Sainte Anne. Vendredi 19 Février 2021. CCN. La commune de Sainte Anne by night, a perdu de son animation balnéaire depuis l’application des règles imposées par la pandémie. Ne se promènent plus le soir comme à l’accoutumée, et ce après 19h sur le boulevard, tous ces gens qui déambulaient sur l’avenue en s’arrêtant ci-et-là devant les roulottes, les étals, les lolos, les bars ou encore le marché nocturne, pour se restaurer, boire, ou juste se rincer l’œil… La plage du bourg – dont l’animation nocturne est réputée pour s’éterniser tard dans la nuit en savourant un bain de minuit voire d’après-minuit, dans la pénombre ou au clair de lune, tandis que les restaurants animés par le cliquetis des couverts, les rires à gorges déployées des convives ravis de se réunir et de partager un bon repas en famille ou entre amis, où vous deviez faire au moins trois fois le tour avant de trouver une place de parking pas trop éloignée du lieu de destination – semble triste . Tout cela n’est plus vraiment …et a laissé place à un calme plat inhabituel. Malgré tout, certains comme le restaurant Kouleur Kréol , s’organisent pour recevoir de temps en temps quelques têtes d’affiche. Le 13 février 2021, l’établissement accueillait Florence Naprix dont le retour définitif dans son île natale n’est pas passé inaperçu.
A la veille de la ST Valentin, se produisait au Kouleur Kreol à Sainte-Anne, la grande Florence Naprix.
Une prestation époustouflante qui n’a pas laissé son auditoire insensible. Une voix incroyablement puissante et une présence scénique incontestable !
En symbiose avec son public, elle a repris dans sa première partie des chansons qui parlent de lutte à mener et de combats à poursuivre. C’est avec une grande émotion d’ailleurs et une telle justesse, qu’elle interprètera « Bwa brilé » de l’inoubliable Eugène Mona.
Fanm doubout’, très engagée au sein de sa communauté sur plusieurs sujets et projets, Florence Naprix a tenu à rappeler en préambule, que bien que nous soyons à la veille de la Saint-Valentin – fête des amoureux-, il n’en demeure pas moins, que le 14 février pour la Guadeloupe c’est avant tout la date anniversaire du massacre de la Saint-Valentin en 1952 qui s’est produit au Moule. C’est en effet dans la répression sanglante que les ouvriers et les agriculteurs de l’industrie cannière du Nord Grand-Terre ont engagé une grève pour réclamer une augmentation du prix de la canne et du salaire des ouvriers. Pendant cet affrontement entre CRS et grévistes, il faudra déplorer 4 morts et 14 blessés pour que les grévistes obtiennent gain de cause…
Capable de sublimer dans tous les styles sans jamais s’essouffler, avec une aisance à vous couper le souffle, Florence Naprix habite et habille la scène ; elle inonde l’espace de sa voix et transporte son public dans son univers artistique.
Incontestablement elle aime chanter en créole, et elle le revendique. Pour autant elle est capable de chanter aussi dans d’autres langues sans perdre en intensité et sensibilité.
Au cours du deuxième set, la chanteuse s’est révélée sous des titres plus « love », plus « siwo » comme elle aime à dire. Le public ne pouvait malheureusement pas se lever pour danser, et on a pu observer que certains n’hésitaient pas à se balancer sur leurs chaises !
Ah ! ce foutu Covid !!
Elle était accompagnée aux claviers par Audray Clodion dont les arrangements sont toujours aussi inédits et surprenants. Ce garçon vit sa musique des pieds à la cime de son crâne ! Ses comparses que sont non moins Grégory Louis à la batterie et Stéphane Castry à la basse, l’ont bien compris et le provoque dès que c’est possible ! Une belle team qui se connait de mieux en mieux tant ils sont dans le partage et la volonté de donner à leur public.
Si c’était un véritable plaisir de retrouver la chanteuse sur certaines de ses compositions qui font la beauté de son album « Fann Kann » sorti en 2012 et notamment quand elle chante « Konsyans », l’entendre reprendre de belles compositions comme « boulvèsé » de Tanya Saint-Val ou encore « Free » de Deniece Williams qu’elle s’approprie en créole et qu’elle a intitulé « Volé » prouve cette facilité affichée qui lui permet de s’envoler et de nous émouvoir d’un registre à l’autre…
Florence Naprix, c’est un diamant brut dont la voix semble ne pas connaitre de limite, dont le timbre et la puissance vocale vous envahissent malgré vous !
Toujours en conversation avec son public, elle joue, elle l’aguiche, elle l’émoustille, le provoque parfois avec une bienveillance, un amour et une attention réciproque.
Difficile d’imaginer cette jeune femme ailleurs que sur la scène, même s’il lui a fallu du temps pour le comprendre et l’accepter.
En femme passionnée et organisée qu’elle est vous n’avez pas fini d’entendre parler d’elle !
A quand le prochain album, Belle d’âme ?