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Les élus locaux et les économistes de l’IEDOM face à une incertitude qui brouille la vision de l’avenir !

Les élus locaux et économistes de l'IEDOM face à une incertitude qui brouille la vision de l'avenir !

Les élus locaux et économistes de l'IEDOM face à une incertitude qui brouille la vision de l'avenir !

4/5

Pawol Lib (Libre Propos) est une nouvelle rubrique de CCN. Notre rédaction propose donc à tous les progressistes qui le souhaitent un espace de communication, une tribune dont le but principal est de porter une contribution au débat d’idées qui fait cruellement défaut dans notre pays. Les points de vue exprimés dans « Pawol Iib » n’engageront pas nécessairement la ligne éditoriale de CCN mais il nous semble indispensable que les intellectuels, la société civile aient la possibilité de pouvoir très librement opiner dans nos colonnes.

 
 

La Guadeloupe fait face à des défis économiques persistants, comme le souligne le récent rapport annuel de l’Institut d’Émission d’Outre-Mer (IEDOM) sur la conjoncture économique ultramarine de 2023. La dépendance aux importations et au fret, combinée à la volatilité des prix des matières premières et à un taux de chômage élevé, met en lumière la fragilité de l’économie guadeloupéenne. La pandémie de Covid-19, la guerre en Ukraine et les conflits au Moyen-Orient ont exacerbé cette fragilité, laissant entrevoir des perspectives incertaines pour l’avenir économique de la région. Malgré quelques signes d’amélioration, tels qu’une légère baisse de l’inflation et des prix de l’énergie, les effets néfastes de ces crises persistent, entravant la croissance économique et l’accès au crédit pour de nombreux ménages ultramarins dixit l’IEDOM . Ces rapports de l’IEDOM pêche cependant par une absence de vision prospective. Les rapports des organismes comme l’IEDOM et l’INSEE sont souvent rédigés de manière prudente pour éviter d’influencer les acteurs économiques de manière brusque. Ils tendent à fournir une analyse objective de la situation actuelle et des tendances économiques, mais prédire l’avenir avec certitude est difficile. Les rapports peuvent être plus utiles pour comprendre les facteurs à surveiller et les risques potentiels plutôt que pour donner des prédictions précises. Mais tout cela ne permet pas d’éclairer l’avenir qui s’avère être extrêmement mouvant avec les différentes mutations sociétales.

Dans ce contexte précaire, les économistes de l’IEDOM et les élus locaux de la Guadeloupe sont confrontés au défi de prévoir l’avenir avec une précision limitée. Les prévisions de croissance et d’inflation sont souvent sujettes à des biais, reflétant les difficultés inhérentes à la prédiction économique dans un environnement aussi complexe et volatile.Cependant, une évolution significative se dessine dans la manière dont les économistes envisagent l’avenir. L’intégration d’une marge d’incertitude dans les prévisions économiques, adoptée par certaines institutions telles que le FMI, marque un tournant majeur dans la pratique économique. Plutôt que de prétendre connaître l’avenir avec certitude, les prévisions intègrent désormais la probabilité de divers scénarios futurs, permettant ainsi une meilleure prise de décision publique et une approche plus réaliste de l’avenir économique. Cette approche probabiliste est désormais utilisée par les autorités de l’État en offrant une nouvelle perspective pour la mise en place des politiques publiques, les aidant à mieux comprendre et anticiper les défis auxquels est confrontée l’économie française . En intégrant l’incertitude dans leurs analyses, ils sont mieux équipés pour recommander des politiques économiques cohérentes et durables, favorisant ainsi la croissance et l’amélioration des conditions de vie de la population française. Les services de l’État ont toujours une longueur d’avance sur les problématiques qui se posent aux élus locaux car ils utilisent la démarche prospective qui est un outil essentiel pour naviguer dans un environnement économique et social en mutation rapide. En anticipant les défis et en identifiant les opportunités, elle permet de guider les décisions stratégiques et de construire une vision réaliste des réformes à entreprendre à l’exemple de la réforme en cours de l’octroi de mer. L’octroi de mer est un dispositif fiscal spécifique aux départements d’outre-mer (DOM) . Il remonte à près de trois siècles, ayant été instauré dès le 17ème siècle pour assurer le financement des administrations coloniales. Alors reste à savoir pourquoi l’État décide seulement aujourd’hui de réformer ce dispositif fiscal qui est sensé protéger la production locale et assurer des ressources financières aux collectivités locales ? 

L’Elysée a régulièrement fait appel à des cabinets de conseil externes pour réaliser des études sur des sujets variés, allant de la transformation numérique à la politique industrielle. Ces contrats ont souvent été attribués à des cabinets renommés, connus pour leur expertise dans leurs domaines respectifs. Cependant, les montants facturés pour ces services ont suscité des critiques quant à leur pertinence et à leur coût.D’un côté, les partisans de cette pratique argumentent que les cabinets de conseil apportent une expertise spécialisée et des perspectives internationales qui peuvent compléter les compétences internes de l’administration française. Ils soulignent également que les enjeux auxquels la France est confrontée, tels que la transition numérique et la compétition mondiale, nécessitent une approche multidisciplinaire et des solutions innovantes. Il semblerait évident que l’octroi de mer ait fait l’objet d’une demande d’étude formulée par Bercy, alors pourquoi dire aux élus que le processus de réforme se fera en concertation avec eux, alors même que le dossier est déjà bouclé ? 

Mais plus intéressant à comprendre, c’est ce que sous-entend cette réforme, et de savoir pourquoi maintenant et dans quel but sachant pertinemment que le procès en vie chère s’avère à l’analyse fallacieux et de surcroît l’Europe étant un paravent bien commode dans cette affaire bien mystérieuse ?

S’agit-il d’un changement de paradigme imputable à la mutation technologique et économique ainsi qu’à un changement des institutions ?

En fait, nous n’aurons certainement pas de réponse à ces questions, car nos élus sont démunis face à l’État en raison de leur incapacité à se projeter dans les dossiers d’avenir de la Guadeloupe et à utiliser leur propre démarche prospective bien en amont des réformes du gouvernement. En effet la prospective permet d’identifier les tendances émergentes et les défis à venir dans l’économie et la société. En anticipant les changements à moyen et long terme, les décideurs peuvent élaborer des politiques et des stratégies adaptées pour faire face à ces défis et saisir les opportunités.

En conclusion, les élus et économistes de l’IEDOM sont confrontés à un environnement économique incertain et complexe dont ils ne saisissent pas les tenants et aboutissants. La prise en compte de cette incertitude dans leurs prévisions économiques devrait marquer un changement fondamental dans leur pratique professionnelle, les aidant à mieux anticiper les défis à venir et à recommander des politiques économiques plus adaptées. Cependant, cette évolution doit normalement commencer dès maintenant, et il est essentiel que les élus locaux continuent d’adapter leur pratique à cette nouvelle réalité complexe pour garantir un avenir économique plus stable et prospère pour la Guadeloupe. Une nouvelle approche de type prospective est possible avant qu’il ne soit trop tard !

Jean-Marie Nol économiste 

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