Basse-Terre. Capitale. Jeudi 14 mai 20120. CCN. Moins d’une semaine, après le déconfinement, le Président de la Région Ary Chalus a soumis à CCN un premier bilan de ses actions. D’abord, au plan humain, tant le confinement que les mesures souvent coercitives prises ont sans aucun doute empêché que le nombre de victimes de la pandémie soit une vraie catastrophe. Mais au plan socio-économique, tous les acteurs de ce secteur l’ont dit et prédit, si les entreprises de notre pays ne sont pas « accompagnées », pour être « sauvées » le crash sera terrible et quasi inévitable. Dans l’article ci-dessous A. Chalus donne à la fois sa vision du présent et son projet pour l’avenir : c’est à lire…
La France a décidé de lever, le 11 mai, progressivement le confinement de la population. Selon que vous serez classé vert ou rouge, vous aurez plus ou moins de liberté. Notre archipel est classé vert. Je me réjouis de ce classement car il est le résultat d’un effort collectif que je tiens particulièrement à saluer. Dès les premières informations qui laissaient apparaître que notre pays pouvait être affecté le Coronavirus, j’ai immédiatement organisé, le 27 février 2020 (avec la Présidente du Conseil départementale Mme Josette Borel -Lincertin le Préfet de Région M. Philippe Gustin , la Directrice générale de l’Agence régionale de santé (ARS), le Directeur du centre hospitalier de la Guadeloupe, le Directeur de l’aéroport, des représentants des organisations socio-économiques) une réunion au cours de laquelle j’ai affirmé la priorité que j’entendais donner à la santé des Guadeloupéens sur toute autre considération.
C’est aussi là que nait un dispositif clé de la lutte contre la pandémie dans notre région : le comité de suivi chargé de coordonner les publiques et d’associer les élus aux décisions. Il fallait dans ce contexte difficile organiser et dynamiser le fonctionnement de l’assemblée afin que celle-ci pût répondre avec efficacité aux exigences de ce temps exceptionnel. Aussi depuis le 17 mars 2020, date de l’entrée en confinement, notre assemblée et son personnel n’ont pas chômé pour traiter l’urgence. Nous avons soutenu toutes les initiatives qui avaient pour but de répondre aux besoins des personnels soignants : production de gel hydroalcoolique ; production de masques ; commandes de masques, de gants à l’internationale ; mise en place d’un partenariat avec la Région Île-de-France pour s’assurer pour garantir l’acheminement de nos commandes.
Des actions concrètes pour soutenir l’économie
La loi consacre la primauté de notre assemblée pour le développement économique de notre archipel. Là encore, je dois féliciter nos équipes qui ont tout mis en œuvre pour répondre à l’urgence. Déjà par des initiatives concrètes.
Aussi, nous avons offert aux mairies pas moins de 8000 cartons de bananes. Nous avons obtenu que le marché de fruits et légumes de Gourde-Liane ouvre à nouveau ses portes au grand soulagement de maraîchers. Le succès de l’opération “paniers péyi“ me laisse penser que le confinement nous a peut-être ouvert là une porte pour aider plus régulièrement les plus nécessiteux. Outre l’aide apporter aux artisans-taxis par le versement anticipé de la taxe spéciale sur la consommation sur les carburants, la Région Guadeloupe a pu débloquer la somme de 337 815 euros pour aider la pêche professionnelle et l’aquaculture. Elle a aussi dû accorder une aide de 354 000 euros pour le surcoût lié à l’affrètement de quatre vols supplémentaires par l’organisation des producteurs de melons. Et ne sont pas moins de 850 000 euros que la Région a voté pour accompagner la campagne sucrière de Marie-Galante.
Je ne veux point ici faire de triomphalisme, mais les chiffres témoignent tout de même de notre dynamisme : le fonds de solidarité État/Région a été doté d’un peu plus de 2 millions d’euros ; le fonds régional d’urgence TPE de 5 millions d’euros ; le fonds de maintien des activités agricoles de près de 2 millions d’euros. En plus de toutes ces mesures qui vont irriguer l’activité économique, notre institution a mandaté pas moins de 136 millions d’euros depuis le 8 janvier 2020
Nous mêler de nos affaires.
Nous avons aussi démontré combien la conférence territoriale de l’action publique (CTAP) a aussi durant cette période montré son efficacité tant elles ont pu permettre de débattre, d’afficher des positions cohérentes là où les divisions nous auraient durablement affectés. Malgré la meilleure bonne volonté des uns et des autres, une majorité d’élus n’a pas pu répondre aux exigences d’une ouverture des écoles dès la levée du confinement. Et sur ce point, la dernière réunion de la CTAP a montré que les élus pouvaient exprimer des positions fortes dans un domaine qui nous tient particulièrement à coeur : l’éducation de nos enfants. La Région d’ailleurs mettre tout en œuvre afin que cette période délicate ne porte pas trop préjudice à nos enfants car l’avenir de la Guadeloupe c’est une jeunesse bien formée, désireuse de relever les défis d’avenir.
Cette période exceptionnelle parce qu’elle a dit, mais aussi parce qu’elle n’a pas dit nous invite à réfléchir à l’élaboration d’une nouvelle donne politique pour notre archipel. Nous devons, qu’il s’agisse de l’économie, de la santé, de l’éducation, de l’économie, désormais nous mêler de ce qui nous regarde. Analysant la gestion de l’épidémie, le Président de la Fondation Concorde* (Jacques Rouseau, fait, dans le journal du dimanche du 10 mai 2020, le constat suivant : “L’autre cause de notre échec collectif, c’est l’obsolescence du modèle étatique français caractérisé par son extrême centralisation.
La décentralisation est clairement apparue comme un facteur de résilience (…) À contrario, les Régions et les Collectivités ont su mobiliser des ressources à petite échelle que ce soit à l’importation ou auprès de petites et moyennes entreprises françaises de leur territoire“. Et Jacques Rousseau d’écrire ceci : “Ce diagnostic appelle une nouvelle décentralisation en faveur des régions et de l’ensemble des collectivités locales, plus à même de répondre rapidement aux besoins des français et également davantage en capacité de mobiliser des solutions adaptées à la diversité des besoins de la population, de mobiliser des initiatives locales ainsi que les ressources disponibles dans leur environnement. Cet échelon, plus proche des citoyens, permet, en situation de crise, d’opérer un lien plus fort et plus rapide entre toutes les parties prenantes et permet in fine de répondre plus précisément aux besoins. Sont posées là, à n’en point douter, des orientations qui devront servir de base à un grand rassemblement pour l’avenir de notre archipel. J’entends prendre toute ma part à ce débat avec tous les démocrates, tous les talents guadeloupéens.
Ary Chalus*
Président du Conseil régional
*La Fondation Concorde est un laboratoire d’idées français fondé en 1997 par un groupe d’universitaires et d’hommes et femmes d’entreprises