Kalinagos, Guadeloupéens, Algériens, Indochinois, Malgaches, Camerounais, Kanaks… La colonisation française : des massacres successifs perpétrés et restés impunis
Premier et triste constat, face à ce qui se passe en Kanaky depuis des semaines les journalistes, les universitaires et les experts sont sourds-muets et donc silencieux : est-ce surprenant ? pas vraiment.
Car analyser, et se positionner contre le dégel électoral imposé par le gouvernement colonial français aux Kanaks, obligerait nos journalistes muets, nos universitaires et nos experts complaisants à interroger leur propre réalité et le futur de notre archipel.
Pourquoi ?
Il est courant et même devenu presque banal de signaler que le peuple gwadloupéyen est vieillissant et notre jeunesse obligée de s’exiler. Quelles en seront les conséquences dans environ un demi-siècle, progressivement les Guadeloupéens natifs seront de moins en moins nombreux. Quand la question d’un VRAI changement statutaire se posera, et qu’un référendum “démocratique” colonial sera proposé, serons-nous très proches de la problématique des Kanaks, c’est-à-dire minoritaires. Les néo caucasiens franco-français qui envahissent progressivement la Guadeloupe et s’y installent, n’auront aucun mal à prendre la main. Il suffit pour s’en rendre compte d’aller à Saint-Martin, ou les natifs sont depuis plus d’une décennie minoritaire dans la friendly island.
Mais l’actualité de la Kanaky, nous oblige aussi à nous replonger dans l’histoire coloniale française. La kanaky est depuis 1853, une colonie de peuplement.
Dès leur arrivée sur ce territoire, les français ont tout mis en œuvre pour rendre les mélanésiens minoritaires chez eux. Face à l’organisation de cette colonie de peuplement, les Kanaks réagissent souvent violemment : si les soulèvements sont ponctuels, très faibles et aisément réprimés entre 1853 et 1878, la grande insurrection de 1878 du grand-chef Ataï provoque la mort de nombreux colons.
L’administration coloniale réussit à y mettre un terme. Ataï est ainsi capturé et décapité, la tête était conservée à Paris dans un bocal. Cette grande révolte kanak de 1878 se solde par la mort de 200 Européens ou assimilés et de 800 à 1 000 Kanaks.
D’autres révoltes d’importance ont eu lieu en 1913 mais surtout en 1917 dans le nord, sous la direction de divers chefs, dont le chef Noël Doui, pour la plupart décapités. Le livre « Les sanglots de l’aigle pêcheur 2 » relate la révolte kanak de 1917. Et puis, il y a eu la création en 1984 du FLNKS, qui réclame l’indépendance de la KANAKY. Les socialistes français (Rocard, Jospin) ont tenté de résoudre cette problématique, par les accords de Matignon, puis de Nouméa. Mais depuis l’arrivée de Macron au pouvoir, le Gouvernement français s’est mis à détricoter tous ces accords et la question du Dégel électoral a mis le feu aux poudres. Le Sénat français (avec Dominique Theophile), puis les députés ont voté une loi pour permettre aux caucasiens fraîchement installés de participer aux élections provinciales en Kanaky, ce que refusent les kanaks.
Face à la juste colère du Kanak, Darmanin, le ministre des dernières colonies françaises, a envoyé en Kanaky près de 2000 militaires. (En Novembre 2021, quand la Gwadloup s’était revoltée, nous avions eu aussi droit au GIGN/RAID)
Ces événements de Kanaky arrivent quelques semaines avant le énième et dernier congrès des élus qui aura lieu le 12 juin. Si l’on en croit Guy Losbar, ce congrès devrait déboucher, après un référendum, sur une fusion des 2 collectivités majeures. A terme
Guy Losbar espère aboutir à une sorte d’autonomie pour notre pays… Et c’est là que les choses se compliqueront, car on examine de près le statut politique actuel de la Kanaky, il est bien au-delà de l’autonomie mais les événements de ces derniers jours prouvent que malgré tout, l’État colonial garde la main. Le projet de loi sur le Dégel électoral, ne peut en aucun cas, favoriser une indépendance au profit du peuple kanak. La réalité est toute autre quand on examine de près, ce sont les caucasiens caldoches qui prendront le pouvoir et c’est la cause essentielle de cette révolte kanake. En Guadeloupe, nous ne sommes pas encore à ce stade. Mais, on peut déjà se poser la question : si cette “autonomie domiciliation du pouvoir” est un jour validée, à qui profitera-t-elle ? au peuple Guadeloupéen vieillissant ou aux néo caucasiens installés au cours des décennies à venir ?
Puisque nous sommes au mois de mai, il nous fut ici encore rappelé, même aux journalistes qui préfèrent ne pas y penser que pour la Gwadloup patriotique et consciente : MAI, c’est d’abord le combat de nos héros nationaux : Ignace, Delgres, Masoto, Marthe Toto, Solitude, qui se sont tous battus, les armes à la main contre les esclavagistes français en mai 1802
5 Mai 1947, l’insurrection malgache débute et est marquée par un massacre commis par l’armée coloniale française : plus de 20.000 morts La colonisation française à Madagascar avait débuté en 1896.
8 Mai 1945. Pour tenter de stopper le processus d’indépendance de l’Algérie Française, l’armée coloniale massacre à Sétif Guelma et Kherrata (ce qu’on appelait el Constantinois) près de 45.000 algériens qui manifestent pacifiquement à l’appel du Parti Populaire Algerien.
2 Mars 1960, sous la direction de l’armée française, les troupes camerounaises rasent le bourg de Yogandima, massacrant près de 8.000 civils sans armes.
26/27 Mai 1967, le massacre de dizaines de guadeloupéens par l’armée coloniale à Pointe-à-Pitre.
Le 5 Mai 1988, trois jours avant le second tour de la présidentielle française, l’armée donne l’assaut sur l’île d’Ouvéa, au nord-est de la Grande Terre, où des Kanaks retiennent en otage 27 gendarmes. L’opération provoque la mort de 21 personnes : 19 indépendantistes et deux militaires.
A cela il faudra ajouter les milliers de kalinagos massacrés ici, les millions d’africains arrachés à leur terre natale, déporté, jetés à la mer et soumis aux affres de l’esclavage colonial. Le bilan de la France coloniale est effectivement très lourd.
Et on nous demande d’oublier et d’aimer cette France des massacres ?
J’ai apprécié le rappel des dates et des noms de militants, et encore plus la réflexion pour la Guadeloupe et sa population vieillissante et sa jeunesse en partance.
Excellent! Kanaky, Gwadloup, Matnik, Guyane, Polynésie, Maghreb, Afrique , Banlieues…un seul et même mal.; la dominination de l’homme blanc (les femmes et les basanés en savent quelque chose).
Silence des journalistes dinant de la soupe de Bolloré, silence des universitaires rechignant à cracher dans la soupe, mais aussi silence de LKP? UGTG? CIPN…A Paris, Kanaks, syndicats, mouvements citoyens, associations ont manifesté en soutien au peuple >Kanak. Ici, silence radio…sa tris..min an ni espwa avè jénès gwadloup kon KBM