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Guadeloupe. Culture. Le Macte entre Renaissance et Résistance

Guadeloupe. Culture. Le Macte entre Renaissance et Résistance

Pointe à Pitre. Mardi 13 Mai 2025. CCN. Mai, le mois des mémoires est bien plus qu’un rituel commémoratif : c’est un temps pour méditer, transmettre et s’engager. Au cœur de ce mois symbolique, le Mémorial Acte joue un rôle central. À l’occasion de ce mois des mémoires et du 10e anniversaire de l’institution, sa nouvelle  Directrice Générale, Isabelle Vestris revient sur les enjeux actuels, les temps forts de la programmation, et sa vision pour faire du Mémorial Acte un espace vivant, ancré et résolument tourné vers l’avenir. Elle a répondu aux questions de CCN.

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Dix ans après :  un nouveau cycle pour le Macte

CCN : Le 10 Mai 2015 marquait l’inauguration du Mémorial ACTE. Une décennie plus tard, quel regard portez-vous sur l’évolution de cette institution ? 

Isabelle Vestris : Le Mémorial Acte, on sait tous que c’est une histoire mouvementée, avec des tempêtes traversées par l’institution. On s’en souvient tous.

Mais je crois que ces 10 ans sont le symbole d’un nouveau cycle pour le Mémorial Acte, pour le personnel, pour toutes les parties prenantes. Et on est fiers justement de démarrer ce nouveau cycle avec ce 10 Mai. La programmation de ce soir autour du temps des passeurs, Pitit a tig paka fèt san zong, c’est notre philosophie. Donc on continue le combat dans la dignité, pour la liberté.

Remettre l’humain au cœur de la mission

CCN : Depuis votre prise de fonction en Décembre 2024, quelle dynamique avez-vous impulsée ?

Isabelle Vestris : Je pense que ma priorité a toujours été d’associer les équipes, de vraiment recréer un esprit d’équipe. Alors, ce n’est pas forcément évident, parce qu’il y a eu beaucoup de gens cassés, beaucoup de choses cassées.

Et donc, il s’agit pour nous de réparer, de trouver des solutions, mais surtout de faire corps. Et on y arrive au fur et à mesure. Il y a toujours des blessures, mais c’est vraiment la priorité.

C’est vraiment le cheval de bataille. Et on le fait autour de projets, comme Pawòl Kann d’Antoine Nabajoth –21 Février au 15 Avril–, la première exposition qu’on a présentée en 2025, où les équipes se sont mobilisées. On n’aurait jamais pu imaginer redémarrer aussi vite. Monter une exposition en deux mois, ça relève du miracle. Et les équipes ont réalisé ce miracle. Donc, j’en suis très fière.

Je crois que c’est vraiment le symbole de cette renaissance dont on parlait tout à l’heure. C’est de revenir sur cette cohésion, de permettre à tout le monde de se retrouver dans ce projet.

Et ça a été très important pour moi de présenter le projet en premier lieu aux équipes, de leur permettre de se l’approprier, chacun dans leurs compétences et dans leurs missions. Et je pense qu’ils le font avec brio. Et ils ont compris le cap, dans quel sens nous souhaitons aller.

Plus qu’un musée, un lieu vivant

CCN : Le Macte est un haut lieu de mémoire. Comment portez-vous cette mission aujourd’hui dans une société encore marquée par l’héritage colonial ?

Isabelle Vestris : Eh bien, cette mémoire, elle est portée notamment par des événements comme aujourd’hui, puisque notre mémoire n’est pas seulement autour des objets, mais elle est surtout autour d’un patrimoine qui est vivant. On le voit, Lukuber Séjor est en train de gloriyé  ses ancêtres. C’est vraiment une façon pour nous de nous réapproprier les commémorations, de faire en sorte que ces commémorations nous ressemblent. Et l’autre volet de la réappropriation en tant que lieu mémoriel, c’est la réappropriation du Morne Mémoire. Et justement à l’occasion du mois des Mémoires, nous allons nous réapproprier ce Morne avec un travail artistique. 

Une programmation pour éveiller les consciences 

CCN : Quels sont les temps forts de la programmation du mois de Mai au Macte ?

Isabelle Vestris : Alors, on a une programmation très riche qui commence le 10 mai avec Le Temps des Passeurs et Pitit a tig paka fèt san zong.

On continue la semaine prochaine, le jeudi 15 Mai avec Opéra Limyè, qui est un syncrétisme du théâtre, de la poésie et de l’opéra autour justement de ces questions mémorielles. On enchaîne ensuite le dimanche 18 Mai avec une dimension plus caribéenne. On va fêter en partenariat avec le consulat d’Haïti la fête du drapeau haïtien, qui est une fête nationale en Haïti. Et ça va se passer au Macte avec la levée du drapeau, puisque le drapeau n’y était plus. Et des prestations artistiques, également une projection du film Haïti, la rançon de la dette, en présence de Michel Reinette. On enchaîne ensuite sur le samedi 24 Mai où on aura un hommage à Ignace, parce qu’on oublie souvent Ignace et ses combattants au profit de Delgrès. Mais Ignace est également là, il faut qu’on y pense.

En plus, pas très loin, on a ce pont de Baimbridge qui nous y fait penser. Et là, on va convier les étudiants du Campus Caribéen des Arts à réaliser une fresque in situ justement sur le mur de mémoire. On aura une création musicale et poétique, avec notamment Jonathan Jurion, Mano D’ishango, plein de jeunes talentueux qui vont s’exprimer autour de la musique en hommage à Ignace et à ses combattants.

On va terminer en apothéose le mardi 27 Mai avec une pièce de théâtre extraordinaire de Gilbert Laumord qui s’appelle Histoire de Nègre, opéra du tout monde et qui sera présentée pour la première fois en extérieur avec une appropriation de tous les espaces du Mémorial Acte. Ça va être fabuleux, ça va être vraiment impressionnant, je pense. On prépare ça avec beaucoup d’enthousiasme. Et il y aura Voukoum aussi. Et on va terminer ce mois des mémoires par un grand Léwòz. Et ce n’est pas fini, puisque nous inaugurons à la fin du mois une exposition de Sarah Maldoror, un cinéma tricontinental.

Ça sera une exposition, donc cinéma, très intéressante sur cette figure de Sarah Ducados qui est une pionnière du cinéma décolonial. Et donc on va terminer le mois sur la thématique du décolonial.

Vers un Macte rhizomique, populaire et international

CCN : Quelle est votre vision stratégique pour la saison 2025/2026 pour renforcer tant en Gwadloup qu’a l’échelle internationale le rôle du macte?

Isabelle Vestris : Alors, la saison 2025-2026, la vision stratégique, elle va être très longue à développer, puisqu’elle est très large. Elle porte sur de nombreux sujets, puisqu’on doit rouvrir notamment les espaces commerciaux du MACTE, le restaurant, la boutique. Donc là, ce sont des projets sur lesquels on travaille là, dès maintenant. Ça, c’est sur le plan de la Guadeloupe.

On aura également une dimension touristique autour du tourisme mémoriel.

On va vraiment développer cette dimension tourisme mémoriel avec des partenariats, notamment, avec d’autres pays de la Caraïbe, avec d’autres musées. On développe également des partenariats au niveau national, notamment avec le Louvre, avec le Centre Pompidou. On devient rhizomique.

C’est vraiment le sujet du projet d’orientation. De manière globale, l’idée, c’est de se réapproprier tous les espaces du MACTE, d’accueillir un maximum de publics guadeloupéens. C’est pour cela qu’on a une personne qui est en charge des réseaux et partenariats, et qui s’occupe d’aller voir toutes les associations de la Guadeloupe, parce que le MACTE a une responsabilité de pouvoir toucher des publics qui ne viennent pas forcément au musée, mais qu’on veut faire venir chez nous, qu’on veut faire découvrir nos espaces, nos animations, le musée, les expositions.

C’est vraiment ça, le fil conducteur : ouvrir le MACTE.

Propos recueillis par Sylvie V. Réveillé

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