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Guadeloupe. Religion.  Mgr Guiogou est-il sur la voie tracée par Chérubin Céleste ? 

Guadeloupe. Religion.  Mgr Guiogou est-il sur la voie tracée par Chérubin Céleste ? 

Pointe-à-Pitre.Lundi 02 juin 2025.CCN  : A l’église Saint-Pierre et Saint-Paul.C’est Historique Cette première célébration diocésaine en hommage aux victimes de l’esclavage en Guadeloupe. C’est à croire que Mgr Guiogou reprend le flambeau  de la  décolonisation spirituelle  qu’avait  allumé  dans les années 80/90 le Père Chérubin  Celeste. Le premier prêtre gwadloupéyen  à avoir engagé l’Eglise catholique dans une “Théologie  Gwadloup de la Libération”.

Les cathos de notre pays n’ont pas oublié, le Kreyol, le Gwo Ka à l’église  mais aussi  le soutien  sans condition aux mouvements sociaux qui ont été  mis œuvre par Celeste.  À travers la Guadeloupe, commémorations, conférences et toutes formes d’expressions confondues, se sont élevées pour honorer un passé qui lutte encore pour trouver sa place dans nos consciences. Dans un geste historique, l’Église catholique de Guadeloupe a franchi un seuil symbolique au sein de son  diocèse : une messe solennelle a été célébrée le 27 mai en l’honneur des victimes de l’esclavage, marquant ainsi un hommage profond et respectueux à leur mémoire. Cette démarche de Mgr Guiogou  interpelle .  Car  au moment où le Mouvement Patriotique Anticolonialiste Gwadloupéyen est dans une sorte d’impasse, il faut  s’interroger  sur l’absence d’une dimension spirituelle  dans le combat engagé contre le colonialisme français.

Reportage.

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Il est dix-huit heures lorsque, sur le parvis de l’Église Saint-Pierre et Saint-Paul de Pointe-à-Pitre, le groupe « Mon corps pour prier », dirigé par Jacqueline Cachemire Thôle, donne le ton de cette célébration inédite et voulu par l’évêque de Guadeloupe. En présence d’un parterre d’élus, de membres de la société civile et de croyants, une représentation silencieuse de cette sombre période se déroule devant nous, rappelant le vécu de nos aïeux. Entre le travail forcé et leurs rares moments de joie, toute cette histoire se déploie sous nos yeux. Alors s’élève un chant, Esklav yo té yé », accompagnant cette mise en scène et l’entrée en procession sous la direction du talentueux Jean-Michel Lesdel et de la chorale diocésaine.

L’évêque de Guadeloupe, Monseigneur Philippe Guiougou accueille l’assemblée en nous invitant à faire mémoire de ces hommes, femmes et enfants dont la dignité a été bafouée. Son message nous invite à l’espérance qui ne déçoit pas. 

La lecture du texte Lanmou Ba Yo invite l’assemblée à se souvenir : 

« Parce qu’ils ont vécu le martyre de l’esclavage ; Parce qu’on leur a refusé leur identité et leur dignité d’hommes et de femmes ; Parce qu’on les a construits dans la division et le mépris d’eux-mêmes ; Parce qu’ils sont morts souvent sans sépulture et sans rite; Parce-que leurs âmes sans considérations, errent sans repos ; Parce qu’ils sont tombés dans le gouffre de l’oubli : 

LANMOU BA YO 

Parce qu’au cœur de l’enfer esclavagiste, ils ont fait briller la flamme de la résistance et de la liberté ; Parce qu’ils ont inventé les rites et cadences de nos vies ; Parce que de leurs plaintes, ils ont fait nos mélodies ; Parce que tout simplement, ils ont su aimer ; Parce que nous leur devons l’existence : 

RÉSPÉ POU YO 

Désormais, nous arrières petits-fils, et filles d’esclaves nous réhabilitons leur mémoire ; Nous les inscrivons dans notre parenté. 

FÒS BAN NOU LANMOU BA YO, SE RÉSPÉ POU YO, Ė FÒS BAN NOU »

Puis vint le moment solennel d’honorer les aïeux des familles Paisley, Kalé, Métura… Symbole d’hommage à la mémoire des dizaines de millions de victimes qui ont enduré l’enfer de l’esclavage colonial. À travers la voix de leurs descendants, ces témoignages ont fait revivre ces âmes, leur ont rendu corps et esprit et leur ont restitué la dignité qui est la leur en tant qu’êtres humains.

S’en suivit la lecture du poème « Gran manman, Gran Papa », déclamé avec une profonde et respectueuse pudeur par le jeune Chaysen, suivie de l’offrande des lumignons, symboles de la lumière éternelle que nous invoquons par nos prières pour les âmes de nos ancêtres ayant enduré l’horreur de la mise en esclavage.

Au cœur de la liturgie de la parole, Monseigneur Philippe Guiougou rappelle qu’il faut se souvenir de tous ceux qui ont été victime et qui souffrent d’asservissement encore de nos jours et de privation de liberté. Il invite à redire tout notre amour pour nos ancêtres avec conviction car seule l’amour rassemble véritablement et transforme les vies. Il rappelle que « Dans la foi chrétienne, faire mémoire, ce n’est pas seulement se souvenir du passé,  c’est rendre présent un évènement qui transforme notre aujourd’hui ;  c’est une mémoire vivante, une présence actuelle d’une réalité spirituelle ». Faire mémoire des victimes de l’esclavage, c’est prendre conscience que notre société guadeloupéenne est profondément marquée par son histoire. Il rappelle que nos ancêtres ont souffert, mais aussi donné la vie, transmis l’amour et semé la foi. Le mal et l’esclavage ne viennent pas de Dieu. Dieu a aidé son peuple à résister pour s’en sortir. Il nous donne lecture de l’épître de Paul aux Galates : « que cette liberté ne soit prétexte pour votre égoïsme ; au contraire, mettez-vous, par amour, au service les uns des autres », en interpellant l’assemblée sur ce que nous faisons aujourd’hui de notre liberté tant combattue : est-elle au service du bien commun ou de nouveaux asservissements ? L’espérance doit nous aider à poursuivre le combat pour nous libérer. Lecture est aussi donnée d’un passage du message des évêques de Guadeloupe, Guyane et Martinique écrit en 1998 pour donner des perspectives d’avenir : « nous devons nous garder de tous replis sur nous-mêmes ; la liberté ne peut se développer que par notre engagement responsable dans tous les domaines ». Le pardon et la réconciliation sont des chemins essentiels pour l’avenir. Il nous faut sortir des culpabilités stériles et avancer dans la vérité, l’amour et la justice.

Faire mémoire, c’est aussi agir pour la dignité de chacun et rejeter l’asservissement d’autrui. L’évêque espère que cette célébration élève les âmes, touche les cœurs et ouvre la voie à une collaboration profonde entre tous les habitants de la Guadeloupe. Il encourage à nommer les choses sans crainte : fils et petits-fils d’esclaves, de colons, enfants de l’Inde, du Liban, de la France, et tous ceux qui vivent sur cette terre, « que tous soient un» (Jean 17,21), selon la devise de l’évêque pour cette terre. Que la Guadeloupe devienne un exemple de société plus fraternelle.

La liturgie de l’Eucharistie se poursuit par une procession solennelle des offrandes, menée par le groupe « Mon corps pour prier », qui présente des symboles poignants de cette époque de souffrance : la canne à sucre, emblème du labeur forcé enduré aux Antilles françaises durant l’esclavage ; les chaînes, symboles éloquents de la souffrance et de la privation de la liberté physique, de la liberté de pensée, de réflexion, d’expression des idées et de rêve d’un avenir meilleur ; le tambour et la conque de lambi, symboles de la résistance face à un système oppressif ; et la Bible, ta parole, autrefois souvent détournée par le système esclavagiste.

Conscient que le rôle de l’Église durant la période de l’esclavage soulève encore de nombreuses questions chez de nombreux chrétiens, l’évêque de Guadeloupe et notre diocèse s’attachent à tracer un chemin de guérison, de réconciliation et de concorde.

Ce temps nouveau dans le mois des mémoires vise à rassembler non seulement les fidèles, mais aussi toutes les personnes de bonne volonté : descendants des victimes de l’esclavage, acteurs de la société civile, représentants institutionnels, associations, et tous ceux qui souhaitent s’unir dans la prière et l’espérance. Il s’agit d’inscrire ce temps spirituel désormais dans le calendrier du mois de mai. 

Dans un esprit de recueillement, cette célébration eucharistique a été un geste fort et sacré, empreint de reconnaissance, de compassion et de miséricorde.

Enfin, la prière dédiée à nos aïeux, composée par un membre du Comité Marche 98 et offerte à l’assemblée dans le feuillet de cette messe, témoigne du chemin que nous sommes en train de parcourir.

Mes aïeux, pardonnez-moi de vous avoir oublié 

Pardonnez-moi d’avoir pris tant de temps 

Avant de vous honorer 

Avec le respect du descendant 

La fierté espérée du descendant 

Et la dignité attendue de l’ancêtre 

Je m’adresse à vous…. 

Car ma requête est d’importance 

Permettez-moi de transmettre ma prière. 

À mes sœurs et frères afin de respecter 

L’engagement que j’ai pris devant eux 

Et devant vous… mes aïeux 

Pardonnez et soutenez 

Ceux qui marchent dans l’ombre 

Et qui ne savent pas où puiser la force 

Après tant d’errance 

Donnez-nous la sagesse… pour qu’elle libère nos enfants 

Donnez-nous la tolérance… pour qu’elle rassemble les frères 

Donnez-nous l’abnégation… car nous ne recevrons rien 

Donnez-nous la prudence… car la route est piégée 

Donnez-nous la modestie… car notre peuple est lui-même modeste 

Et nous ne cherchons pas la grandeur… mais le respect ! 

Affûtez nos yeux, nos bras, et nos esprits 

Pour qu’ils nous servent sans défaillir… dans l’adversité.

1 réflexion sur “Guadeloupe. Religion.  Mgr Guiogou est-il sur la voie tracée par Chérubin Céleste ? ”

  1. Annick Vuillemin

    En union avec le peuple de Guadeloupe et toutes celles et ceux qui aujourd’hui subissent encore toutes formes d’esclavage. Nous ne pouvons oublier les familles et les enfants de Gaza.

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