
Haïti. la Perle des Caraïbes est en danger
Port au Prince. 28 mars. CCN. Haïti fut nommée par les colons espagnols « la terre de paradis », l’Hispaniola, la petite Espagne. Haïti fut nommée par les colons français « La perle des Antilles « , la plus riche des colonies qui rapportait à elle seule 1/8eme de la richesse de l’empire français. Haïti est le premier pays où les esclaves noirs se sont battus pour briser les chaînes de l’esclavage et créer le chemin de la liberté. Cela est devenu un exemple à suivre pour tous les autres peuples qui veulent se libérer de la domination des autres peuples. Comment comprendre que ce pays soit aujourd’hui le pays le plus pauvre de l’Amérique qui inspire la compassion pour certains, le mépris ou l’ironie pour d’autres ?
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Haïti est actuellement un pays en danger.
Elle traverse une crise généralisée qui tend à devenir permanente. Tous les indicateurs sont au rouge. Au point de vue économique, le peuple est engouffre dans la pauvreté extrême. Plus de 50% de la population vit en dessous du seuil de la pauvreté, dans la misère. Et comme on le dit souvent : la misère engendre la violence.
Au point de vue politique, le pays n’est pas gouverné depuis plus de trois ans. Aucun représentant des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire n’est légitime. Et les institutions qui découlent de ces trois pouvoirs d’Etat sont soit en arrêt, soit dysfonctionnelles.
Au point de vue social, c’est l’insécurité généralisée : la vie chère et l’inflation battent le plein, une grande partie de la population vit dans l’insécurité alimentaire, avec des poches de famine. Au milieu de cela surgit le phénomène des gangs, surtout dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, dans le département de l’Ouest.
Il convient de rappeler que Haïti a 9 autres départements géographiques qui ne sont pas encore contaminés par les gangs, sauf dans le département de l’Artibonite où il y a un groupe de gangs dans la zone de Petite Rivière. Il convient aussi de rappeler que les gangs sont une nouvelle étape du banditisme en Haïti, particulièrement dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince où tous les pouvoirs sont concentrés.

Conséquences de cela: le peuple haïtien, livré à lui-même, sans encadrement économique et politique, est aux abois. Ceux qui peuvent, abandonnent le pays pour s’émigrer à l’étranger, à la recherche d’une vie meilleure. Ceux qui sont à Port-au-Prince et qui le peuvent se refugient dans les provinces des 9 autres départements. Les autres sont restés comme les otages des gangs, sauf ceux qui habitent dans certains quartiers résidentiels de Petionville comme la Boule, Fermathe, Belleville. Là encore, tout le monde a peur et se sent menacé par les gangs. Hier vendredi, c’était le tour de l’ambassade des Usa qui était encerclé par les gangs.
Haïti est en guerre contre elle-même ; ses propres enfants sont en train de la détruire, devant les yeux impuissants ou hypocrites des pays puissants qui se disent ses amis, qui l’assistent dans sa descente aux enfers, sous couvert de la Communauté internationale.

Quelles sont les causes de cette situation ? Qui sont les responsables?
Les responsabilités sont partagées par les acteurs intérieurs et extérieurs d’Haïti.
D’un côté, Il y a le désaccord entre les politiques pour organiser le pays. De 1804 à nos jours, nous assistons à des crises politiques rebondissantes qui empêchent le développement du pays. A cela s’ajoute l’égoïsme des acteurs économiques qui préfèrent le désordre que l’ordre, que le pays soit désorganisé au lieu d’avoir le contrôle d’un État responsable.
D’un autre côté, il y a la responsabilité des acteurs de l’extérieur.
La dette de l’indépendance et ses conséquences, imposée par la France sur le peuple haïtien est une des causes de sa situation actuelle. Cette dette de 150 millions francs or, qui équivaudrait aujourd’hui, avec ses intérêts et conséquences, à 115 milliards de dollars et qui a été payée pendant 123 ans , cette dette a été un des obstacles majeurs du développement d’Haïti. A cela s’ajoute l’Occupation américaine de 1915 à 1934, qui a laissé Haïti dans un état servile. Enfin, la présence sans contrôle des ONG et l’aide détournée de la Communauté internationale n’aident pas au développement d’Haïti qui s’engouffre de plus en plus dans la misère et la violence.
Quelles perspectives d’avenir pour Haïti ?
Haïti a encore des ressources pour envisager son développement : ses ressources humaines, culturelles et naturelles: sol, sous-sol, maritime et touristique. Haïti a encore tous les ingrédients pour la transformer en une merveille dans la Caraïbe.
Il manque la volonté politique des dirigeants haïtiens pour encadrer le peuple, et la coopération sincère des pays qui se disent « amis d’Haïti « .
Le peuple haïtien est un peuple qui souffre, qui lutte, qui résiste et qui espère. Le génie du peuple haïtien n’a pas encore dit son dernier mot. L’avenir du peuple haïtien est devant lui.
Louis Auguste Joint
