Partagez sur

Actualité en Guadeloupe, Martinique, Guyane et dans la Caraïbe !

Gwadloupéyen, Martiniquais, Guyanais : Oui! Ultramarin: Non!

On est tous d'accord la guadeloupe va mal

Gwadloupéyen, Martiniquais, Guyanais : Oui! Ultramarin: Non!

Partagez sur

Partagez sur

Nul besoin d’être un linguiste pour savoir que dans une langue, les mots utilisés au quotidien ne sont jamais neutres, ils sont en effet tous porteurs de sens et révélateurs d’un état d’esprit. Pour désigner ces pays encore sous domination coloniale française que sont : Gwadloup Matnik, Kanaky, Lagwiyann, Polinézi… Les termes inappropriés, mais le plus souvent utilisés par ceux qu’on considère comme des “experts” ou des “élites” : à savoir les politiques, les journalistes mainstreams et hélas même des politologues et universitaires c’est “ Territoire ultramarins”. Bien évidemment à force de répétitions ce vocabulaire directement issu de la colonisation s’est à ce point popularisé dans l’opinion publique laquelle l’a adopté voire quasiment “légitimée”.

On ne s’étonne plus qu’à l’assemblée nationale française que des parlementaires issus de pays colonisés, parlent de leur pays ou des gens qui y vivent en les désignant uniformément comme “ultramarin.”

Une terminologie imposée et popularisée

Ce raccourci sémantique, subrepticement imposé par le pouvoir français et ses affidés, porte en lui-même toute la marque du système dont il est issu.

Car en réalité quand on parle dans ces assemblées ou dans les médias mainstreams “d’ultra marin”, cela laisse sous-entendre qu’un Gwadloupéyen un polinésien ou un réunionnais sont aux yeux du colon français totalement identiques ; il n’y a aucune différence réelle de culture, de mode de vie, d’histoire ou de langue. De façon colonialo-systémique, il faut l’admettre, tous ces peuples sont colonisés, par le même pouvoir français ; donc ce dernier n’a que faire de vouloir leur donner une quelconque identité singulière. Ce sont des ‘ultramarins’.

Mais alors comment comprendre que ceux que nous qualifions plus haut “d’élites” ou “d’experts” utilisent-ils consciemment cette terminologie dévalorisante, humiliante et coloniale sans jamais se poser la moindre question ?

L'origine coloniale du terme "ultramarin"

Ultramarin chacun le sait est dérivé du mot “outremer” qui est le terme originellement employé par les colonialistes franco français pour désigner les pays sous domination. En fait, au fil du temps, le mot colonies trop violent, et rappelant tous les crimes commis par le système colonial a été remplacé par “outremer” mais dans le fond, “outremer” et colonies sont au regard de la situation actuelle des synonymes. Cela implique que le mot volontairement générique “d’ultra marin” est l’équivalent hypocrite au XXIe siècle de colonisé. Décryptons ce terme et son origine.

Outremer est indissociablement lié à la colonisation, rappelle le géographe Jean-Christophe Gay. « Dans la seconde moitié du XIXe siècle, il désigne les pays sous domination coloniale européenne. A partir des années 1930, il va être réduit à ceux soumis à l’autorité de la France », écrit-il dans La France d’outre-mer. Terres éparses, sociétés vivantes (Dunod, 2021).

Autre explication: “la terminologie s’enracine avec les croisades, dont Guillaume de Tyr (v. 1130-1185) se fait le chroniqueur dans son Histoire de la terre d’outremer : dès la première expédition, au XIe siècle, les États latins fondés au Proche-Orient sont dits « d’outre-mer ».

Le terme Outre-mer s’est généralisé à l’époque des premières croisades. Aux XIVe et XVe siècles cela signifiait ce qui se trouvait de l’autre côté de la Méditerranée », précise Jean Némo, membre de l’Académie des Sciences d’Outre-mer, qui a codirigé la rédaction de l’ouvrage « Présences françaises outre-mer, XVIe-XXIe siècles », éditions Karthala, 2012).

A partir des premières grandes découvertes ce terme s’est beaucoup élargi pour englober tout ce qui était au-delà des océans, l’Amérique, le Sud de l’Afrique, l’Inde, l’Indonésie, les Philippines, la Chine, etc. Cela n’avait aucun sens formel ni juridique, mais représentait tout ce qui n’était pas européen.

Un vocabulaire au service de la domination

Allons plus loin et rejoignons cette universitaire martiniquaise qui a été présidente ( souvent contestée de l’ex UAG) Corinne Mencé Caster mais en tant que linguiste fournit une démonstration méritant une attention particulière, car au contraire de Jean Némo ou Jean Christophe Gay, elle est une colonisée.

Elle dit ceci
“l’espace auquel l’appellation « outre-mer » s’applique est, en principe, une ancienne colonie européenne ou occidentale, et de manière spécifique, un département, un territoire, ou une collectivité, rattaché(e) à la France ou à une métropole. – le locuteur qui y recourt ne conçoit l’espace ainsi désigné que dans la dépendance de cet autre espace « central » et « dominant » qu’est la France.”

ou encore:
“Quand on relie les questions de colonisation et de domination à celles des lieux où ces prédations se sont effectuées, ce qui est dit « ultra », qu’il soit marin (ultramarin) ou périphérique (ultrapériphérique), est perçu comme ce qui, situé hors des limites géographiques du monde connu, flirte dangereusement avec l’infra-humain. Dans cette perspective, les appellations « ultramarin », « ultrapériphérique » font des espaces ainsi désignés, des territoires du lointain, hétéronomes, en déficit de sens propre.”

Car précise Corinne Mencé Caster:
“Pour un Martiniquais, un Réunionnais ou un Guadeloupéen, se définir comme un Ultramarin ou dire qu’il vit en outre-mer, c’est comme, pour un poisson, s’identifier au plancton. Cela revient à se contempler dans un miroir en faisant sienne l’image de l’ancien maître. Or, comme on sait, ne pas s’approprier son image, c’est s’excentrer de soi-même et accepter que se perpétue la forme de violence symbolique qu’est l’aliénation”

A tous ceux qui dans nos pays sont encore dans le déni et/ou qui refusent consciemment d’utiliser les termes appropriés pour désigner la réalité coloniale, ils le savent et nous le disons au niveau lexical, ils participent au maintien d’un système de domination et d’aliénation qui approche son 4é siècle : 1635 / 2035.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

ccnfirst.COM

Bienvenue sur le portail

Actualité, Événements,
Bons plans des Îles du Sud
Les acteurs du développement
de la Guadeloupe de demain.
Le festival de la
bande-dessinée et du manga .
Portail Caribéen
Média et Com