
Guadeloupe.Meetoo. Jimmy Pierrot (RCI Gpe) – accusé de harcèlement et d’agressions sexuelles
Abymes.Mardi 29 avril 2025. CCN. Depuis le week-end dernier, une série de témoignages diffusés sur les RS dénoncent les agissements de Jimmy Pierrot, figure emblématique du paysage médiatique guadeloupéen. Le présentateur de RCI, mis en cause par dix-huit jeunes femmes sur la page #MetooGuadeloupe– pour la plupart mineures à l’époque des agressions – fait face à des accusations de harcèlements, d’agressions sexuelles et d’abus de d’autorité.
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Sur le principe de la présomption d’innocence, le groupe RCI, a annoncé “l’ouverture d’une enquête interne”. Selon nos infos Jimmy Pierrot est en “congé”, mais ne devrait plus revenir à l’antenne. Toutefois, plusieurs éléments suggèrent que l’affaire était déjà connue en interne. Il faut rappeler qu’en 2018, suite à “l’affaire Ingrid Sénat” plusieurs journalistes de la station avaient dû être“écartés définitivement de RCI parce que accusés par leur consoeur de harcèlements. Jimmy Pierrot pourra- t- il revenir à l’antenne?
« Tout le monde le savait », témoigne une source proche de la société RCI. Jimmy Pierrot, animateur vedette, était connu pour ses comportements inappropriés, avec des approches de séduction douteuses et des blagues graveleuses, particulièrement envers les adolescentes. Sur la page instagram de « Metoo Guadeloupe » Instagram, dix-huit jeunes femmes, majoritairement mineures au moment des faits, ont pris la parole pour décrire les agissements de l’animateur. Dans chaque témoignage, un schéma récurrent se dessine : l’animateur attire les jeunes filles sous prétexte de les faire poser pour des photos et leur promet de les aider à devenir des stars, mais à une condition : se rendre seules à ses rendez-vous « professionnels ».
1/Le modus operandi : manipulation et promesses de gloire
Selon ces jeunes femmes, Jimmy Pierrot a exploité sa position d’influence et abusé de sa notoriété. Il les pressait de se rencontrer seules, et usait du chantage lorsque ces dernières demandaient les photos prises lors de leurs séances. Une victime témoigne : « Je voudrais tellement te photographier, y’a pas de mal à se faire du bien. Après la séance photo, tu viendras dans mon jacuzzi. » Une autre précise : « A l’époque, il rencontrait des filles mineures sur des chats Yahoo et Wanadoo. ». Des dénonciations anonymes publiées sur internet certes, mais la concordance troublante entre les récits, dans les détails comme dans les modes opératoires décrits, interpelle et suscite de vives inquiétudes.
2/Le témoignage le plus accablant :”Si je ne viens pas dans sa chambre, je ne pourrai pas rentrer chez moi.”
Parmi les déclarations , celle de « X » – une jeune femme de 17 ans à l’époque – se distingue particulièrement. En 1997, cette dernière participe à un jeu-concours organisé par NRJ, la radio musicale où Jimmy Pierrot officiait alors. Ce dernier l’invite à enregistrer une chanson dans un studio d’enregistrement à Pointe-à-Pitre. Au terme de cet enregistrement, il lui propose d’aller voir un concert de son artiste préféré.
Après avoir obtenu la permission de la grand-mère de la jeune fille, il l’accompagne à l’événement. Ce qui semble être une soirée de divertissement innocente prend une tournure inquiétante. « Il me dit qu’il est fatigué, qu’il m’emmène chez lui, (…) qu’il se pose un petit peu et qu’ensuite il me ramène », raconte-t-elle. Elle commence alors à ressentir un malaise. « Je commençais à frissonner et à paniquer intérieurement, je me disais que ma grand-mère l’avait vu, il ne pouvait pas me faire de mal », poursuit-elle.
La soirée bascule brutalement à son réveil : « Il me dit que si je ne viens pas dans sa chambre, je ne pourrai pas rentrer chez moi », se souvient-elle. Ce qu’elle décrit ensuite est un viol. « Il m’a tirée dans la chambre », confie-t-elle, visiblement encore marquée par cet épisode, « et il a fait ce qu’il avait à faire, même si je pleurais. ». Elle a été laissée seule devant un arrêt de bus, au matin, à 25 kilomètres de son domicile.
«3/ On nous a avertis en amont, pour nous préparer »
Face à l’avalanche de témoignages et l’émoi qu’ils suscitent, la direction de RCI Guadeloupe a annoncé hier l’ouverture d’une enquête interne afin de faire toute la lumière sur ces accusations. Cependant, selon nos informations un membre de la direction de la station était déjà informé de ces faits depuis plusieurs années, sans que des mesures ne soient prises pour protéger les victimes : « Je sais ce qu’il t’a fait, tu aurais dû faire ce qu’il fallait, aujourd’hui n’est-ce pas un peu tard ? Mais tu ne mérites pas ça », lui a-t-il écrit en avril dernier dans un message après qu’elle s’est offusquée de le voir publier une photo de lui et de son agresseur sur les réseaux sociaux. Un ton désinvolte et culpabilisant qui contraste avec la gravité des faits rapportés.
Pire encore, dans un autre échange WhatsApp, ce même cadre semble reconnaître que la direction de la station était informée des accusations visant Jimmy Pierrot avant même leur médiatisation. « Des gens vont faire sortir ses histoires avec des mineurs, on nous a avertis en amont, pour nous préparer », affirme-t-il. « Il faut qu’on le mette à l’écart, on ne sait pas s’il a vraiment arrêté » lui répond -elle, et lui d’un air très dubitatif : « Sincèrement avec ses histoires de Miss, j’en doute. Il est fasciné par les jeunes filles ».
Cette déclaration particulièrement troublante soulève plusieurs questions : de qui parle-t-il avec ce « on » exactement ? Depuis quand RCI Guadeloupe était au courant des agissements supposés de son animateur ? Et surtout, pourquoi aucune mesure immédiate n’a-t-elle été prise pour protéger les victimes, alerter la justice, ou au moins suspendre l’intéressé le temps d’une enquête par principe de précaution ? Il est à rappeler que pour l’heure Jimmy Pierrot bénéficie de la présomption d’innocence tant que la justice ne s’est pas prononcée La victime X – pour laquelle la nouvelle réglementation pourrait exclure la prescription jusqu’en 2028 – a décidé de porter plainte sous peu pour faire entendre sa voix et obtenir justice et réparations.
4/Une affaire qui rappelle celle d’Ingrid Sénat
Mais l’inaction récurrente de la direction rappelle l’affaire d’Ingrid Sénat en 2018. En effet, à l’époque l’ex Directeur Daniel Marival était resté silencieux et avait refusé de considérer le harcèlement moral et sexuel dont était victime la journaliste I. Sénat. L’affaire avait été jugée et sur la question du harcèlement la station avait été lourdement condamnée. La gestion de cette nouvelle affaire laisse penser à une mécanique similaire :
Question: RCI saura- t -elle cette fois, choisir la voie de la transparence, de la responsabilité et de la justice, plutôt que celle d’un silence complice? affaire à suivre…
Danik Zandwonis