
La défaite d’Ebony Cham : un miroir inquiétant de nos fractures sociétales?
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La défaite d’Ebony Cham au concours de la Star Academy ne cesse d’interroger. Il ne s’agit pas de remettre en question la victoire de Marine, dont le talent est indéniable. Cependant, le score écrasant de 35 % contre 65 %, un écart inédit dans l’histoire du programme, invite à une analyse plus profonde, surtout après la vague de haine qui a entouré la présence d’Ebony dans cette compétition.
Le quotidien Le Figaro a qualifié ce résultat de « revanche ». Mais de quelle revanche parle-t-on exactement ? Ce score pourrait être perçu comme le symptôme d’un malaise plus large : celui d’une société qui peine à accepter l’émergence de figures issues de minorités culturelles ou ethniques dans des sphères de visibilité publique. Ce serait la revanche d’un monde qui cherche, consciemment ou non, à établir des barrières là où il ne devrait y en avoir aucune, rappelant les distinctions artificielles de « races » au sein de la seule communauté qui compte : celle de l’humanité.
Dans un monde où la parole raciste est banalisée, voire encouragée, où les ennemis (autrefois) de l’humanité deviennent des patriotes, où des milliardaires financent des partis prônant le racisme et l’antisémitisme, où la vérité des faits en censurée au profit de la désinformation, où une supposée inversion des valeurs du christianisme – lui faisant perdre la quintessence de son message- est martelée, il devient crucial de résister. Mais cette résistance ne doit pas prendre la forme de violences, ni de confrontation brutale. Elle doit se fonder sur des armes plus puissantes : celles de l’amour, de la compréhension de l’autre, et de l’éloge de la connaissance.
Loin de la logique de domination et d’exclusion, elles offrent une voie émancipatrice, un moyen de transcender les clivages artificiels et de voir plus grand, plus fort. Parce que l’amour n’est pas une faiblesse, mais une force qui peut unir et transcender les peurs irrationnelles. La compréhension de l’autre, loin de nous affaiblir, est le seul moyen de tordre le cou à l’ignorance et à l’intolérance qui nourrissent la haine. Quant à la connaissance, la vérité des faits, elles sont les clés de notre émancipation, en nous permettant d’élargir nos horizons, de comprendre le monde sous un jour plus juste et plus humain.
Dans cette époque marquée par la montée des discours de haine, où des figures publiques, souvent puissantes et influentes, tentent de semer la division, nous devons répondre non pas par la violence, mais par la force de la solidarité humaine. Il est de notre responsabilité collective de refuser l’injustice et de défendre un monde où l’acceptation, le respect et l’empathie sont les véritables piliers de notre société. Ce n’est qu’en nous réappropriant ces principes fondamentaux que nous pourrons espérer construire un monde plus éclairé, où chacun aura une place légitime et respectée, loin des ténèbres de l’exclusion.

Barbara Olivier-Zandronis, journaliste et réalisatrice