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Guadeloupe.Respect des ancêtres,Le R.I .E pas le 27 mai

Guadeloupe.Respect des ancêtres,Le R.I .E pas le 27 mai

 

par Jean-Luc BARFLEUR

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Le 27 mai, la Guadeloupe célèbre l’abolition de l’esclavage, un moment fort de notre histoire. A travers des cérémonies variées, cette commémoration soulève des questions essentielles sur la mémoire, l’identité et la responsabilité collective. Parmi les nombreuses initiatives, le Relai Inte-rentreprises (RIE) interroge particulièrement sur son sens et sa portée.

Qu’est ce que le RIE ?

Nè en 1998, le RIE du 27 mai est une course pédestre par équipe qui commémore l’abolition de l’esclavage en Guadeloupe. Son objectif principal est de :
-Fédérer le personnel des entreprises autour d’une activité sportive et populaire.
-Proposer une manière originale et rassembleuse de commémorer cette date, favorisant la transmission de la mémoire à travers des actions symboliques.
Les valeurs portées par le RIE incluent la tolérance, le respect, l’honnêteté, l’honneur, le courage, l’esprit d’équipe, la coopération, l’intégrité, l’unité, la mémoire et nos traditions. Cependant, l’association de cette manifestation sportive à un événement aussi grave soulève des questions.

Une approche inappropriée

L’organisation d’un événement sous l’égide symbolique de l’entreprise semble inappropriée face à la solennité de la commémoration de l’abolition de l’esclave (crime contre l’humanité). Voici quelques points de réflexion :

Nature competitive : la dimension compétitive du RIE,avec des classements et des records engendre des rivalités entre équipes plus soucieuses de leurs performances que de l’esprit de solidarité et unitaire de tous que l’on devrait célébrer
Visibilité des entreprises : l’image mise en avant est celle des entreprises, renforçant leur notoriété au détriment des participants (salariés), qui deviennent des anonymes courant sous la bannière de leur employeur
Commercialisation de la mémoire : le RIE s’est transformé en une vaste opération commerciale, où des grandes marques sponsorisent la commémoration, réduisant ainsi la mémoire à un simple produit marchand.

Selon le philosophe Paul Ricoeur, la mémoire est essentiellement la construction de l’identité, tant individuelle que collective. La commémoration permet de maintenir vivants les souvenirs qui façonnent notre être et notre histoire. En célébrant l’abolition de l’esclavage, la communauté (entité totale) guadeloupéenne renforce son identité et son lien avec la passé.

La commémoration selon Heideger nous connecte à notre passé et nous aide à comprendre notre place dans le temps. En intégrant les événements passés dans notre expérience présente, nous construisons une continuité qui donne sens à notre existence.

La commémoration renforce le sentiment d’appartenance à une communauté. En célébrant des événements marquants, les membres de la communauté se rassemblent autour de récits partagés (résistance à loppression et à la domination), créant ainsi un lien fort qui unit la communauté guadeloupéenne.

De fait, la commémoration devient un acte de responsabilité envers les autres. Se souvenir des injustices passées est un moyen de s’engager à ne pas les répéter. La commémoration de l’abolition de l’esclavage est ainsi un acte éthique, un rappel de notre devoir de mémoire pour honorer ceux qui ont souffert et pour construire un avenir plus juste.

Un relais inter-entreprise ne peut en aucune manière, ni symboliquement, ni humainement, ni culturellement être le lieu de ces conditions indispensables à une commémoration. La commémoration ne peut être réduite à une simple manifestation sportive malgré l’habillage mémoriel associé.
La commémoration est une pratique philosophique qui interrogé notre rapport au temps, à l’identité, à l’éthique et à la communauté. Elle nous invite à réfléchir sur ce que nous choisissons de retenir et comment cela influence notre compréhension du monde et de nous mêmes. En célébrant l’abolition de l’esclavage, la Guadeloupe et les guadeloupeens ne se contentent pas de se souvenir ; elle engagé un dialogue entre le passé et le présent, unissant notre communauté dans une quête de justice et d’identité. Le RIE ne répond pas à cette exigence de profondeur et de respect.

Jean-Luc BARFLEUR

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