
Guadeloupe. Société. La virilité de l’homme peut-elle justifier les violences faites aux femmes ?
Pointe à Pitre. Mercredi 19 Mars 2025. CCN En Guadeloupe, la figure de l’homme alpha – fort, dominant, viril et même volage – occupe une place centrale, aussi bien dans la sphère privée familiale ou de couple que dans les représentations culturelles. Cette forme d’expression de masculinité, souvent perçue comme un idéal, est valorisée et encouragée. Pourtant, dans certaines dynamiques de couple, elle peut parfois dériver vers des formes de contrôle, de possessivité et de domination, contribuant à une banalisation des violences conjugales et sexuelles.
by Karine Louisy psycho therapeute
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Un modèle relationnel à questionner
Alors que le mouvement #MeToo a bouleversé les rapports hommes-femmes dans de nombreuses sociétés, cette vague de remise en question semble moins perceptible dans les territoires ultramarins. Ici, les violences conjugales restent souvent minimisées, justifiées, voire invisibilisées, comme si elles faisaient partie des tensions normales au sein du couple. Pourtant, les chiffres sont alarmants : en France, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son partenaire. Derrière ces drames, il y a bien souvent des violences psychologiques, plus insidieuses, qui précèdent et installent l’emprise sur la femme.
Pourquoi ces comportements persistent-ils ? Comment s’expliquent ces résistances à l’évolution des rapports de genre ? Plus encore, comment amener une réflexion collective pour redéfinir les relations de couple sur des bases plus équilibrées et respectueuses ?

Une construction sociale qui façonne les rapports hommes-femmes
Dans la société guadeloupéenne, l’homme est souvent perçu comme le chef qui a tous les droits sans les devoirs. Ce modèle, loin d’être figé, évolue avec le temps, mais il reste influencé par plusieurs facteurs :
- La culture populaire, où l’image de l’homme séducteur et dominant est souvent mise en avant, tandis que la femme est parfois cantonnée à un rôle d’objet de désir. Les femmes elles-mêmes tendent à se conformer dans des stéréotypes d’impudicité.
- Les lois tacites familiales et sociales, qui véhiculent l’idée qu’une femme doit « tenir son foyer » et faire preuve de patience face aux difficultés du couple, même lorsque celles-ci prennent la forme de violences. La loi du silence sur les violences physiques et sexuelles sont imposés aux victimes par le clan familial.
- Le poids des croyances magico-religieuses et morales, qui encouragent souvent la discrétion et le sacrifice au détriment du bien-être individuel.
Dans ce contexte, il est nécessaire de questionner certaines pratiques et représentations pour faire émerger une vision du couple plus équilibrée, égalitaire et respectueuse.
Des violences psychologiques invisibles, mais destructrices
Loin des clichés de la femme battue au visage tuméfié, la violence conjugale commence souvent par un processus insidieux d’emprise psychologique. Les violences psychologiques sont les premières armes d’un contrôle progressif :
- Le dénigrement permanent : critiques sur l’apparence, l’intelligence, la valeur de la
- L’isolement : éloignement des amis, de la famille, rupture avec toute forme de
soutien extérieur.
- Le chantage affectif et les menaces : jouer avec la peur, la culpabilité, la honte pour maintenir l’emprise.
- La destruction de l’estime de soi : la victime en vient à douter d’elle-même, à se croire incapable de partir ou d’être aimée
Dans une société où la parole des femmes est systématiquement remise en cause, ces violences sont banalisées. On dit aux femmes qu’elles exagèrent, qu’elles provoquent, qu’elles n’ont qu’à « faire des efforts » pour calmer leur conjoint. Pourtant, c’est bien cette emprise invisible qui pave la voie aux violences physiques et sexuelles.
Pourquoi #MeToo n’a pas (encore) eu d’écho en Guadeloupe ?
Alors que dans le monde entier, le mouvement #MeToo a fait vaciller les fondations du patriarcat, la Guadeloupe semble en marge de ce combat. Les témoignages de violences conjugales ou sexuelles restent rares, et les dénonciations encore plus. Pourquoi ce silence ?
- La peur des représailles : Dans une société insulaire, où tout le monde se connaît, parler expose les victimes à l’isolement et au rejet
- La minimisation des violences : Beaucoup de femmes grandissent en voyant leurs mères subir en La souffrance devient une norme.
- L’absence de sensibilisation : À l’école, dans les médias, dans la culture populaire, les rapports de force homme-femme ne sont que rarement questionnés.
Pire encore, le carnaval, censé refléter les problématiques sociétales, reste timide sur ces questions. Les chansons populaires et les caricatures perpétuent des stéréotypes sexistes avilissantes et des blagues sur les violences faites aux femmes.
Où est la remise en question collective ? Où est la dénonciation artistique et culturelle de cette oppression systémique ?
Que faire pour changer les mentalités ?
Sortir de ce modèle nécessite une prise de conscience collective, et cela passe par plusieurs étapes essentielles :
- Reconnaître la réalité des violences conjugales et sexuelles : Ce qui est banalisé doit être dénoncé. Une claque, un chantage, une insulte ne sont pas des preuves d’amour.
- Éduquer autrement : Dès l’enfance, il faut enseigner le respect mutuel, l’égalité des sexes et l’importance du consentement.
- Valoriser des modèles masculins alternatifs : L’homme fort n’est pas celui qui
domine, mais celui qui respecte.
- Encourager la prise de parole : Les victimes doivent être entendues et protégées. Briser le silence, c’est déjà un premier pas vers la libération.
Parler pour sauver des vies
Les violences conjugales et sexuelles ne sont pas une fatalité. Il est possible de s’en sortir. En tant que praticienne en psychothérapie et en sophrologie, j’accompagne les victimes pour :
- Comprendre l’emprise et s’en libérer
- Guérir ses traumatismes
- Stopper les schémas de répétition
- Reconstruire leur estime de soi
- Sortir du cycle de la violence et réapprendre à vivre librement
Si vous vous reconnaissez dans ces situations ou si vous connaissez une personne en souffrance, n’attendez pas pour agir. Contactez-moi.
Je reçois du lundi au vendredi en cabinet à Baie-Mahault et en téléconsultation. Prenez rendez-vous sur www.mindsetevolution.fr ou au 06 91 27 78 73.
Pour ceux qui veulent aller plus loin, je vous conseille mon podcast Karine Louisy sur toutes les plateformes de téléchargement.
Briser le silence, c’est reprendre le pouvoir sur sa vie.
Karine LOUISY
Praticienne en psychothérapie et sophrologue.