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Martinique. Politique. Béatrice Bellay : Une nouvelle voix pour l’émancipation de la Martinique

Martinique. Politique. Béatrice Bellay : Une nouvelle voix pour l’émancipation de la Martinique

Fort de France. Jeudi 6 mars 2025. CCN La vie démocratique a ceci de redoutable qu’elle nous confronte à des bifurcations – parfois anodines, parfois spectaculaires – qui se révèlent toujours déterminantes. 

L’analyse de Jeff Lafontaine

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Ces possibles perpétuels constituent à la fois sa richesse et, hélas, sa grande fragilité. Les déviances et dérives invoquées au nom de la défense du peuple martiniquais ne sont souvent que la partie émergée d’un mal-être profond et de contradictions insondables. 

C’est pourquoi nous devons vivre notre démocratie avec une éthique scrupuleuse, afin que nos erreurs ne soient que des faux pas politiques, sans jamais trahir les valeurs fondamentales qui bordent les tumultueuses luttes pour l’émancipation des peuples.

Nombreux sont ceux qui considèrent que ce que l’on appelle « Outre-mer » est constitué de nations sans États. Il s’agit de pays singuliers, marqués par des réalités historiques, culturelles et économiques d’une profonde diversité. Même si quelques esprits éclairés parlent parfois « des » outre-mer, l’esprit colonial a encore tendance à les traiter de manière uniforme, niant ainsi les perspectives différentes qui devraient être les leurs. 

Aujourd’hui, le rêve demeure d’une Martinique jouissant d’une souveraineté politique, économique et culturelle, dans le cadre d’une solidarité et d’une coopération avec les pays du bassin caribéen. Une Martinique qui se penserait mieux unie dans sa diversité que figée dans une verticalité une et indivisible, telle que la propose la République française.

Un camouflet inattendu

C’est dans ces méandres de la vie politique que surgit Béatrice Bellay. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, elle abat un pan de la citadelle inviolable depuis 85 ans. La sphère dite anticolonialiste historique, au nom de la rose, s’enflamme désormais autour de la survie du peuple. 

Au cœur d’un pays marqué par un passé colonial douloureux, l’écho d’une voix audacieuse résonne, porteur d’un message intemporel d’espoir et de liberté. Béatrice Bellay, par son engagement intellectuel et sa plume incisive, a su semer le germe d’émancipation, une graine dont la vitalité s’exprime aujourd’hui dans la lutte permanente pour l’égalité et la dignité martiniquaise. 

Béatrice Bellay a innové dans le champ lexical en parlant des peuples des pays des océans. Ce qui pourrait laisser penser qu’il ne s’agit plus de morceaux de France, mais bien de peuples vivant avec leurs réalités et leurs différences. 

Dans son dernier discours, à l’occasion du vote de sa loi sur la vie chère, elle a dénoncé les mécanismes de domination et appelé à une redéfinition de l’identité, invitant chacun à puiser dans la richesse de son héritage culturel pour se libérer des carcans imposés. 

La métaphore du germe – symbole de potentialité et de renouveau – est ici particulièrement évocatrice : ce n’est pas tant une rupture brutale que l’émergence progressive d’une conscience nouvelle, capable de transcender les blessures du passé pour bâtir un avenir plus juste. 

Aujourd’hui, alors que la Martinique se confronte de plus en plus violemment à des défis contemporains tels que la recolonisation, le vol de terres et les tensions identitaires, l’approche de Béatrice Bellay se révèle plus pertinente que jamais. Son discours, articulé autour d’un langage à la fois poétique et militant, incite à la mobilisation et à la réflexion collective. La force de ses idées réside dans leur capacité à inspirer des mouvements citoyens, à réveiller des consciences endormies par des décennies d’oppression et de désillusion. 

Elle nous rappelle que la quête de liberté est un chemin semé de petites victoires et de grands sacrifices* 

L’impact de Béatrice Bellay se mesure également dans la façon dont elle a su instaurer un dialogue entre passé et présent. En évoquant les stigmates du colonialisme tout en proposant une vision d’avenir, elle invite à repenser les rapports de pouvoir et à imaginer une société où l’émancipation collective devient le moteur d’un renouveau identitaire. 

La voix de Béatrice Bellay s’inscrit dans le quotidien de ceux qui, par leur engagement, transforment les aspirations en actions concrètes. Chaque citoyen martiniquais est invité à devenir acteur de sa propre émancipation, afin que résonne l’espoir d’un avenir où la liberté et la dignité ne seraient plus de vains slogans, mais la réalité d’une Martinique fière et souveraine. 

Cela nous change des discours éculés et redondants, maladroitement parsemés de paraphrases d’Aimé Césaire. 

Mais…

Gardons-nous de jamais oublier que c’est sous couvert de réalisme que l’on orchestre la régression sociale dont a besoin le tout-profit capitaliste. Aujourd’hui, c’est au nom d’un réalisme utilitariste que l’on nous impose une intégration poussée à la France et à l’Europe, une intégration qui, en effaçant nos réalités, nie la souveraineté indispensable à l’épanouissement de nos pays. 

C’est en son nom que l’on saccage le principe des retraites, qu’en France l’on détourne la démocratie en contournant le Parlement, et qu’une partie de la classe politique infantilise nos peuples par une gestion sournoise aux allures de pratiques colonialistes. 

C’est aussi au nom d’un réalisme économique dévoyé que l’on sacrifie la qualité de vie sur l’autel du développement. Sous prétexte de rationalité économique, on nous assène la continuité territoriale en transformant nos pays en vitrines touristiques, alors même que le coût de la vie grimpe de façon inouïe. 

Toutes ces récentes gloses politiciennes tendent à masquer l’effritement de l’inefficacité de décennies de pansements sur des jambes de bois et de notre identité. 

Nous sommes lucides

Ce qui se déroule, c’est l’adoption de mesures d’urgence économique qui, dans leur mise en œuvre, replacent l’État central aux commandes d’une politique uniformisante, niant nos réalités diverses et engendrant une homogénéisation qui écrase le sentiment d’appartenance et la différence. 

Par ailleurs, une analyse globale de la situation économique et sociale de nos territoires éclaire l’incurie des politiques publiques de soutien, menées depuis des décennies, dont la responsabilité incombe tant aux services de l’État qu’aux orientations de nos élus. 

Nos pays se sont construits par-delà d’épouvantables épreuves. Nos peuples ont su extraire, des abîmes du passé – génocide initial, traite et esclavage, colonisation et relents persistants – des valeurs de paix, de fraternité et de vivre-ensemble. Une telle trajectoire nous autorise à croire en la capacité de surmonter la barbarie des aventuriers politiques, nourris par des règles éculées de domination, et de résister à l’uniformisation imposée par des élites aveuglées, les uns par le profit, les autres par le pouvoir. 

Derrière cette contestation se cache aussi un désir ardent de droit, d’émancipation et de respect. Il serait téméraire de vouloir ignorer cette demande populaire qui s’exprime avec force et clame la souveraineté en actes, sans quoi le fragile pacte social risque de s’effondrer davantage. 

Béatrice Bellay, voilà notre réalisme !

Agir avec détermination, faire tout ce que l’on peut avec les moyens dont nous disposons, et exiger le respect de notre souveraineté territoriale et tous ses attributs dans une perspective d’épanouissement de tous. 

Les luttes pour l’émancipation ont toujours été des tragédies, mais aussi des moments de régénération collective qui ont permis aux peuples de se projeter vers des espérances nouvelles. C’est le prix à payer pour que la volonté populaire triomphe, pour que l’indispensable hauteur se fasse, et pour que les misères du monde deviennent l’affaire de tous dans un univers qui relève de la responsabilité collective ! 

C’est ce que nous avons envie de comprendre, et nombreux sont qui vous font confiance.

Toute autre attitude ne saurait être que le masque bien-pensant de bavards impénitents. 

Jeff Lafontaine

Correspondant CCN  à Fort de France

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