enfin en désignant un rapporteur du projet de loi plus que partial à l’Assemblée nationale.
En quelques années, le Gouvernement mais aussi le Président de la République ont dangereusement mis à mal le rôle de partenaire neutre et d’arbitre impartial de l’Etat dans ce processus issu des accords de Matignon et de Nouméa. La situation est désormais intenable : le Premier ministre doit reprendre la main et recréer les conditions du lien et de l’apaisement.
Le véritable état d’urgence est désormais d’éviter la guerre civile en faisant du retrait du projet de loi de réforme constitutionnelle – qui prend aujourd’hui la forme d’un ultimatum – un préalable à une nécessaire reprise du dialogue entre les parties et à une reconstruction d’un destin commun.