
Martinique. Université. Letchimy ouvre enfin le dialogue !
Fort de France Samedi 26 novembre 2022. CCN. Un premier pas a été fait jeudi dernier le président du conseil exécutif de la Martinique, Serge Letchimy ( PPM) a reçu le nouveau Président de l’université des Antilles, le Professeur Michel Geoffroy. 2 membres de son « ticket à trois » Laurent Manyri, vice-président du pôle Martinique, Célia Jean-Alexis vice-présidente du pôle Guadeloupe, et la vice-présidente du conseil d’administration, Laura Cassin ont participé à cette rencontre qui semble vouloir ouvrir de nouvelles perspectives. C’est à suivre…
Quelques esprits chagrins s’étonnent que depuis l’élection du nouveau président de l’université des Antilles le 14 février 2022, le président de la CTM n’ait toujours pas rencontré le Président de l’université des Antilles. On se souvient que Serge Letchimy était intervenu durant la campagne électorale, le 7 février 2022, afin de faire part de son vœu d’alternance de la présidence de l’université comme « principe moral » :
« Le moment est venu d’appliquer le principe d’alternance » expliquait-il, afin de favoriser l’élection du candidat martiniquais.
Après l’élection successive de trois présidents martiniquais (Georges Virassamy, Pascal Saffache et Corinne Mencé-Caster), cette intervention avait été plutôt mal perçue au sein de la communauté universitaire. Succédant à Eustase Janky, le Guadeloupéen Michel Geoffroy avait été élu par le conseil d’administration de l’université avec une très large majorité (21 voix) tandis que le candidat martiniquais recueillait 9 voix. https://caraibcreolenews.com/?p=3863
En recevant le Président Geoffroy et les vice-présidents élus de l’université, à l’hôtel de la CTM, Serge Letchimy prouve qu’il entend laisser derrière lui les querelles du passé.
Plusieurs sujets ont été évoqués en toute transparence et le Président de la CTM a rappelé l’importance pour lui d’un dialogue sincère, exempt des propos relayés par les « pollueurs ».
Tous deux ont acté la nécessité d’un canal de discussion sans intermédiaire entre les deux présidences.
Cet engagement nouveau du président Letchimy est salutaire quand on sait que les universitaires guadeloupéens ont eu à déplorer les troubles et turpitudes qu’a connu l’université et dont la majorité trouvait, à leurs yeux, ses origines en Martinique : scandale financier autour du laboratoire de recherche principalement situé en Martinique Ceregmia dont ils devaient payer les conséquences, rupture avec la Guyane sous la présidence martiniquaise de Mencé-Caster, rivalités entre l’ancienne vice-présidente du pôle Martinique et le président Janky, etc.
L’image de l’université des Antilles s’en était trouvée fortement dégradée et la valse médiatique des élus de Martinique n’avait rien arrangé. On se souvient de la passe d’armes entre la députée Josette Manin et les administrateurs du pôle Guadeloupe, qui refusaient que l’université soit évaluée par une parlementaire martiniquaise en l’absence d’un parlementaire guadeloupéen. https://caraibcreolenews.com/?p=2137

Le député Mathiasin avait alors été nommé membre de la mission d’évaluation de la loi sur l’université des Antilles, afin d’apaiser la situation.
Le président de la CTM a donc salué le retour de la sérénité sur les campus de Martinique et de Guadeloupe, après toutes les années de troubles et de crises qu’a connu l’université depuis le départ retentissant de la Guyane.
Au cours de cette discussion à bâtons rompus, les deux présidents ont pu déconstruire les idées reçues, les « a priori » véhiculés de part et d’autre et ont échangé sur l’importance d’un retour des jeunes Martiniquais au pays, auquel l’université des Antilles peut contribuer.
Le projet d’Erasmus Caraïbes que souhaite mettre en place le président de l’université des Antilles afin de favoriser la mobilité des étudiants de l’UA dans la Caraïbe a retenu toute l’attention du président de la CTM.
Les deux présidents ont également convenu de l’importance de créer un véritable campus de Fort-de-France. Pour l’instant ce dernier n’accueille que l’INSPE (ex-IUFM, école des maîtres ) dans des bâtiments vétustes. Il s’agirait dès lors de bâtir un nouveau campus à Fort-de-France et d’y implanter de nouvelles composantes comme l’IUT de Martinique mais aussi des résidences universitaires qui pourraient également accueillir les futurs étudiants ingénieurs de Martinique, positionnés au sein du lycée Schoelcher.

L’idée de la vice-présidente du conseil d’administration, Laura Cassin, de relancer le projet d’un institut de l’urbanisme sur le futur campus de Fort-de-France a immédiatement séduit et enthousiasmé l’Urbaniste, président de la CTM, qui a d’ailleurs indiqué disposer de personnes ressources dans le domaine.

Le vice-président du pôle Martinique, Laurent Manyri a également souhaité expliquer son choix de positionner une maison de vie étudiante sur le campus de Schoelcher afin de créer un lieu convivial d’interactivité, un espace de mise en place d’initiatives étudiantes, une structure où les étudiants pourront trouver des réponses aux questions sur leur orientation, leur santé, les activités culturelles et sportives qui leur sont proposées. C’est un concept qui fleurit partout, notamment sur le campus de Fouillole où la première pierre d’un bâtiment a été posée en 2021.
Si depuis des décennies, la Région Guadeloupe cultive un partenariat fort avec l’université, privilégiant le développement des campus de Guadeloupe (la croissance et le rayonnement du campus du Camp Jacob à Saint-Claude est d’ailleurs le modèle phare de cet engagement régional), les relations entre l’université et la CTM étaient quelque peu particulières ces dernières années. En témoignent les nombreuses prises de parole et de position médiatiques des élus. Le président Janky avait d’ailleurs dû adresser une réponse ferme à Louis Boutrin qui voulait « mettre sur la sellette » sa gouvernance.
https://caraibcreolenews.com/?p=2598
Le Président Letchimy entend renouveler la forme du dialogue entre les deux institutions et a affirmé la volonté de la CTM de contribuer à l’attractivité des campus de Schoelcher et de Fort-de-France notamment.
