Guadeloupe. Théâtre. Kannari ka di chodyè : Un miroir théâtral de notre société
Guadeloupe. Théâtre. Kannari ka di chodyè : Un miroir théâtral de notre société
Basse-Terre – Capitale, le lundi 20 octobre 2025. CCN. Samedi dernier, l’Artchipel , Scène Nationale a vibré au rythme de «Kannari ka di chodyè», une pièce de théâtre signée José Jernidier, mise en scène par José Excelsis, et portée par les comédiens Joël Jernidier et Christian Julien. À travers un voyage retour au pays, la pièce offre une plongée intense et originale dans les enjeux contemporains de la société antillaise.
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Une mise en scène épurée pour des dialogues puissants
La force de «Kannari ka di chodyè» réside dans sa simplicité. La mise en scène, sobre et épurée, met en lumière l’intensité des échanges entre les deux personnages principaux, Ernesto et son ami. Leurs dialogues, animés et naturels, servent de fil conducteur pour aborder une multitude de thèmes sociaux, invitant le spectateur à une réflexion profonde.
Le rythme particulier de la pièce, tantôt lent et contemplatif, tantôt vif et tendu, renforce l’immersion et la portée des messages. Chaque réplique, chaque silence, devient un écho des questionnements qui traversent la société antillaise aujourd’hui.
Un voyage en deux temps : entre retour aux sources et défis contemporains
La pièce s’ouvre dans un avion, où Ernesto, guadeloupéen et son ami Martin, martiniquais, regagnent leur terre natale pour l’enterrement d’un ami d’enfance. Dès les premières minutes, le spectateur est plongé dans une introspection sur l’appartenance, l’histoire personnelle et collective. Qui sommes-nous ? Que devons-nous à notre passé ? Comment se réapproprier une identité parfois brouillée par l’histoire ?
Les dialogues s’enchaînent, révélant les multiples défis auxquels font face la Guadeloupe et la Martinique :
- L’héritage colonial : comment les traces de l’esclavage et de la colonisation pèsent-elles encore sur le présent ?
- La gestion des ressources : pénurie d’eau, enjeux environnementaux, et difficultés à préserver les terres et les héritages familiaux.
- Les dynamiques économiques et sociales : clans, économie locale en tension, fuite des jeunes, et vieillissement démographique.
- La responsabilité intergénérationnelle : quel legs laissons-nous, et quel avenir construisons-nous pour les générations futures ?
Chaque thème est abordé avec une franchise qui interpelle, sans jamais tomber dans le manichéisme. Le spectateur est invité à s’interroger : «Et moi, quel est mon rôle dans tout cela ?»
«Kannari ka di chodyè» ne se contente pas de décrire les problèmes. Cette œuvre les incarne. La simplicité du dispositif scénique concentre l’attention sur l’essentiel : les mots, les émotions, et les idées. En une heure et demie, les spectateurs ont été transportés dans les dilemmes d’une société en quête de sens et de solutions.
Pendant la représentation, le public est plongé dans une véritable immersion au cœur des questionnements de notre société. Chaque sujet l’amène à se questionner en profondeur sur notre responsabilité et la société que nous construisons pour nos jeunes.
«Kannari ka di chodyè» est bien plus qu’une simple pièce de théâtre. C’est un miroir tendu à la société antillaise, un espace de dialogue puissants et de réflexion sur les défis du présent et les héritages du passé. À travers des personnages attachants et des dialogues percutants, José Jernidier et José Excelsis offrent une œuvre qui parle à chacun, où qu’il se trouve. Un miroir théâtral de la société antillaise. A voir absolument !
Une pièce qui mériterait d’être jouée dans tout notre archipel.
Auteur : José Jernidier
Mise en scène : José Exélis
Comédiens : Joël Jernidier, Christian Julien
Coproduction : Théâtre du 6ème Continent, Nayo’Konsept,





